Cocktails : cabaret secoué

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
30/05/2014
(© Hichem Dahes)

Trois danseuses et deux danseurs de la compagnie Thor offrent une relecture des travers de notre monde et de ses clichés. Ils sont souvent nus ou habillés de bribes de vêtements flashy qui rappellent les boîtes de nuit. Avec Cocktails, Thierry Smits signe un spectacle extravagant et outrancier qui ne secoue pas que les shakers.

C’est comme si on regardait un zapping épileptique d’un bouquet de télévision. On devrait rire mais quelque chose nous en empêche. On ne peut pas s’attendrir non plus car les moments plus intériorisés sont vite interrompus par des pantomimes grotesques. Dans sa nouvelle création, Thierry Smits casse les codes, s’empare des corps et nous demande où nous en sommes.

Quelle était l’envie au départ de Cocktails ?
Thierry Smits : De faire un cabaret, avec des scènes courtes qui engagent le spectateur et se succèdent sans temps mort, ce qui est une forme un peu disparue. Je voulais un spectacle liés à des actualités travaillées de manière fantastique et irréelle. Le public doit sentir qu’on parle du monde qui nous entoure. Je voulais aussi que tout défile très vite, comme quand on regarde Facebook. C’est comme ça que l’info est traitée aujourd’hui. C’est aussi, je ne le cache pas, un spectacle nihiliste. J’ai l’impression qu’on va droit dans le mur. On est baisé par tout le monde, alors autant qu’on baise entre nous.

Il y a du grotesque dans votre expression ?
Smits : Sans aucun doute, mais c’est à l’image de l’époque, qui est grotesque. Poutine, Berlusconi sont grotesques. C’est grotesque de savoir qu’il y a un réchauffement climatique dont on connaît les causes et de ne rien faire pour changer les choses.
Qu’est-ce que la nudité raconte encore aujourd’hui ?
Smits : C’est le seul espace de liberté qu’il nous reste. Aujourd’hui, il est mis en péril, plus tellement par la religion mais par la médecine. Si on ne nous laisse plus d’espace, nous pouvons encore prendre du pouvoir sur notre propre corps. La nudité, en même temps, est ambivalente parce qu’on vit dans une société hyper sexuée où les sites de rencontre qui se sont multipliés sont largement basés sur le cul.

Quelles étaient vos sources d’inspiration pendant le travail ?
Smits : Je voulais quelque chose qui soit lié à l’actualité, aux révoltes sociales qu’on connaît aujourd’hui. Et pas un cabaret uniquement divertissant. Le cabaret de l’entre-deux-guerres était d’ailleurs fortement en prise sur l’actualité. On s’est nourris de plein de choses, les Femen, les Pussy Riot, Chaplin aussi. Ce qui est évident, c’est qu’on n’a pas cherché la sobriété.

En laissant parler les corps ?
Smits : C’est un cabaret sans un seul mot. Quand on ne prend pas la parole, on multiplie les sens, ce qui est vraiment intéressant pour l’identification du spectateur.

Qu’avez-vous envie de partager avec le public ?
Smits : J’ai pas l’intention de prêcher. Je dresse un état des lieux. C’est bourré d’allusions, pas toujours soulignées, au monde dans lequel on vit. La religion notamment, mais aussi le mariage gay, la violence des tueurs en série. Le cabaret se doit d’être provocateur. J’ai envie que les gens aient l’impression d’avoir passé une heure comme si c’était une minute, que le temps soit compressé.

COCKTAILS • 4 > 21/6, di/ma/Tu > za/sa/Sa, 21.00, €10 > 20, Petit Varia, rue Graystraat 154, Elsene/Ixelles, 02-640.82.58, www.varia.be

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