1618 Bernard Orchestar

Bernard Orchestar: tradition gitane en mode joggings et synthés

Benjamin Tollet
© BRUZZ
01/06/2018

Une fanfare rappelant les orchestres gitans des Balkans, formée à Bruxelles, bien ancrée dans la tradition et tournée vers l’électro. C’est Bernard Orchestar et sa vision surréaliste de la musique balkanique. Rencontre dans leur campement de Laeken.

En entrant dans le studio Low Man’s land par la porte de garage entre deux maisons, on se retrouve soudainement dans un environnement champêtre, un petit paradis de verdure et de calme au milieu de Laeken. Une grande table en bois en dessous d'un arbre, des fleurs sauvages, un potager. Il ne manque que les caravanes. Bref, l’endroit rêvé pour enregistrer de la musique tzigane de l’Europe de l’Est. On s’imagine les pauses cigarette, les canettes de bière et les jams improvisées en profitant du soleil.
L’arrière maison transformée en studio se trouve dans un îlot qui respire, et c'est exactement ce que le groupe a su traduire sur son album, grâce au calme de l’endroit et l’accès quasi illimité au studio d’enregistrement. « Notre ingénieur du son Antoine Thonon est le propriétaire du studio. C’est comme à la maison, on a pu prendre le temps de chercher, de recommencer. Ça vaut de l'or ! » raconte Jérémie Mosseray, batteur du groupe. « Notre second EP a été enregistré un peu à la masse, en trois jours, tous ensemble dans le studio pour avoir l’énergie du live de la fanfare balkanique. Pour notre premier album, on a voulu changer l'approche : chaque instrument est enregistré séparément, ce qui casse le côté fanfare mais permet de travailler en profondeur, » ajoute Manuel Saavedra, le joueur de sousaphone (instrument apparenté au tuba-contrebasse) d’origine hispano-chilienne.


Rétro-électro
En tout, ce sont treize jours de studio et quelques soirées pour peaufiner le tout. Ce processus sans limites temporelles s’est aussi avéré utile à l'autre grande nouveauté au sein de leur musique: la touche électro. Plutôt surprenant pour un groupe qui s’est formé avec la volonté d’avoir exactement la même formation que les groupes balkaniques. « Avant de former cet orchestre, on jouait tous dans différentes fanfares et on s'est rencontrés dans la volonté de faire un vrai big band tsigane avec tous les instruments comme ils le font dans les Balkans. Il y avait plusieurs groupes en Belgique qui faisaient de la musique balkanique, mais personne ne le faisait de façon traditionnelle comme là-bas, » raconte l’accordéoniste Stan Bourguignon.

Mais pourquoi changer la formule ? « Parce que la musique balkanique a beaucoup évolué. Fini les gros orchestres, maintenant ce sont des petites formations de trois synthétiseurs et une boîte à rythmes qui font vibrer les mariages gitans. On a voulu suivre cette tendance en ajoutant des synthés et des pads électroniques. » Et voilà donc l’accordéoniste entouré de trois synthétiseurs et une panoplie d'effets spéciaux. « Antoine (Thonon, propriétaire du studio, NDLR) a apporté des synthétiseurs et Manuel Roland, le producteur de l'album, a ajouté des boîtes à rythmes, puis on s'est mis à chipoter avec tout ça ! »

On a voulu futures le passé en combinant notre amour et l'envie de faire un truc actuel

Stan Bourguignon


Simple comme Bernard
C’est de l’idée de faire du moderne dans la tradition que vient le titre de l'album, Le futur du passé. « Notre musique est une idée passée du futur, » explique Saavedra. « On a voulu futuriser le passé, » ajoute Bourguignon, « en combinant notre amour du rétro et l'envie de faire un truc actuel. Prendre le côté désuet d’être un groupe acoustique (une fanfare) et mettre du gros boum boum dessus. »
Car l’électro, c'était voulu et c’était un gros délire. « On a commencé par expérimenter et la sauce a vite pris ! C'est chouette d’avoir des grosses basses qui ressortent, comme ça, notre musique n'est pas que folk. On commence en fanfare, on évolue en incluant de l’électro et vers la fin du concert on fait de la techno pure et dégueulasse, juste pour le plaisir et la simplicité de la musique binaire ! »
Simple comme Bernard ! « Bernard est un personnage mythique, notre chef d’orchestre qui n’existe pas, » raconte Saavedra. « Un nom bien ringard, Bernard roule en camino pour aller à la pêche. Et le soir c’est le costard du dimanche bien seventies. C’était notre image de groupe avant de revêtir nos costumes de sportifs tout aussi rétros pour ce premier album. Bernard a ce côté ringard et désuet, le versant du passé, une personne qui ne suit pas la modernité. Avant qu'il ne devienne rétro-futuriste ! (rires) »

Et donc Bernard se met à la sauce du jour. Si le second EP fut présenté au centre culturel Jacques Franck avec ses sièges bien confortables et en costumes rétro, le nouvel opus sera lancé dans la toute nouvelle salle où règne l'électro : le C12. Mais pas de soucis pour les amateurs de musique balkanique, cela reste de la musique des gitans de l’Europe de l'Est, jouée, cette fois, en joggings, avec des boîtes à rythmes et des synthétiseurs, à la sauce rétro-électro. Et pour bien coller au profil du C12, le concert sera suivi de DJs jusqu'à sept heures du matin.

> Bernard Orchestar • Le futur du passé • Release party. 1/6, 20.30, C12

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