Passa Porta Festival: Boualem Sansal

Estelle Spoto
© Agenda Magazine
14/03/2013
L’écrivain algérien Boualem Sansal - Prix du premier roman pour Le Serment des barbares, Grand Prix de la Francophonie pour Le Village de l’Allemand, lauréat en 2011 du Prix de la paix des libraires allemands, entre autres récompenses - sera omniprésent lors des trois premières soirées du festival littéraire Passa Porta. Il l’ouvrira avec un plaidoyer sur le thème de cette édition, l’imagination. « Au départ, l’imagination, ça paraît très simple », explique-t-il, « mais quand on se plonge dans ce sujet, on découvre que c’est infiniment compliqué et qu’on pourrait écrire des livres et des livres là-dessus sans jamais parvenir au bout de la chose. L’idée qui m’est venue, après pas mal de réflexion, c’est que l’imagination est quelque chose de révolutionnaire. Parce que l’imaginaire, c’est sortir de ce que nous connaissons, sortir de nos vérités et aller vers l’autre ».

Vous êtes devenu écrivain à presque 50 ans. Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre la plume ?
Boualem Sansal : Je crois que tous les gens qui commencent à écrire vivent la même chose : à un moment donné, il se passe dans votre vie un événement qui vous sort de la routine. Ça peut être un décès, un chagrin d’amour, un accident... Dans mon cas, c’était la guerre civile en Algérie. Tout à coup, tout change, tout est remis en question et il faut vite retrouver de nouvelles marques. Comment comprendre ? On peut demander à d’autres, mais on peut aussi chercher par soi-même. L’écriture force à réfléchir de manière méthodique. Ça permet de cerner la situation et de trouver une nouvelle façon de vivre.

En octobre dernier, vous avez lancé avec l’écrivain israélien David Grossman un appel pour un rassemblement mondial des écrivains pour la paix. Pourquoi ce projet et où en est-il ?
Sansal : La paix est menacée de toutes parts aujourd’hui, pas seulement par l’islamisme, mais aussi par les grands trafics, les crises économiques... L’idée au départ, c’est qu’il y a beaucoup d’écrivains engagés à titre individuel, mais pas collectivement. Après notre appel, nous avons reçu des courriers de partout, de 52 pays. Pour le moment, nous sommes à peu près 200. Nous espérons être 1.000 en mai, au moment où nous nous réunirons à Saint-Malo, lors du festival Étonnants Voyageurs, pour dégager un programme de travail.

Dans le cadre du Festival Passa Porta, vous participez aussi à une soirée autour du Printemps arabe le 22 mars. Quelles sont vos convictions sur ce sujet à l’heure actuelle ?
Sansal : J’avais espéré que ce Printemps arabe soit un vrai printemps. Comme pour les pays de l’Est, qui sont tous passés à la démocratie dans les deux années qui ont suivi la chute du mur de Berlin. Mais ici, non seulement les régimes n’ont pas fondamentalement changé et la répression est toujours là, mais en plus, les islamistes sont maintenant au pouvoir. C’est une situation extrêmement périlleuse pour l’avenir, et pas seulement pour les habitants de ces pays-là. Mais on ne peut pas passer son temps à se lamenter sur ce qui est, a priori et en apparence, un gros échec. La première douleur est passée, maintenant il faut se demander ce qu’on fait. Mais que veut-on exactement ? Les islamistes ont gagné les élections, il faut les laisser gouverner. Nous sommes des démocrates. Mais nous avons un devoir de vigilance pour les empêcher de se radicaliser, pour éviter qu’ils n’abusent de leur pouvoir. Ces pays sont vraiment en danger. Les économies ne fonctionnent plus, le chômage s’accroît, il y a un risque important d’explosion sociale et de récupération politique. C’est à cela que nous, les écrivains, les intellectuels, les journalistes, devons tous œuvrer.

Passa Porta Festival
• 20 > 24/3, verschillende locaties/divers lieux/various locations, 
02-226.04.54, info@passaporta.be, www.passaporta.be

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