Canicule annoncée dans les galeries et musées

Gilles Bechet, Kurt Snoekx
© BRUZZ
20/07/2019

Une icône ixelloise de la mode et du cinéma, un jeune artiste bruxellois maudit, de l’art africain inspiré et des rêveries psychédéliques... L’été des galeries et musées à Bruxelles promet d’être pour le moins ardent.

Cherchez la femme

AudreyHepburn
© Wikipedia

Audrey Kathleen Ruston, fille d’un banquier britannique et d’une baronne néerlandaise, est née à Ixelles il y a 90 ans. À l’âge de 24 ans, elle remporte un Oscar pour son rôle dans Vacances romaines. Ce fut la révélation d’Audrey Hepburn, qui, 26 ans après sa mort, est encore l’une des plus grandes étoiles à avoir illuminé le grand écran. L’exposition met en lumière une autre facette de cette femme aussi célèbre pour ses tenues élégantes que pour ses interprétations dans des classiques comme Sabrina et Diamants sur canapé.

Intimate Audrey, mis sur pied par son fils Sean Hepburn Ferrer, offre un aperçu unique de sa vie en dehors des projecteurs, à travers des photos tirées de l’album de famille des Hepburn, des souvenirs, des robes, des accessoires, des dessins de mode et des documents qui font référence à son rôle d’ambassadrice pour l’Unicef.

INTIMATE AUDREY > 25/8, Espace Vanderborght

L’Afrique incarnée

1671 Incarnations Zanele Muholi

On a l’habitude de tracer une frontière invisible entre les arts traditionnels et la production des artistes africains contemporains. IncarNations nous suggère qu’une continuité existe entre le passé et le présent. L’ébouriffante sélection réalisée par l’artiste Kendell Geers dans la collection du collectionneur et mécène Sindika Dokolo balaie nos certitudes et préjugés sur l’art du continent noir.

Photographies, vidéos, peintures et sculptures d’aujourd’hui dialoguent dans une scénographie inventive avec les statuettes, masques et objets de l’Afrique animiste. Au-delà de certaines similitudes et de citations formelles, on se prend à adopter un autre regard qui débarrasse les œuvres classiques de leur apprêt ethnographique et qui habite certaines œuvres contemporaines d’une force qu’on n’attendait pas.

IncarNations > 6/10, Bozar

Écorché vif

1666 Stephane Mandelbaum Bacon 1980

Fasciné par les marges et travaillé par l’héritage de la culture juive, Stéphane Mandelbaum a traversé les années quatre-vingt comme une comète, laissant derrière lui une production artistique d’une dizaine d’années à peine. Provocateur, il était un artiste inclassable et un extraordinaire dessinateur, synthèse improbable entre Hergé, Bacon et Rembrandt.

Prolongeant et enrichissant la rétrospective à Beaubourg, cette exposition iconoclaste et dérangeante met en scène les vies fictives et réelles du jeune artiste. Ses héros Pasolini, Bacon et Rimbaud côtoient les figures repoussoirs des dignitaires nazis, les scènes de bar du quartier Matonge se repeuplent de personnages des magazines. Son dessin y est constamment parasité par des graffitis et des images pornographiques. Il se rêvait peintre, il est devenu dessinateur, il se rêvait gangster, il en est mort.

Stéphane Mandelbaum > 22/9, Musée juif de Belgique

By Jove !

1671 Blake-Mortimer

En 1946, l’hebdomadaire Tintin publiait le premier épisode d’une bande dessinée qui exerce encore aujourd’hui une force d’attraction mythique : Blake & Mortimer. La BD d’Edgar P. Jacobs, sur le capitaine Francis Blake et le professeur Philip Mortimer, a été arrêtée après sa mort en 1987, puis reprise en 1996 par des grands noms comme Jean Van Hamme et André Juillard.

Le Dernier Pharaon, paru juste avant l’été, s’est aussi appuyé sur des épaules respectables : François Schuiten – créateur, avec Benoît Peeters, des Cités obscures – a collaboré avec le cinéaste Jaco Van Dormael, le romancier Thomas Gunzig et l’affichiste Laurent Durieux dans une approche aussi respectueuse qu’iconoclaste de l’œuvre d’Edgar Jacobs. L’équipe de choc présente les planches originales dans une autre mise en scène de Schuiten et Peeters : la Maison Autrique.

Le dernier pharaon > 19/1, Maison Autrique

Rêves éveillés

1671 dreambox

Comme un parcours dans une boîte à surprises, le MIMA plonge le visiteur dans les univers visuels et mentaux d’une poignée d’artistes qui s’amusent à bousculer nos certitudes et nos perceptions. L’installation de Elzo Durt ouvre grand la bouche pour nous avaler dans un palais des glaces psychédélique. Des murs au plafond, Hell’O Collective redessine l’espace qu’ils métamorphosent en un lieu fantasmagorique sens dessus dessous.

Avec Escif, on fait danser, grâce à une tablette magique, les exploiteurs et les exploités de l’extraction du coltan. Après avoir traversé l’installation miroitante des CD-Rom de Felipe Pantone, on est prêt pour le test psychologique imaginé par Gogolplex qui se venge ainsi de ces administrations aux règles absurdes et à la moquette usée par l’attente et l’ennui. Mais bien sûr tout cela n’est qu’un rêve.

Dream box > 1/9, MIMA

Enfoncer le clou

1671 ANTTI LAITINEN

Fin de l’année passée, Donald Trump avait suscité l’hilarité mondiale quand, en réaction aux incendies de forêt dévastateurs en Californie, il a déclaré que les Finlandais en souffraient rarement parce qu’ils ratissaient régulièrement leurs forêts. Le Président finlandais avait réagi sèchement en disant qu’il n’avait jamais parlé de ratisser avec Trump.

Ce ne serait pas surprenant que l’exposition d’Antti Laitinen, à l’occasion de la présidence finlandaise du Conseil de l’Union Européenne, soit un clin d’œil tardif au président américain. Dans le parc Tournay-Solvay, Antti Laitinen présente avec Broken Landscape (une sorte de reconstruction d’arbre) et Nail Trunk (un projet participatif) deux interventions in situ sur la nature à la fois poétique et humoristique. à La Patinoire Royale, on peut voir des films et des photographies de ses performances (> 27/7).

ANTTI LAITINEN > 29/9, Parc Tournay-Solvay

Temps suspendu

BEELD Flamboyant 5 BRUZZ ACTUA 1656
© Bart Dewaele

La Villa Empain, chef-d’œuvre Art déco de l’architecte Michel Polak, invite le visiteur à pousser la porte de la demeure d’un collectionneur avisé des années vingt et trente. On y retrouve des œuvres des grands artistes de cette faste époque charnière de l’art moderne entourées de mobilier, d’objets, de bijoux et de vêtements restituant le quotidien de la famille.

Du salon au boudoir, en passant par le fumoir, la chambre d’enfant, le dressing, le bureau de Monsieur ou la chambre à coucher, on admire des toiles de Gustave van de Woestijne, Gustave De Smet, Kees Van Dongen, Francis Picabia, un costume d’Akarova, un dessin de Henry Van de Velde, une huile de Vassily Kandinsky et bien d’autres. Comme un temps suspendu, dans un art de vivre qui cultive l’élégance et le goût des belles choses. On aurait presque peur de déranger.

FLAMBOYANT > 6/10, Villa Empain

Conjonction des arts

1671 PamelaPhatsimoSunstrum Landlord Courtesy-of-the-Artist-and-Tiwani-Contemporary

Depuis douze ans, le Wiels tient à l’œil la scène de l’art contemporain depuis Forest. Non seulement avec des expositions intelligentes et de premier plan, mais aussi par le biais de résidences artistiques très particulières. Ce laboratoire international à l’impact considérable est mis en avant avec Multiple Transmissions: Art in the Afropolitan Age.

Huit artistes africains, qui ont participé au programme de résidences entre 2015 et 2019 - Nelson Makengo, Jean Katambayi Mukendi, Georges Senga, Sinzo Aanza, Simnikiwe Buhlungu, Emeka Ogboh, Pamela Phatsimo Sunstrum et Pélagie Gbaguidi - présentent leur travail à multiples facettes. Comme des points de jonction artistiques d’influences urbaines transnationales et locales dans un monde qui semble vouloir se replier de plus en plus sur lui-même.

Multiple transmissions: ART IN THE AFROPOLITAN AGE > 18/8, Wiels

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