Sophie Soukias lira Lemaître, Carrère et Kästner

Sophie Soukias
01/08/2016

L’été est le moment idéal pour s’attaquer à cette pile de livres qui envahit votre table de chevet. Cinq rédacteurs de chez BRUZZ vous racontent quelles histoires ils emmènent en vacances et pourquoi. Sophie Soukias est rédactrice pour le magazine. Elle écrit sur la vie culturelle bruxelloise, avec pour domaines de prédilection: le cinéma et la photographie. Cet été, elle lit le nouveau polar de Pierre Lemaître, le dernier livre d’Emmanuel Carrère et un roman miraculé d’Erich Kästner, datant de 1931.

Erich Kästner : Vers l’abîme
1933 à Berlin. L’écrivain Erich Kästner assiste à l’autodafé de ses propres œuvres. Il est le seul parmi les auteurs allemands considérés comme « dégénérés » par le nouveau gouvernement nazi, à s’être déplacé pour voir le feu de ses propres yeux. Lors de sa parution en 1931, son roman Vers l’abîme est jugé immoral et démonté par la critique, et ce malgré la censure opérée au préalable par l’éditeur. Ce livre miraculé est paru dans son intégralité en français au début de cette année et autant vous dire que je me suis précipitée chez mon libraire. À travers les yeux du protagoniste Jacob Fabian, Kästner dresse un portrait impitoyable et terriblement lucide de la société allemande de l’entre-deux-guerres… qui avance droit vers l’abîme.
Ed. Anne Carrière, traduit de l’allemand par Corinna Gepner, 2016, 280p.

Pierre Lemaître : Trois jours et une vie
Après avoir été récompensé du prix Goncourt en 2013 pour son roman Au revoir là-haut racontant la vengeance sur la société d’une gueule cassée et d’un traumatisé au sortir de la Première Guerre mondiale, Pierre Lemaître renoue avec le polar. L’auteur est un fin psychologue (de formation !) et c’est ce que j’aime chez lui. Le pitch – très noir - de son nouveau roman a tout de suite éveillé mon intérêt : un enfant tue un autre enfant mais passe à travers les mailles du filet. Si dans le village de Beauval, l’identité du jeune meurtrier reste inconnue, le lecteur, lui, est parfaitement au courant des faits. Les voilà liés par un insoutenable secret.
Albin Michel, 2016, 288p.

Emmanuel Carrère : Il est avantageux d’avoir où aller
Comme moi, vous avez sans doute découvert Emmanuel Carrère en lisant son excellent roman Limonov (prix Renaudot 2011) retraçant la vie du poète et écrivain russe sulfureux Edouard Limonov. Et depuis vous ne vous êtes plus arrêté : vous avez lu ses bouquins de manière chronologique, grappillant à chaque occasion les révélations autobiographiques de l’auteur ; si bien que vous êtes persuadé de savoir qui est Emmanuel Carrère. Eh bien détrompez-vous, il manque une pièce à votre puzzle : son dernier opus. Il est avantageux d’avoir où aller, qui réunit ses articles écrits dans la presse ces 25 dernières années, explore encore plus profondément les obsessions de l’auteur. Et comme d’habitude : ses doutes, ses échecs, ses réussites, ses joies, ses peines, etc.
Les éditions P.O.L, 2016, 560p.

Lieu de lecture favori à Bruxelles : En été, il est toujours plus agréable de lire au bord de l’eau. Quand j’en ai la possibilité, je marche jusqu’au lac du Bois de la Cambre et je m’installe à l’ombre d’un arbre. Si le temps me manque, un banc des étangs d’Ixelles fait très bien l’affaire.

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