La chambre des secrets

Estelle Spoto
© Agenda Magazine
05/01/2012

Pas de cimaises immaculées ou d’accrochage épuré pour cette exposition qui réunit une vingtaine d’artistes belges ou travaillant en Belgique, mais une présentation baroque et intime d’où se dégage une atmosphère magique et mystérieuse. Une manière d’offrir au public un tout autre regard sur l’art contemporain.

C’est pendant la Renaissance que sont apparus les premiers « Cabinets de curiosités », que l’on considère comme les ancêtres de nos musées, aussi bien d’art que de sciences naturelles. Les collectionneurs privés y présentaient, dans une accumulation hétéroclite, vestiges antiques, reliques, squelettes, pierres aux vertus magiques, animaux exotiques empaillés et raretés diverses. Antonio Nardone, commissaire de cette exposition, recrée ici une cabinet de ce genre, véritable « chambre des merveilles » contemporaine, en réunissant les créations de 21 artistes, connus (Jan Fabre, Jean-Luc Moerman, Wim Delvoye...) et moins connus, qui partagent un certain goût pour l’étrange et le monstrueux.

Saut dans le temps
On parcourt d’abord un couloir où se succèdent les fascinantes photographies en noir et blanc de Roberto Kusterle avant d’arriver dans le cabinet proprement dit. Murs gris, armoire de bois sculpté et lustres en verre de Murano encadrent les œuvres éparpillées dans un désordre apparent, au sol, sur les parois et dans des vitrines. À l’entrée, une armure médiévale aux reflets violacés porte les graphismes entremêlés caractéristiques de Jean-Luc Moerman. Au fond, un vitrail de Wim Delvoye où se côtoient deux corps radiographiés diffuse une lumière tamisée. L’ambiance ainsi créée contraste diablement avec la blancheur aseptisée des expositions contemporaines traditionnelles. D’autant plus que, loin d’un silence religieux, l’exposition dispose de sa propre bande sonore, réalisée par l’ASBL RED et où alternent - entre autres - Benjamin Britten, Depeche Mode, Coldcut et le quatuor islandais Amiina.

Naturalia et artificialia
Une grande partie des objets rassemblés présente un lien avec le monde animal. Les élythres des scarabées chers à Jan Fabre s’enchâssent pour former un crâne humain qui croque un oiseau, les papillons du Bruxellois Pascal Bernier portent sur leurs ailes les cocardes d’armées de l’air allemandes ou américaines, des dinosaures « Goldzilla » s’éclatent en doré dans les montages du jeune Eric Croes, qui dispose par ailleurs de sa propre expo dans la galerie du Botanique, les ours et les sangliers en plastique de William Sweetlove (Cracking Art Group) pataugent parmi les herbes et les coquillages... Aux côtés de ces œuvres liées à la nature, on trouve en guise d’artificialia (objets artificiels, par opposition aux naturalia, objets naturels) les portraits envoûtants d’Yves Dethier & Olivia Droeshaut, les sculptures abstraites et biscornues de Michel Mouffe et les statuettes de saints mutants de Vincent Solheid. Tous secouent l’imaginaire et invitent aux interprétations les plus folles, brisant ainsi les barrières qui se dressent d’habitude entre l’art contemporain et le grand public.

Wunderkammer
> 29/1, wo/me/We > zo/di/Su 12 > 20.00, €2/3/4/5
Botanique Koningsstraat 236 rue Royale, Sint-Joost-ten-Node/Saint-Josse-ten-Noode,
02-218.37.32, info@botanique.be, www.botanique.be

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