Interview

La joie furieuse du PICTURE! Festival

Kurt Snoekx
© BRUZZ
30/10/2019

| Kitty Crowther : Farwest

Accrochez-vous ! La première édition du tout nouveau PICTURE ! Festival promet de vous en mettre plein les mirettes et de vous refiler une sacrée addiction. Nous sommes allés chercher notre dose auprès de cinq créatrices d’images indélébiles : Gerda Dendooven et Kitty Crowther, deux des plus grandes actrices du monde de l’illustration, et les trois jeunes forces Fanny Dreyer, Sarah Cheveau et Fien Jorissen.

Les Ateliers du Toner. L’un des centres névralgiques de la scène de l’auto et de la micro-édition à Bruxelles. Depuis fin 2018, l’intérieur majestueux de cette maison de maître d’Ixelles a été respectueusement mis sens dessus dessous par un bataillon de collectifs d’artistes qui ont rassemblé tout leur matériel pour créer un espace vivant et vibrant où partager, apprendre et créer. Ici, on imprime des images en riso, laser ou presse manuelle, on relie des livres et on échange les énergies et les expériences.

Dans l’espace où sont exposés les fruits de ces projets créatifs et humains, nous voici attablés avec cinq actrices du monde de l’illustration. Deux des plus grandes de notre pays : Gerda Dendooven et Kitty Crowther. Et trois jeunes forces de la nature qui enrichissent la scène traditionnelle avec des idées personnelles, une énergie collective et des images rafraîchissantes : Fanny Dreyer, Sarah Cheveau et Fien Jorissen.

Cinq femmes parce que... oui, pourquoi ? Expliquez-moi ça. Expliquez-nous pourquoi l’on constate que ces dernières années, l’énergie féminine a été le moteur de la scène de l’illustration à Bruxelles. Que cela se produit tout naturellement. Avec une grande ouverture, un souci du détail et une chaleur accueillante. Dans l’enthousiasme aussi, avec beaucoup de joie et sans ego. Avec l’accent mis sur le partage et sur l’autre, qu’il soit petit ou grand.

(Hésitant) C’est pour tout ça ?
Kitty Crowther : Il y a aussi des hommes qui se regroupent. Peut-être que les femmes préfèrent travailler ensemble ? Je fais partie de ce milieu depuis 25 ans maintenant et je remarque que la nouvelle génération aime surtout tester des choses, et ne veut pas seulement être illustrateur/trice pour les enfants, dans le sens classique gentil et sage.
Gerda Dendooven : J’enseigne à la LUCA School of Arts de Gand, et je vois qu’il y a beaucoup plus de filles. Sur un groupe de quinze, il y a seulement trois garçons.
Fien Jorissen : Mais c’est différent dans la BD.

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| De gauche à droite, et de haut en bas: le merveilleux quintette Kitty Crowther, Gerda Dendooven, Fien Jorissen, Fanny Dreyer et Sarah Cheveau dans Les Ateliers du Toner

Est-ce vraiment le cas ? J’ai entendu dire qu’il y avait aussi de plus en plus de filles parmi les élèves en BD à Bruxelles.
Crowther : Oui, mais ça date des cinq dernières années. Avant cela, il était difficile pour les filles de trouver une voix. Bien sûr, nous avons quelqu’un comme Dominique Goblet, mais il fallait savoir se faire entendre à l’époque.
Fanny Dreyer : Le fait qu’il y ait cette différence – entre les filles qui font plutôt de l’illustration et les garçons, de la bande dessinée – est aussi dû au fait que c’est une idée très ancienne, liée à la culture et à la façon dont les filles sont éduquées. Je pense que c’est pour cela que j’ai choisi inconsciemment mais très naturellement l’illustration pour enfants. Au début, je me sentais plus légitime là-dedans. C’était un terrain plus familier. Bien que j’aie envie maintenant d’explorer d’autres choses aussi.
Sarah Cheveau : Je trouve un espace de liberté dans l’illustration pour enfants qui est plus important et plus grand qu’ailleurs. Un espace où l’on peut vraiment trouver son propre chemin. J’ai aussi l’impression que les filles se préoccupent peut-être davantage aujourd’hui d’établir des liens, entre les générations et les gens. Nous faisons par exemple beaucoup de choses en groupe, avec Cuistax. Cette sororité est peut-être un trait féminin aujourd’hui ? Carole (Saturno, directrice artistique du PICTURE ! Festival, NDLR) est aussi une personne qui rassemble les gens et crée des liens.
Dendooven : Et Grafixx (le festival des arts graphiques à Anvers, NDLR) est organisé par Ephameron, également une femme. Mais il faut faire attention quand on catalogue comme ça.
Crowther : Tout à fait. Ce qui importe pour moi, c’est la joie furieuse de la scène de l’illustration et de ce genre d’initiative. C’est exaltant.

Fanny Dreyer : La Poya

Fanny Dreyer : La Poya

Nous faisons beaucoup de choses en groupe, avec Cuistax. Cette sororité est peut-être un trait féminin aujourd’hui ?

Sarah Cheveau

DES LIVRES QUI NE MEURENT JAMAIS
Cette première édition du PICTURE! Festival expose de façon grandiose cette joie furieuse. Les musées et les institutions artistiques autour du Mont des Arts – et certaines maisons satellites un peu en dehors – seront complètement transformés pendant plus de dix jours. Non pas en accrochant simplement de belles estampes sur tous types de murs, mais en mettant également en place des collaborations entre artistes, générations et langues. Et en poussant les artistes à sortir des livres et à investir l’espace. De façon intuitive et physique.
Gerda Dendooven et Kitty Crowther, entre autres, s’immiscent ensemble au Musée Magritte pour une danse d’ombres surréaliste et une Fête des Morts chaleureuse. « Avec des squelettes ! Avec des feuilles mortes et des insectes ! Et de la peinture et du feu ! », rient-elles. « On commencera par terre et on finira au plafond ! Qui sait ? » Et Fanny Dreyer, Sarah Cheveau et Fien Jorissen investissent l’église Saint-Jacques-sur-Coudenberg avec des chasubles et des blasons multicolores qui sont en train de sécher au dernier étage des Ateliers du Toner comme de la peinture fraîche. « Girl power ! », entend-on résonner.
« Carole est une fille super », dit Kitty Crowther. « L’art contemporain est un peu comme un bateau géant, lourd et lent, et l’énergie est bizarre. Et puis il y a Carole, qui s’amène avec des images... » « Elle a vu les choses en grand aussi », ajoute Gerda Dendooven. « Elle ne réduit pas les illustrations au papier, elle les en sort. Voici l’espace dont vous pouvez disposer, alors faites-en quelque chose ! »

Valentine Laffitte, dans Cuistax : Collections

Valentine Laffitte, dans Cuistax : Collections

Ce détachement du papier et cette sortie du cadre existaient déjà, Gerda et Kitty, quand vous avez fini vos études ?
Dendooven : C’est un grand changement, je pense. En fait, je n’ai pas étudié l’illustration, ça n’existait pas encore. J’étais en gravure. Quand j’ai obtenu mon diplôme, je voulais me lancer dans la narration et l’art figuratif, mais à l’époque, c’était l’art conceptuel qui dominait. C’est ainsi que j’ai commencé à faire des illustrations pour des livres et des magazines pour enfants, parce que je ne voulais pas finir dans une galerie.
Crowther : J’ai pris des cours de gravure du soir, et Vincent Fortemps des éditions Fréon, prédécesseur de Frémok, entre autres, était là. Ils ont vraiment décidé d’adopter une approche plus artistique. Mais ils me faisaient un peu peur. (Rires) J’étais encore en train de me chercher. Le premier éditeur à qui j’ai montré mon travail, quand j’avais 23, 24 ans, m’a dit : « Trouve une galerie. Pour les enfants, ce n’est pas lisible. Ils sont un peu trop bêtes pour ça, ils n’ont pas un assez bon regard. » Je suis rentrée chez moi dévastée. Et mon ex-mari m’a dit : « Pas question, tu ne vas pas changer de voie. » Il m’a fallu beaucoup de temps pour entendre cette voix.
Dendooven : Quand on écrit quelque chose pour un enfant, c’est encore considéré comme un art inférieur, seulement comme une histoire pour enfant. Et pour beaucoup de gens, il faut que ce soit aussi mignon ou pédagogique.
Crowther : Les livres pour enfants m’ont vraiment aidée dans ma vie. J’avais des problèmes d’audition, la langue aussi posait problème, alors j’ai vraiment vu le potentiel de ces livres. Maintenant, j’aime encore mettre les parents de côté pour pouvoir parler directement aux enfants, en tant que personnes. C’est plus facile pour moi, justement parce qu’ils sont sans superflu. Et leur regard est beau. La visite de Petite Mort va trop loin pour de nombreux adultes. On m’a dit : « Comment osez-vous faire un tel livre ? » C’est tellement hypocrite. La génération d’enfants actuelle voit passer tant d’images violentes, et il y a des gens qui viennent vous ennuyer avec un dessin un peu trop choquant ? J’adore ces histoires étranges qui sortent des bois les plus sombres, j’aime cette peur, pour pouvoir ensuite dire : « Ça va. » Beaucoup de gens pensent que les enfants manquent d’imagination pour faire face à cela. Mais l’imagination est un muscle comme le cœur. Il suffit de l’exercer.
Dreyer : Parfois, je ressens un peu de mépris. « C’est juste du bricolage », disent les gens, ils ne se sentent pas attirés par cette discipline parce qu’elle est liée à l’éducation et aux enfants. Alors que moi, j’en ai une très grande estime.
Dendooven : Quand quelqu’un qui écrit pour les enfants fait soudain un livre pour adultes, on le scrute à la loupe. Est-il assez mûr ? Est-ce un vrai livre ? Mais quand un auteur pour adultes fait quelque chose pour les enfants, on trouve ça super qu’il ait pensé à s’y abaisser.

Stella

| Avec Stella, Gerda Dendooven signait une fable merveilleuse sur un enfant trouvé, comme un miroir pour l’autre qui nous apparaît sous de multiples formes

Alors que des autrices de livres pour enfants comme Annie M.G. Schmidt et Astrid Lindgren étaient résolument à l’avant-garde de l’approche de l’enfant en tant que personne à part entière, en lui donnant la parole à travers leur vive imagination et leur discours fort.
Crowther : Exactement. J’ai toujours considéré Astrid Lindgren et Beatrix Potter comme mes grands-mères. Ce n’est qu’aujourd’hui que vous entendez toutes les histoires concernant toutes ces femmes qui ont été exclues. Leurs maris en tiraient toute la gloire, elles n’étaient pas considérés comme crédibles... Et ces femmes ont condamné cela, elles ont lutté pour la liberté, pour elles-mêmes. Elles n’ont pas essayé d’être un homme ou une femme, juste un être humain.
Dendooven : Ce qui est typique de ces deux exemples, c’est leur respect pour les enfants, le sérieux avec lequel elles les considèrent.
Crowther : On ne peut pas tromper les enfants. Mes histoires viennent du plus profond de mes organes. Et on mélange cela avec ce que l’on sait et ce que l’on vit autour de soi. J’ai toujours le sentiment que les histoires nous choisissent, que nous sommes un canal. Ce n’est pas nécessairement moi qui travaille. Cela calme l’ego et on sent tout de suite si cela marche. Comme avec l’art brut, l’art spontané, l’art aliéné. Quand on voit ces œuvres d’art, on se dit toujours...
Dendooven : ... que c’est la vérité. C’est pur. Il n’y a pas de but, pas de filtre.
Crowther : C’est une énergie que je veux aussi mettre dans mes livres. Vous savez qu’ils vont rééditer Mon royaume, mon premier livre qui date de 1994 ? Comme cadeau pour son 25e anniversaire. Je trouve cela très émouvant. Des livres qui ne meurent jamais, cela me rend heureuse.

Sarah Cheveau : Pop corn

Sarah Cheveau : Pop corn

Pour moi, faire des livres est une forme de résistance. Je le fais pour tous ces enfants qui peuvent se dire : ‘Il y a un ailleurs’

Kitty Crowther

A SIX MAINS
« Aujourd’hui, après avoir passé 25 ans toute seule », dit Kitty Crowther, « ça va lentement dans la direction opposée, et j’ai de plus en plus envie de faire des choses avec les autres ». Plonger dans ce courant d’énergie brute et de joie furieuse qui infiltre de plus en plus le milieu. À Bruxelles, le fanzine bilingue pour enfants Cuistax grandit depuis des années, déborde en dehors du monde du livre, répandant un désir débridé de connexion et de joie partagée.
Fanny Dreyer : « Tout a commencé très simplement. J’ai rencontré Chloé (Perarnau, NDLR) pendant mes études aux beaux-arts et nous avons obtenu notre diplôme en même temps. Ensuite, nous avons suivi plus ou moins le même parcours : nos premières rencontres avec les éditeurs, notre première publication... Et nous avions vraiment envie de nous entraider, de découvrir ensemble de quoi il retournait. On voulait faire un objet avec des gens différents – une sorte de publication alternative, mais pour les enfants, pas le énième punkzine – et c’est Chloé qui a proposé de travailler en collectif. Sarah, Chloé, notre conceptrice, et notre graphiste Myriam, et moi-même formons maintenant le noyau dur du collectif, avec un petit cercle de collaborateurs qui nous entourent et un autre groupe d’illustrateurs vaguement affiliés.

Quel impact a ce travail collectif ?
Dreyer : Nous avons maintenant autant de commandes pour Cuistax que pour notre travail personnel. Cela occupe une place importante.
Cheveau : Et ça nous a vraiment fait évoluer. En tant qu’artiste, on a tendance à travailler seul. Le fait de faire tout collectivement a des conséquences intéressantes. Sur notre travail personnel et sur notre façon de travailler. D’un point de vue très pratique, mais aussi artistique, pour l’ego et ainsi de suite. C’est très enrichissant.
Dreyer : Et il est de plus en plus facile de s’atteler à des projets comme celui-ci. Travailler à six mains ne semble pas évident à première vue, mais ce n’est plus du tout effrayant. Depuis le temps, nous avons l’habitude de nous situer à la limite entre une individualité préservée et un travail en groupe très cohérent. Si on arrive à respecter ces deux aspects, cela me rend très fière.

Kitty Crowther, Mère Méduse

| Une image comme un voyage pour les sens, extrait du luxuriant Mère Méduse de Kitty Crowther

Il s’agit de cette « joie furieuse », de cette énergie collective dont vous parliez tout à l’heure ?
Crowther : C’est merveilleux. Ces dernières années, j’ai vu beaucoup d’ateliers où un designer, un illustrateur, un chanteur, un dessinateur de bandes dessinées, etc., collaborent. La crise nous pousse à trouver un atelier ensemble et à se côtoyer. Mais les frontières entre toutes ces disciplines sont ainsi rendues quelque peu floues. C’est génial. Gerda est quelqu’un qui m’inspire beaucoup, parce qu’elle réunit toutes ces facettes en elle. Elle écrit des romans et des articles, fait du théâtre, fait des installations, fait du dessin en live pour des concerts, des livres, des illustrations et des histoires.

Y avait-il des collectifs ou des lieux comme Les Ateliers du Toner pendant vos études ?
Dendooven : Pas beaucoup. Il y avait un truc dans les années quatre-vingt qui s’appelait De Verzameling (La Collection). C’était géré par des étudiants et on organisait de grosses expositions. Mais l’illustration n’en faisait pas vraiment partie, peut-être un peu de bande dessinée. Mais ces collaborations sont vraiment fantastiques. On constate que l’interaction entre les disciplines devient de plus en plus importante. Les illustrateurs vont dans les galeries, et les galeries choisissent des illustrateurs.
Dreyer : Quand on nous a présenté pour la première fois des projets qui nous ont fait sortir du livre, c’étaient des défis. Mais on obtient alors une autre visibilité, d’autres personnes voient notre travail. Et ces dernières années, nous recevons tout le temps des propositions pour de nouveaux projets passionnants et originaux. C’est incroyable ce que l’on peut déclencher une fois que l’on sort du cadre.
Dendooven : Cette interaction est également stimulée à la LUCA de Gand. Contrairement à la plupart des écoles, où l’illustration fait partie du design graphique, nous sommes dans le département des arts libres depuis dix ans. Cela élargit considérablement le champ d’application et renforce le contact avec les arts libres.

Fien Jorissen : Cloudy Mirrors

Fien Jorissen : Cloudy Mirrors

Fien, en tant que curatrice du festival du zine Grafixx, vous êtes à la source de tout ce que cette perméabilité peut engendrer.
Jorissen : Oui, et cette diversité est énorme. L’interaction dont Gerda parlait a été aussi importante pour moi, après l’obtention de mon diplôme. Avec Emma Verhulst et Juliane Noll, j’ai également fondé le collectif Ideaal, pour travailler de façon transdisciplinaire. Cela a donné naissance à des œuvres, souvent risographiques et sérigraphiques, mais aussi à des curations. Avec Emma, je vais bientôt ouvrir un atelier, un espace pour faire nos propres trucs, pour continuer l’expérience. Je veux certainement continuer à faire des collaborations, comme avec Fanny et Sarah. Ce dialogue est très enrichissant. Et c’est génial dans le cadre d’une pratique individualiste comme la nôtre, non ?

Coups de foudre foudroyants
Reste à voir ce que ces collaborations produiront. Mais il ne serait pas surprenant que nous soyons subjugués. Les cinq femmes autour de la table des Ateliers du Toner sont elles-mêmes des génératrices naturelles qui injectent dans notre sang des histoires à la fois audacieuses et réconfortantes, drôles et sérieuses, d’une imagination débordante et pleinement ancrées dans cette petite vie.

Il y a des images dans ces livres qui sont imprimées sur nos rétines pour toujours. Des histoires qu’on ne pourra jamais assez remercier d’exister. Qui font mal et heurtent nos consciences. Qui ont été critiquées et récompensées par les Astrid Lindgren Memorial Awards, le Grand Prix Triennal de la Littérature de jeunesse ou des prix flamands comme les Boekenpauwen et Gouden Uilen. Qui se présentent comme un filtre sur le monde et offrent une respiration, du réconfort, de la joie, de l’amour, de la dignité, de la chaleur.

« Depuis la nuit des temps, les gens se racontent des histoires », dit Kitty Crowther. « C’est le seul moyen de comprendre et de savoir à quoi rime tout ce bordel. Et pour moi, ces histoires étaient dans les livres. De Maurice Sendak, Arnold Lobel, Tomi Ungerer, Sempé... Ce sont des coups de foudre foudroyants. Des récits qui donnent la sensation de sortir de soi-même et de voyager à travers l’univers. Et puis, on referme le livre et on se dit : ‘Que s’est-il passé ?’ Je me souviens encore exactement de ces moments. Que je regardais dehors après, que je sentais la lumière et le sol, que mes sens étaient aiguisés. C’est ce que j’aime dans tout art : ce pouvoir qui te fait t’oublier toi-même et, quand tu es de retour sur terre, te fait te sentir encore plus connecté à toi-même et à tout ce qui t’entoure. »

« Et les images offrent aux personnes qui ont des problèmes de communication verbale la possibilité de communiquer », continue Gerda Dendooven. « Stella (sa magnifique fable qui a reçu le prix Woutertje Pieterse en 2017, NDLR) est utilisé par le Minderhedenforum (Forum des minorités). Et Takkenkind, Soepkinders, ou De wonderlijke reis van Roosje Rood permettent souvent aux psychologues d’aborder certains sujets. La langue peut être parfois gênante, alors on se sert de ses mains ou de dessins pour expliquer. Il y a toujours l’imagination, qui aide à avaler la pilule. L’imagination dépasse la réalité. »« J’adore tout ce côté invisible et la vibration physique que ça produit. Et c’est ce que je recherche dans l’art et les images », poursuit Kitty Crowther. « C’est pour ça que je fais des livres qui transcendent les frontières, qui montrent le bien et le mal, et qui suscitent l’empathie. Pour moi, faire des livres est une forme de résistance. Je le fais pour les miens, pour tous ces enfants qui ont ainsi accès à un univers et qui peuvent se dire : ‘Il y a un ailleurs.’ C’est peut-être difficile en ce moment – peut-être que tu dors dans la rue ce soir ou que tes parents sont alcooliques – mais il y a un ailleurs. Pour qu’ils puissent tourner la page et soient surpris. »

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