1574 FILM lamant-double2
Interview

Jérémie Renier & Marine Vacth: les stars du nouveau François Ozon

Niels Ruëll
© BRUZZ
13/06/2017

À l’instar de Hitchcock et de De Palma, François Ozon place le cinéphile dans la position d’un voyeur. Son thriller psycho-érotique L’Amant double doit beaucoup à ses trois têtes d’affiche : Marine Vacth, Jérémie Renier et… Jérémie Renier. « Une fois le rôle accepté, il n’est pas question de faire demi-tour. »

Après Frantz, un drame de guerre plutôt classique et rangé, François Ozon a-t-il voulu prouver qu’il n’a pas perdu son côté méchant garçon ? Dans l'amusant et provoquant L’Amant double, le réalisateur français se lâche complètement d’un point de vue stylistique. Il compte sur deux vieilles connaissances pour qu'elles se déshabillent. L’ex-mannequin Marine Vacth, la belle et vilaine fille de Jeune et Jolie de Ozon, se révèle dans la peau d’une jeune femme qui entame une relation double avec son psychanalyste et son mystérieux frère jumeau.

Ce fascinant double jeu est le genre de défi dont Jérémie Renier a besoin pour être vraiment bon. Le célèbre Bruxellois avait déjà comblé Ozon dans Les Amants criminels (1999) et Potiche (2010). Pendant le Festival de Cannes, sur la terrasse bouillante d’un hôtel de luxe donnant sur la Croisette, Vacth et Renier se sont livrés sur le film.

Comment se prépare-t-on pour un film érotique sur des psychanalystes qui s’envoient en l’air avec leur patiente ?
MARINE VACTH : Je me prépare peu pour mes rôles. Je ne vois pas très bien non plus comment j’aurais pu me préparer. Chloé, mon personnage dans L’Amant double, ne sait rien et doit tout découvrir. Ça n’avait donc pas de sens pour moi de me plonger, comme Jérémie, dans les études sur la gémellité et la psychanalyse.

JEREMIE RENIER : Pour préparer le film, ça fait déjà vingt ans que je fais une psychanalyse (remarque que personne ne rit, NDLR). Je rigole ! J’ai commencé à plusieurs reprises mais ça n’a jamais duré longtemps. Avant le film, j’ai lu quelques travaux sur la psychanalyse de Freud et de Lacan. Ces livres sont plutôt techniques et compliqués.

Marine, votre personnage raconte qu’elle fut autrefois top-modèle mais qu’elle a fini par s’en lasser. Est-ce une touche personnelle ?
VACTH : Non ! Tout ce que je dis dans le film vient de François (Ozon). Il ne s’agit pas d’une référence à mon passé. C’est écrit comme ça dans le livre de Joyce Carol Oates qui a servi de base au film. Je ne rêvais pas d’être mannequin. Je ne rêvais pas non plus d’être actrice. C’est arrivé. Puis, j’ai persévéré dans cette voie. J’ai rencontré des gens et j’ai vécu des expériences qui m’ont donné envie de continuer à jouer. Mais jouer n’était pas une aspiration profonde qui remonte à loin.

Jérémie, avez-vous adapté votre jeu d'acteur selon que vous étiez le gentil ou le méchant frère jumeau ?
RENIER : Oui, j’insiste sur le rôle crucial du montage et de la mise en scène de François Ozon. Le jumeau est-il réel ou non ? L’un des deux existe-t-il seulement ? Manipulent-ils Chloé ? On doit ce mystère presque entièrement à François. Jouer deux personnages dans un même film représentait pour moi un beau défi. Ils ont beau être des frères jumeaux, leurs personnalités diffèrent tellement qu’ils exigeaient chacun un jeu distinct : une autre manière de bouger, une autre manière de regarder,…

Dans un des fantasmes de Chloé, les frères jumeaux s’embrassent pendant un plan à trois . Comment fait-on pour jouer ça ?
RENIER : Les effets spéciaux. Comme toujours lorsqu’on apparaît deux fois à l’écran. On travaillait avec une doublure. Je jouais tantôt Paul, tantôt Louis. Ce genre de scène est très technique et tout sauf excitante. Le résultat est plutôt drôle, je me suis régalé en voyant L’Amant double, ici, à Cannes sur grand écran. C’était carrément tordu de me voir m’embrasser moi-même.

Comment chasser la honte pendant les prises des multiples scènes de nu ?
VACTH : On s’est très vite fait confiance. Sans confiance ça ne vaut pas la peine de commencer. Aussi bizarre que cela puisse sembler, on a beaucoup ri. Surtout pendant les scènes de sexe.

RENIER : Ces situations sont parfois très comiques.

VACTH : Le résultat à l’écran ne l’est pas, j’espère, mais les prises elles-mêmes sont très techniques. Nous savons très précisément ce que chacun doit faire et quand. C’est presque une cascade. Tout sauf intime. Vous êtes entouré d’une équipe de tournage. Vous jouez un personnage.

Ozon peut-il tout vous demander ?
VACTH : Oui. En ce qui me concerne, faire demi-tour n’est pas une option une fois le rôle accepté. François travaille en toute confiance. Il ne cache rien.

RENIER : Comme il avait déjà travaillé avec Marine et moi, il n’avait pas à gagner notre confiance, il l’avait déjà. Nous pouvions aller plus loin sur base de cette bonne relation.

Ozon dit partout de Marine Vacth qu’elle est devenue une femme et que Jérémie Renier a gagné en force et en virilité. A-t-il, lui aussi, changé depuis vos précédentes collaborations ?
VACTH : Le sentiment de complicité fut encore plus fort que pendant le tournage de Jeune et Jolie. On se comprend très vite.

RENIER : François est quelqu'un qui se donne à fond. Il est très rigoureux dans son travail et en attend de même de ses collaborateurs. Ce qui le rend parfois ferme envers ceux-ci. Il fait ça parce qu'il pense au film, à comment atteindre le meilleur résultat possible. En même temps, je suis forcé de me contredire. François est presque toujours joyeux. Il traverse les épreuves propres à tout tournage avec une légèreté que j’admire. Il a quelque chose de jovial et de jeune en lui qui ne l'a jamais quitté. Ça m’a frappé du temps des Amants criminels et ça le caractérise toujours.

Jérémie, je m’attendais à voir à Cannes vos débuts en tant que réalisateur. Où en est votre projet ?
RENIER : J’ai tourné un film avec mon frère Yannick, Carnivores, sur base d’un scénario qu’on a écrit ensemble. Les prises sont achevées, le montage est terminé. On met la dernière touche à la postproduction. C’est une grande aventure pour tous les deux. Ça reste du cinéma et pourtant ce fut une expérience très différente de ce à quoi nous sommes habitués. Ce fut terriblement intense.

> L'Amant double. FR, dir.: François Ozon, act.: Marine Vacth, Jérémie Renier

Fijn dat je wil reageren. Wie reageert, gaat akkoord met onze huisregels. Hoe reageren via Disqus? Een woordje uitleg.

Read more about: Film

Iets gezien in de stad? Meld het aan onze redactie

Site by wieni