Exi(s)t: l'exposition de photographie à ciel ouvert à ne pas manquer cet été

Sophie Soukias
© BRUZZ
03/07/2020

L’idée est tout simplement brillante. Alors que le confinement s’accompagnait d’une désertion massive des panneaux d’affichage bruxellois, la créatrice d’affiches de spectacle Lise Bruyneel convoquait la scène de la photographie contemporaine belge pour mettre sur pied EXI(S)T, une immense exposition à ciel ouvert. À savourer tout au long des vacances d’été.

1715 EXI(S)T PIERRE VASIC STEFAN VANTHUYNE JOSEPH CHARROY 1050

« La ville, complètement vide, donnait un aspect déprimant aux panneaux d’affichage faisant la promotion d’événements périmés ou qui n’auraient jamais lieu », se souvient Lise Bruyneel. Spécialisée dans la conception d’affiches de spectacles d’opéra et de théâtre, la freelance en communication visuelle à la carrière internationale se donnait pour mission au mois de mai d’insuffler un peu de vie à sa ville confinée en réanimant ses panneaux publicitaires.

Habituée à travailler en étroite collaboration avec, entre autres, la scène de la photographie contemporaine belge, la Saint-Gilloise imagine un concept inédit d’exposition pour accompagner le retour des Bruxellois dans la rue. « Le déconfinement était le moment où les gens allaient se réapproprier la ville et la regarder autrement parce que ça faisait longtemps qu’ils ne l’avaient pas vue », dit Bruyneel. « Alors que tout le monde était resté scotché devant son écran. Je voulais faire quelque chose qui ne soit pas digital. »

L’expérience est beaucoup plus imprévisible que dans une galerie ou un musée.

Lise Bruyneel

Sollicité par Lise Bruyneel, Paul Vankaster, le directeur de l’agence d’affichage culturel Artepub, s’enthousiasme pour l’initiative et répond instantanément par « un soutien inespéré », soit la mise à disposition gratuite de 1 000 panneaux proxys (accrochage mural) et range-cyclos (format plus ambitieux à proximité de points d’attache de vélo) ainsi que la main-d’œuvre nécessaire pour assurer la logistique.

Besoin de s’échapper
En résulte un parcours photographique en plein air (une carte digitale est à disposition sur le site d’Exi(s)t) regroupant 100 œuvres de 52 photographes belges réparties sur 1 000 affiches dispersées dans tous les quartiers de la capitale.

Des favoris de la discipline tels que Max Pinckers, Cédric Gerbehaye, Lara Gasparotto, Sébastien Van Malleghem, David Uzochukwu, Vincen Beeckman ou encore Marie Sordat, aux artistes « hors radar », en passant par la scène émergeante, Lise Bruyneel a orienté son choix vers « les photographes capables de transfigurer le réel » - « Je voulais donner une visibilité à ces artistes que j'admire et qui souffrent tellement de cette crise. »

Quant au choix des images, il reflète avec plus ou moins d’intensité la période trouble et inédite que fut la mise sous quarantaine. « On a voulu, par exemple, prendre le contre-pied du misérabilisme ambiant lorsqu’il s’agit de représenter les personnes âgées. On retrouve aussi pas mal d’images évoquant la distanciation physique ou le besoin de s’échapper. »

1715 EXI(S)T  JEAN-FRANCOIS FLAMEY MARIE SORDAT 1050

Encadrée par un même fond blanc (les coûts d’impression auront été couverts grâce à des dons privés), chaque image revendique son appartenance à Exi(s)t tout en s’intégrant parfaitement au décor urbain où elle a pris ses quartiers, entre les façades de bistrots, les murs graffés et l’agitation de la capitale. Ainsi la ville s’invite dans chaque photographie pour en devenir un élément à part entière. De même que les intempéries ou un soleil brûlant achèvent de faire de chaque affiche une œuvre en constante transformation.

Un dialogue incroyable
« L’expérience est beaucoup plus imprévisible que dans une galerie ou un musée. Les affiches sont parfois dissimulées dans des rues cachées, la surprise est toujours au rendez-vous. Le dialogue avec la ville est incroyable », dit la curatrice qui se réjouit également de l’aspect démocratique d’un tel concept. «  Moi qui ai l’habitude de travailler dans une niche, ici on s’adresse à tout le monde, y compris les gens qui n’ont pas l’habitude de se rendre à des expositions. »

Véritable musée à ciel ouvert, Exi(s)t se fait temporairement la vitrine tant attendue de la scène bouillonnante de la photographie belge et bruxelloise, trop peu visible dans la capitale dépourvue de Musée de la photographie. « La photographie contemporaine est présente dans les institutions bruxelloises mais ça n’est pas du tout à l’échelle de ce qui se passe », déplore Lise Bruyneel. « L’aspect muséal et institutionnel n’est pas aussi vivant que la scène. »

L’exposition Exi(s)t continuera de faire vibrer la capitale jusqu’à ce que la vie culturelle bruxelloise reprenne ses droits et que les institutions artistiques relancent leurs campagnes d’affichage. « C’est une métamorphose qui se fera progressivement à partir de la mi-août. » Pas de temps à perdre, donc.

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