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Loup Guichard

The graduates : une expo des étudiants en photographie du 75

Gilles Bechet
© BRUZZ
12/06/2019

Une vingtaine d’étudiants sortent cette année de la section photo de l’école supérieure Le 75 réputée pour son approche documentaire. Trois d’entre eux nous parlent de leur travail et de leur vision du monde.

Le 75 a 50 ans. Parmi les quatre sections que propose l’école supérieure artistique implantée à Woluwe- Saint-Lambert, la photographie est sans doute celle qui a le plus contribué à sa renommée. Une réputation qu’elle doit à une tradition documentaire et au travail d’accompagnement pour, au bout de trois années, faire de ses étudiants des auteurs.

« Pour nous, le challenge c’est qu’ils ne viennent pas tous avec le même bagage. Certains savent très tôt ce qu’ils ont envie de faire, chez d’autres, un déclic sur les enjeux et les possibilités de la photo peut se faire à l’occasion d’un exercice ou d’une rencontre avec un des photographes invités », explique Philippe Jeuniaux, professeur. Cette année, une vingtaine d’étudiants ont défendu leur travail devant le jury de fin d’études concluant trois années d’apprentissage.

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Alexane Lafon

Titulaire d’un BTS en design graphique à Marseille, Alexane Lafon est venue au 75 pour approfondir sa technique et apprendre à travailler en projets. « Je faisais de la photo surtout pour ne pas oublier. Et je faisais un peu de tout sans penser une thématique. » Son premier projet personnel s’est tourné vers l’avortement qu’elle avait vécu quelques années plus tôt. Elle a eu envie d’en explorer les traces en textes et en images. En troisième, elle s’est tournée vers les autres pour recueillir les ressentis de femmes qui avaient vécu le même traumatisme. « En trois ans, j’ai essayé de faire quelque chose qui se tient en explorant le même sujet par des chemins différents. » La finalité de ce travail est la réalisation d’un livre où elle rassemble des photos, des portraits, parfois des images plus métaphoriques, mais aussi des documents et témoignages recueillis au cours d’entretiens approfondis. « J’ai appris énormément de choses avec elles, car c’est en parlant qu’on apprend à s’accepter. Et dans mes images, j’essaie d’apporter ma patte tout en restant extrêmement juste. »


Loup Guichard avait déjà fait un BTS photo en France et il est venu chercher au 75 un bagage théorique et une pratique personnelle du documentaire. Dans son travail de fin d’études, il a choisi de parler de la disparition progressive de certaines espèces animales. « Je me suis demandé si à Bruxelles, il n’y avait pas des petits éléments visuels qui témoignent de notre relation problématique avec les animaux. » Ce qui l’a amené à s’intéresser aux stickers placés sur les vitres pour empêcher les oiseaux de s’y fracasser, à la silhouette métallique d’un éléphant dans une plaine de jeu ou aux coquelicots hauts de trois mètres affichés sur des immeubles du quartier européen. « Une photo ne dit jamais la vérité, ce n’est pas sa fonction. J’essaie avec mes images de changer le regard des gens sur ce qui est perçu comme banal ou insignifiant. »

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Elise Dervichian

Elise Dervichian a découvert la photo à l’Académie de Bruxelles. Elle est venue au 75 après un an de photo à Sint-Lukas où l’orientation trop conceptuelle ne lui convenait pas vraiment. Attirée par le documentaire, elle se consacre principalement au portrait. Un exercice dans le Cantal, où elle a été chargée de réaliser des portraits des maires de différents villages, a joué comme un déclic. « J’aime le travail de commande et dans le portrait, j’aime la rencontre avec des gens. Dans un portrait toute personne est intéressante, c’est à moi de faire un choix dans le cadrage et le format. » Son projet de fin d’études s’inscrit dans la ligne de son engagement contre le viol. « J’ai cherché des femmes qui ont été victimes d’agression sexuelle pour en faire le portrait et recueillir le témoignage. Je veux coller un visage sur ce qui est encore trop passé sous silence pour aider ces femmes à sortir du sentiment de honte. » C’est sur des affiches qu’elle a choisi de diffuser son travail en rassemblant 25 témoignages qui peuvent être emportés et disséminés.

Après le cocon bienveillant et exigeant de l’école, la vingtaine de jeunes photographes envisage leur avenir dans le métier avec beaucoup de confiance et d’envie. «On forme des romantiques, des gens qui vont voyager et qui vont devoir inventer leur métier. Le plus souvent en tissant des réseaux et en créant de petites structures», conclut Philippe Jeuniaux.

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