« Proposer un échantillon de l’écriture du Maroc aujourd’hui » : voilà la « règle fondamentale » que l’écrivain, critique et traducteur Mohammed Berrada, s’est fixé pour composer ce recueil de nouvelles publié à l’occasion de Daba Maroc, vaste fenêtre ouverte actuellement en Wallonie et à Bruxelles sur la création artistique du Maroc et de sa diaspora.

LIVRE | Miroirs en fuite ●●
Sous la direction de Mohammed Berrada
Éditions Aden, 160 P., €12

Avec Miroirs en fuite, Berrada rencontre pleinement cet objectif. Au fil de ces douze nouvelles, on passe des souvenirs d’un jeune garçon – écrits par une femme !, Rabia Rihan – se remémorant la découverte de la jouissance sexuelle atteinte seule ou en groupe à un récit flirtant avec le fantastique et s’inspirant du séjour de Luis Borges à Marrakech, d’un café où le patron a su rendre ses clients accros à un thé à la menthe un peu particulier à une scène intergénérationnelle devant un marchand de glaces. Avec un point commun : une sorte d’amertume quasiment omniprésente, une douleur sous-jacente qui se fait particulièrement poignante dans Un jour de brume sur Bruxelles d’Abdelmounem Chentouf, où un Marocain esseulé dans un bar de la capitale belge se met à réciter des vers de Tarafa Ibn Al-‘Abd pour casser l’image de « tous des voyous, des voleurs, des perturbateurs, des criminels », et dans Notre père, la mafia et nous, où Youssef Fadel fait alterner les pensées d’un homme au chômage et de ses enfants à Casablanca. Le père, constatant le vide de ses poches et de son estomac, va jusqu’à se demander s’il ne va pas s’immoler par le feu le jour-même. Toute ressemblance avec des faits réels n’est pas fortuite...
Dans sa préface, Mohammed Berrada explique qu’il considère « la nouvelle comme un miroir fuyant, qui saisit des moments précis », poussant le lecteur à « relier les images du miroir à ce que son regard a capté, parmi un amoncellement d’images et de moments démultipliés ». Personnellement, face à cette fascinante boule à facettes, j’ai souvent eu la désagréable sensation, une fois arrivée au point final, que l’on m’arrachait brusquement à mon poste d’observation privilégié alors que je n’avais pas encore profité pleinement de la vue qui m’était offerte. Un bon aiguillon pour approfondir les univers des différents auteurs…

Miroirs en fuite/Nouvelles marocaines d’aujourd’hui, 11/10, 19.00 & Conversation avec auteur absent : Edmond Amran El Maleh/Mohammed Berrada, 24/10, 20.30, Les Halles, www.dabamaroc.com

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