Ballade d'un amour inachevé

Estelle Spoto
© Agenda Magazine
29/09/2013
L’écrivain haïtien Louis-Philippe Dalembert (Noires blessures, Les Dieux voyagent la nuit...) a été personnellement confronté au séisme qui a ébranlé les Abruzzes en avril 2009 et à celui, encore plus meurtrier, qui a ravagé son pays natal au début de l’année 2010.

LIVRE | Ballade d’un amour inachevé ●●●
Louis-Philippe Dalembert Mercure de France, 282 P., €18

Dans son dernier roman, Ballade d’un amour inachevé, il lie ces deux événements tragiques à travers le personnage d’Azaka, immigré à la nationalité jamais explicitement nommée - Haïti n’est que suggérée et ses secousses assassines subissent des glissements romanesques pour devenir fiction -, rescapé que l’exil a fini par mener dans un petit village des Apennins où il a épousé une Italienne pur jus prénommée Mariagrazia. Dalembert tue le suspense d’emblée en ouvrant son récit bien après les deux catastrophes. On sait très vite qui survivra et qui ne survivra pas. Mais ce ne sont finalement pas ces deux tremblements de terre, racontés en flash-back dans de véritables scènes d’anthologie où les protagonistes sont prisonniers des ruines, qui constituent le vrai sujet du livre. Ce que Dalembert met en fin de compte surtout en exergue dans cette histoire, ce sont les relents racistes qui ont asphyxié l’Italie après la catastrophe. Dans un pays mené par Silvio Berlusconi, certains avaient mal pris le fait que ceux qu’ils stigmatisaient déjà comme « extracommunautaires » (immigrés non européens) puissent bénéficier de l’aide publique au même titre que les « autochtones ». Si l’auteur étale certains clichés sur les mœurs des habitants de la péninsule, si on a parfois du mal à s’attacher aux deux personnages formant le couple mixte au centre du récit - Mariagrazia, véritable furie soi-disant féministe et aventureuse mais qui vit encore chez ses parents alors qu’elle a largement dépassé la trentaine, Azaka dont les contours sont laissés volontairement flous par Dalembert pour ne pas l’identifier comme Haïtien et qui en devient à force légèrement transparent -, le roman n’en demeure pas moins... secouant.

Rencontre avec Louis-Philippe Dalembert, 3/10, 20.00, €5/7, Passa Porta, www.passaporta.be

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