Film: Les Fantômes d'Ismaël

Pour la première fois depuis longtemps, le Festival de Cannes ne compte pas sur les Belges pour que ce soit une édition mémorable. Avec en ouverture de cette 70e édition, le gracieux film à dialogues Les Fantômes d’Ismaël du pétillant Arnaud Desplechin.

Michael Haneke sera-t-il le premier réalisateur de l’histoire à remporter une troisième Palme d’Or ? Ou le jury, présidé par Pedro Almodóvar, sera-t-il plus impressionné par les nouveaux films d’Andrey Zvyagintsev, Sofia Coppola, Lynne Ramsay ou Yorgos Lanthimos ?

Comme à son habitude, le festival rassemble tout un tas de grands noms et de grands réalisateurs, mais inhabituellement peu de Bruxellois cette année. Seul défenseur des couleurs locales : Jérémie Renier, nu comme un ver dans un thriller érotique de François Ozon, L’amant double.

Le Festival de Cannes s'ouvre avec Les Fantômes d’Ismaël, un film d’Arnaud Desplechin qui sort au même moment dans les salles bruxelloises. Le réalisateur de Roubaix excelle dans les films à dialogues comme Rois et Reine, Un conte de Noël ou Trois souvenirs de ma jeunesse. Une fois de plus, son film regorge de dialogues sans créer une impression de lourdeur ou de lenteur, et vous donne l’occasion de voir quatre films pour le prix d’un.

Mathieu Amalric, acteur fétiche de Desplechin, joue un réalisateur de cinéma qui a mis des années à se remettre de la disparition soudaine de sa femme. Ce coureur de jupon agité semble avoir trouvé la sérénité auprès d’une astronome (Charlotte Gainsbourg), mais juste avant le tournage de son nouveau film, l’ancienne copine qu’il croyait morte (Marion Cotillard) refait surface.

Ne vous attendez pas à une histoire d’amour linéaire. Desplechin fait la part belle aux fantômes en mêlant perspectives de narration et niveaux de réalité. Il y fait entrer l’histoire de l’art, la psychanalyse, des rêves aux allures de réalité et une réalité aux allures de cauchemar. Il accorde peut-être trop d’attention aux extraits du film d’espionnage sur lequel travaille le réalisateur insomniaque, mais les histoires enchevêtrées intriguent, et le drame est omniprésent.

> Les Fantômes d'Ismaël. FR, dir.: Arnaud Desplechin, act.: Mathieu Amalric, Charlotte Gainsbourg, Marion Cotillard