Une nouvelle revue belge de photographie: entre trous noirs et sunlights exotiques

Sophie Soukias
© BRUZZ
17/03/2021

Imaginée par les deux artistes derrière les éditions bruxelloises Le Mulet, la nouvelle revue Tropical Stoemp réunit des photographes d'ici et d'ailleurs pour composer ensemble la bande-son de leurs émotions. Quelque part entre les trous noirs et les sunlights exotiques.

1745 Stoemp Tropical 01

copyright: Stéphane Charpentier

"In my eyes / Indisposed / In disguises no one knows / Hides the face / Lies the snake / And the sun in my disgrace", entonnait le groupe de métal alternatif américain Soundgarden sur leur titre mythique 'Black Hole Sun'. C'était en 1994. Ce concentré en haute teneur psychédélique, flirtant dangereusement avec le bad trip, la nouvelle revue participative belge de photographie Tropical Stoemp en a fait la bande-son de sa première édition.

"Le morceau tournait en boucle sur MTV dans les années nonante", se souvient le photographe et graphiste Simon Vansteenwinckel, co-concepteur et co-éditeur du magazine avec l'artiste visuel Mathieu Van Assche. "Le titre de la chanson évoque à lui seul un tas d'images. On aimait bien le contraste entre la lumière et le trou noir."

1745 Tropical Stoemp

En résulte un mishmash de 80 images en noir et blanc (surtout) et en couleur, réparties entre 18 photographes belges et internationaux, sur 60 pages. Les images – dont le nom de l'auteur.ice n'est pas mentionné, si ce n'est à la fin de la revue dans un colophon – sont mises au service d'un seul et même récit halluciné où s'entrechoquent peaux et visages irradiés, bêtes sauvages, éclipses solaires, fantômes et revenants.

"C'est une photographie qui tremble, pour reprendre les mots que Marie Sordat utilisait pour qualifier son exposition au Botanique en 2018 Eyes Wild Open (rassemblant plusieurs générations de photographes à fleur de peau, NDLR)", dit Simon Vansteenwinckel. La curatrice et photographe bruxelloise n'a d'ailleurs pas manqué d'apporter sa contribution au lancement de la nouvelle revue participative – "entre magazine et fanzine" – en signant trois images.

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copyright: Lionel Jusseret et Jean- Marc Chapa,

Les concepteurs et éditeurs du projet proposent également un échantillon de leur propre travail – "On a été un peu pistonnés (rires)".
"Pour le premier numéro, on a fait appel aux photographes qu'on affectionne (Jean-Marc Chapa, Lionel Jusseret, Pauline Caplet, etc., NDLR) et qui partagent cette même photographie émotive et cette façon de traduire le monde de manière très personnelle. C'est le genre d'images qui n'ont pas besoin d'être accompagnées d'un texte ou d'un concept et qui provoquent une émotion instantanée", dit Vansteenwinckel.

OUVERT À TOUT LE MONDE
Pour les prochaines éditions de Tropical Stoemp, l'appel s'élargit puisqu'il s'adresse à toute personne désireuse de partager ses photographies - "Des images inédites. Pas de photographie numérique, mais l'exception confirme la règle."

On n’a pas la prétention d’être représentatifs de la photographie belge. L’idée, c’est de faire un bel objet qui soit cohérent et abordable tout en s’amusant

Simon Vansteenwinckel

"C'est ouvert à tout le monde", poursuit Vansteenwinckel. "Il y a tellement de photographes qui ont du talent et dont l'excellent travail n'est pas montré. Ce qui compte, ça n'est pas le CV de la personne qui nous envoie ses photos mais la manière dont les images proposées rencontrent ou non le titre du numéro et la chanson auquel il est emprunté."

Pour le numéro 2 de la revue annuelle, prévu pour la fin de l'année 2021, Simon Vansteenwinckel et Mathieu Van Assche ont choisi de laisser s'exprimer la part exotique de leur Tropical Stoemp en appelant les participants à s'inspirer du tube des années quatre-vingt de Gilbert Montagné, l'indétrônable 'Les Sunlights des tropiques'. "On voulait quelque chose de plus lumineux que l'univers proposé dans la première édition. On aimait aussi le côté kitch et humoristique de la chanson."

1745 Tropical Stoemp

PETIT CADEAU PHOTOGRAPHIQUE
"On n'a pas la prétention d'être représentatifs de la photographie belge", dit Vansteenwinckel. "L'idée, c'est de faire un bel objet qui soit cohérent et abordable (le prix de la revue s'élève à 13 euros, NDLR) tout en s'amusant. On voit Tropical Stoemp comme un petit cadeau photographique."

Paru en décembre 2020, le magazine est disponible dans toutes les librairies spécialisées de Bruxelles et bientôt de France, de Suisse et du Luxembourg. "On se revendique comme une revue belge via le 'stoemp' mais le qualificatif 'tropical' fait transparaître nos ambitions en dehors du territoire. En Belgique, on n'attend pas l'aide de la Ministre de la culture pour lancer une revue internationale ou une expo, on le fait tout simplement. C'est en ça aussi que Tropical Stoemp est un pur produit de chez nous."

TROPICAL STOEMP 01
Ed. Le Mulet, 60p., 13€, www.lemulet.com

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