Thomas Gunzig : Bruxelles, derniers rêves

Estelle Spoto
© Agenda Magazine
14/11/2013
(© Thomas Gunzig)

Connu pour sa plume vive et piquante, Thomas Gunzig s’est dégagé provisoirement des lettres pour dresser un portrait photographique de Bruxelles s’extirpant doucement de la nuit. C’est beau une ville qui dort.
LIVRE | Bruxelles, derniers rêves ●●
Thomas Gunzig Renaissance du livre, 96 P., €19,90

Au moment où votre radio s’enclenche et que vous vous réveillez dans la chaleur apaisante des draps, les yeux tout embués de sommeil, serrant un peu plus l’oreiller pour profiter encore un instant de son moelleux, pensez-vous à celui ou celle qui, posté(e) au même moment de l’autre côté des ondes, a dû se lever bien avant vous et braver la nuit pour rejoindre son studio ? Thomas Gunzig, écrivain (Mort d’un parfait bilingue, L’héroïsme au temps de la grippe aviaire, et tout récemment Manuel de survie à l’usage des incapables), fait partie de ce petit bataillon de lève-tôt. La faute à ses billets caustiques radiophoniques. Alors, à la fois pour tenir le coup face à l’épreuve du lever à 5 heures du mat’ et pour changer d’air (« Produire du texte pendant vingt ans, ça finit par user quelque chose », écrit-il), Thomas Gunzig a commencé à prendre des photos de Bruxelles sur sa route, puis s’est éloigné petit à petit de son trajet routinier, jusqu’à couvrir les quatre coins de la ville.

Présentées chronologiquement, accompagnées de courts textes détaillant la démarche de l’auteur, les photographies ont été prises vers 6 heures. La date et l’heure exactes sont mentionnées, ainsi que le lieu, mais de manière discrète, ce qui permet un petit jeu de « devine où on est ». Ici, l’ascenseur des Marolles, là, l’église de la Trinité, la Barrière de Saint-Gilles, le dépôt de trams de Forest, la place de l’Yser… Si Paris s’éveille à 5 heures, Bruxelles est visiblement moins matinale. Les rues semblent désertes, à peine troublées par le passage des premiers trams ou les pas feutrés d’un chat en vadrouille. À 6 heures du matin, Bruxelles vous appartient.

De son propre aveu, Thomas Gunzig n’y connaissait au départ pas grand-chose en photo (« Au mieux, la photographie, c’était pour photographier les anniversaires ») et il faut bien reconnaître qu’il ne bouleverse pas la discipline. Mais pour un bleu, il ne s’en sort pas trop mal, jouant avec les halos de l’éclairage public, les bavures lumineuses laissées par les phares des véhicules en mouvement lors des longs temps de pose, la couleur qu’il laisse surgir çà et là dans le noir et blanc dominant. Au fil des saisons (de septembre 2012 à mai 2013), Bruxelles se couvre et se découvre d’un manteau de neige, et sort, la journée s’étirant, progressivement de l’obscurité. Un portrait touchant, celui d’une ville capturée à ce moment précis, assez enivrant, où tout semble possible.

Exposition de photos
> 15/12, Artistica Gallery, www.artisticagallery.be

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