Interview

Millionaire revient au Botanique après 12 ans d'hibernation

Tom Zonderman
© BRUZZ
30/05/2017

Tim Vanhamel s’est rendu deux mois au Costa Rica, y a enregistré quinze morceaux et a sorti Millionaire de douze ans d’hibernation. Sur Sciencing, l’Anversois du Limbourg laisse s’exprimer le savant qui sommeille en lui.

Teresa
« D’un coup, je me suis retrouvé dans une ‘machine à laver’, et là j’ai pensé : laisse tomber le surf. C’est peut-être bon pour le mythe mais c’est bien trop dangereux. Après tout, j’étais venu au Costa Rica pour enregistrer un nouvel album, je me devais donc d’épargner mes membres. En soixante jours, j’ai enregistré quinze chansons à Santa Teresa, un petit village poussiéreux du Pacifique. »

« C’est grâce à Jeff Claeys, l’ex-bassiste exilé d’Admiral Freebee qui y avait construit un studio et m’avait demandé de venir le tester. Je suis parti sur-le-champ, sans rien dire à personne. À mi-chemin, je me suis dit : c’est un nouveau disque de Millionaire qui est en train de voir le jour. Après l’enregistrement, j’ai appelé ma copine, j’étais heureux. Pas le genre d’extase à sauter au plafond, mais une excitation tranquille ». (Rires)

Gnawa
« Pendant un an, je n’ai pas touché à une guitare, j’en avais assez du business de la musique. Au moindre accord en ré que je jouais, je m’imaginais déjà toutes les interviews que j’allais devoir donner. J'étais dans mon fauteuil et, tout à coup, j’ai repris ma guitare. Je jouais tout le temps deux notes, j’avais voyagé au Maroc et c’était une période où j’écoutais beaucoup de musique gnawa. De la musique qui jaillit sur le moment, sans réelle structure. »

« Salvador Dalí expérimentait avec ce qu’il appelait la métaphase, un état entre la veille et le sommeil. C’est à ce moment qu’il se trouvait le plus créatif et peignait à foison. Lorsque votre pensée est hors de combat, votre inconscient prend la relève. Prenez John Coltrane, il s'abandonnait totalement lorsqu'il jouait. »

Cobra
« Pendant la période où je ne jouais plus de musique, j’ai beaucoup voyagé. Souvent seul, ce que je conseille à chacun, d’ailleurs. J’ai passé du temps en Inde. Le mysticisme et les sciences occultes m’intriguent tout comme la spiritualité et les cultures orientales. De là, aussi, le sample d’Alan Watts dans Under a bamboo moon, un philosophe et scientifique britannique qui a beaucoup écrit sur le bouddhisme. »

« Sur la pochette de Sciencing, réalisée par Jef Cuypers, on observe une demi-tête de Bouddha et un serpent à lunettes. C’est un peu le yin et le yang, Bouddha symbolise la bonté mais a l’air un peu démoniaque aussi. Le dessin sur le dos du cobra semble vous sourire, mais c’est aussi l’un des serpents les plus venimeux au monde. Cet équilibre entre vérité et mensonge est un reflet intrigant de la vie ».

Papa
« En 2012, mon père est décédé après une interminable maladie. Des mois à l’hôpital, ce fut un processus douloureux. Après, je suis resté couché dans mon fauteuil – appelez ça ma période horizontale. C’est grâce à mon père que je joue de la musique. Il était un musicien amateur pur-sang, très passionné. Surtout de jazz, mais aussi de blues et de folk. »

« Enfant, je suivais des cours de musique, je voulais jouer du saxophone mais la liste d’attente était si longue que je n’y suis jamais parvenu. À la maison, il y avait toujours des instruments qui traînaient, comme une vieille guitare détraquée aux cordes rouillées. À l’âge de douze ans, je l’ai prise en mains. Au début, ça ne marchait pas mais ensuite j’ai appris les accords de Wild Thing et c’était parti. »

1572 Millionaire-Scienceing
Sciencing
« Littéralement, ça signifie ‘le fait de faire de la science’, » explique Tim Vanhamel à propos du titre de son troisième album signé Millionaire. « Je suis un savant, je préfère partir à la recherche de la vérité par moi-même, je ne veux pas me laisser absorber par tout ce que je vois et tout ce que j’entends. En même temps, c’est aussi un clin d’œil à une sorte de jeu du docteur. Hey baby let’s do some sciencing. » (Rires)

Les résultats de cette ‘recherche’ menée ces dernières années, se déversent en un flux de conscience intitulé I’m not what you think you are, un morceau sur l’air du temps et la tendance à constamment juger l’autre. Des chansons psychédéliques où les guitares sont moins bruyantes que celles du Millionaire de 2005, au temps où Josh Homme de Queens of the Stone Age produisait leurs morceaux. Des chansons hautes en couleur qui osent mettre un coup de frein au profit de l’introspection.

« J’avais déjà donné dans le super hard avec Paradisiac, je n’avais pas besoin de remettre ça. Ce qui ne veut pas dire que Millionaire n’a pas fait preuve de tendresse dans le passé, pensez à Ballad of pure thought ou Me crazy, you sane. Les gens changent, je ne dois pas forcément crier plus fort. Ce qui ne veut pas dire que je me suis assagi avec l’âge. Le feu ne s’est pas éteint, c’est juste qu’il s’exprime autrement. »

Entre les solos hendrixiens et le funk cosmique, il y a aussi de la place pour L’homme sans corps, une balade qui rappelle Gainsbourg et Françoise Hardy. « Ce titre m’est apparu soudainement, une image cinématographique qui a déclenché le reste. C’est comme ça que je fonctionne. Dans une graine, se trouve un arbre entier. J’apprécie l’art spontané, le genre d’art qui coule à flots et que vous ne pouvez pas contrôler ».

> Millionaire. 07/06, 19.30, Botanique, Saint-Josse-ten-Noode

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