Viet Cong : rock de combat

Nicolas Alsteen
© Agenda Magazine
13/02/2015
Sur le front du rock, Viet Cong plonge dans la tranchée et dégoupille un premier album explosif. Avec ses guitares chargées de références post-punk et new wave, le groupe canadien affiche d’emblée son potentiel. Énorme.

De nos jours, certains groupes prennent un malin plaisir à parcourir la ligne du temps tels des funambules en équilibre instable sur une corde tendue entre passé et présent. Dans le genre, Viet Cong est un modèle à suivre. Ce quatuor canadien originaire de Calgary s’est révélé à l’été 2013 à la faveur d’un vinyle enfermant quelques riffs tranchants sous un titre un brin rétro : Cassette. « Il s’agit d’un clin d’œil à notre parcours », explique le bassiste et chanteur Matt Flegel entre deux lampées houblonnées. « À l’origine, on distribuait nos morceaux via une cassette audio. Et quand j’étais gamin, je compilais systématiquement mes morceaux préférés sur K7. C’est grâce à ce format que je suis arrivé à la musique. Ça fait partie de mon ADN ». Matt Flegel ne ment pas. Pour preuve, on retrouve aujourd’hui des traces de cette indécrottable manie au cœur du nouvel album de Viet Cong : un disque parfait, conçu comme une compilation de références déviantes. Face A : This Heat, Wire, Sonic Youth, The Cure, Deerhunter. Face B : Joy Division, Echo & the Bunnymen, The Byrds, Clinic et Interpol. Viet Cong flirte dangereusement avec les légendes du rock.
C’est dans sa nature. Le groupe est en effet enchaîné au mythe. Son existence, déjà, tient du cliché parfait. « Avant de jouer sous le nom de Viet Cong, la moitié de notre formation était impliquée dans un autre projet : Women. Mais au moment où le succès frappait à la porte, ça a méchamment dégénéré. On s’est séparés en plein concert. On en est venus aux mains sur scène, devant le public. Le seul point positif de cette débâcle, c’est qu’elle a laissé la voie libre pour d’autres projets. Viet Cong n’aurait certainement pas vu le jour sans cet incident ».

Chansons sous tension
En sept morceaux pétris d’influences militantes, Viet Cong rénove les contours du post-punk, de la new wave, du rock indépendant et de la pop psychédélique. Le décor planté, le quatuor fait tourner les turbines d’une gigantesque centrale électrique : un lieu sombre et survolté où les guitares donnent le meilleur d’elles-mêmes. Sous tension, sans contrefaçon, les chansons s’imposent ici dans une course effrénée, radicale, excitante à souhait. Au final, il n’y a strictement rien à jeter sur cet album frappé du sceau de Viet Cong. « Ce nom de scène n’enferme aucune motivation politique ou va-t-en-guerre », assure Matt Flegel.
« Il découle simplement d’un concours de circonstances. Quand on a finalisé nos premières maquettes, notre manager nous a déniché des dates de concert. Mais il avait besoin d’un nom à communiquer… Dans la précipitation, on lui a proposé Viet Cong. Aux États-Unis, ce nom passe plutôt bien. Par contre, on reçoit parfois des remarques de la communauté vietnamienne. On a même reçu des messages de familles qui nous expliquaient avoir vécu l’enfer dans des camps d’emprisonnement vietcongs. Quand on reçoit de tels témoignages, on explique naïvement qu’on ne connaît rien à la guerre du Viêtnam. Nous ne cherchons pas à blesser les gens ». Groupe pacifique, mais terriblement combatif sur scène, Viet Cong s’impose comme la révélation rock de ce début d’année.

VIET CONG • 18/2, 19.30, SOLD OUT!, Botanique, Koningsstraat 236 rue Royale, Sint-Joost-ten-Node/Saint-Josse-ten-Noode, 02-218.37.32, www.botanique.be

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