Ils étaient trois, unis comme les Trois Mousquetaires et ils étaient les rois de la guerre : l’Albinos, Elias de son vrai prénom, spécialiste de la torture, Najib, sniper sadique, et Louqmane, expert en explosifs. Mais aujourd’hui, la guerre est finie...

Ya salam! •••
Najwa M. Barakat Actes Sud, 160 P., €20,10

Au moment où commence le récit de Najwa M. Barakat, auteure libanaise vivant actuellement à Paris, ce trio a priori indestructible a du plomb dans l’aile : l’Albinos est mort, Najib est enfermé à l’asile et Louqmane vivote dans son appartement miteux. « Si Louqmane avait vécu dans un pays digne de ce nom, peut-être - sans doute - serait-il aujourd’hui général. Si le feu de la guerre qui l’avait nourri avait brûlé encore, sa vie n’aurait pas cessé de couver sous la braise et ses cendres n’auraient pas été dispersées au gré du vent ». Ya Salam! retrace la pénible tentative de reconversion de son antihéros, vicieux et manipulateur, dans un pays qui n’est jamais nommé, qui pourrait être le Liban, mais qui pourrait tout aussi bien être une autre région ravagée par les conflits et située au bord de la Méditerranée. Pour refaire sa vie, Louqmane compte sur deux sortes d’alliés : les femmes et les rats. Parmi les femmes, il y a d’abord Salam, qui donne son titre au roman. Salam, laide, vieille fille, ex-fiancée de l’Albinos qui « ne l’avait jamais touchée », mais disposant d’un petit bas de laine aguichant. Et puis il y a Shirine, belle étrangère revenue de France pour des recherches archéologiques, à qui il ne faudra pas grand-chose pour succomber à un numéro de charme très calculé. Quant aux rats qui infestent la ville (Najwa M. Barakat dit avoir été influencée par La Peste de Camus), ils pourraient bien, grâce aux cahiers griffonnés par un savant fou, offrir un bel avenir professionnel à l’ancien artificier. L’histoire est crue, et la langue utilisée l’est tout autant. Imbibé d’une noirceur implacable, suintant de violence et de pulsions sexuelles malsaines, le roman - captivant - déploie avec patience ses pièges, qui se refermeront sans pitié. Non, après la guerre, il n’y a pas de reconversion possible.

Rencontre avec Najwa M. Barakat, 24/4, 20.30, Halles de Schaerbeek, www.halles.be

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