Guy Van Waas à l'honneur au festival Musiq'3

Véronique Rubens
© BRUZZ
27/06/2018
© Ivan Put

Le festival Musiq’3 célèbre Guy Van Waas. À l’occasion de ses 70 printemps, il dirigera Mozart. Mais le chef d’orchestre mène également une vie de multi-instrumentiste trépidante. Aux claviers, il jongle entre l’orgue et le pianoforte en passant par le clavecin. En tant que clarinettiste, il joue Mozart ou Brahms sur des instruments d’époque issus de sa précieuse collection.

Guy Van Waas est né de parents flamands venus habiter à Molenbeek en 1936, rattrapés par la crise. Son père, artiste peintre, y trouve du travail comme décorateur de cinéma. Dans le salon de sa maison du quartier de l’Helmet à Schaerbeek, les murs regorgent de tableaux de son père. Une image saute aux yeux : un clavecin sur lequel son père a peint la Grand Place de Bruxelles. Guy Van Waas : « Les cinémas étaient à la recherche de bons peintres capables de rendre attrayante une image forte extraite d’un film. De ses peintures, conçues pour les immenses espaces au-dessus de l’entrée du cinéma, je n’ai aucune photo. »

Les dimanches après-midi, il entend son père, violoniste amateur, répéter des airs d’opéra. Il pianote un peu par lui-même. En effet, Guy Van Waas se souvient qu’une première tentative de cours à l’académie n’avait pas fait long feu : « À sept ans, je ne parlais pas un mot de français et le prof de solfège me mettait tout le temps au coin. » C’est lors d’une présentation d’instruments au cours de musique du collège de Ganshoren qu’il découvre sa vocation. « Quand ce fut le tour de la clarinette, j’ai tout de suite supplié mes parents de pouvoir apprendre cet instrument. J’ai eu la chance énorme de tomber sur l’excellent pédagogue Jean Tastenoe qui était d’ailleurs un grand ami de Stravinsky et de Jean Cocteau. »

Son professeur l’encourageait à aller écouter des concerts à Flagey. C’était la période où le bâtiment hébergeait télévisions, radios, orchestres symphoniques et ensembles de jazz. « Il y avait là un foisonnement extraordinaire. Adolescent, j’étais en admiration pour ces musiciens qui jouaient en direct. Dans le tram au retour, je me retrouvais parfois à côté de l’un d’eux : j’étais tout ému d’être en présence d’un vrai musicien qui savait jouer sans faire de fautes ! Mais avec tout ce que j’avais appris à l’académie de Molenbeek dont le niveau était très bon, mes études au conservatoire de Bruxelles par après sont passées comme une lettre à la poste. »

À contre-courant

En musique classique « perfection » rime souvent avec « spécialisation » mais Guy Van Waas fait le choix de poursuivre simultanément une carrière de clarinettiste et d’organiste. Il se forme comme chef d’orchestre au Mozarteum de Salzbourg où il reçoit les compliments d'un certain Herbert von Karajan. Il fonde plus tard son orchestre Les Agrémens qui se distingue par des redécouvertes d’opéras français. Pas tout à fait une carrière habituelle ? « J’ai toujours été à contre-courant. Il fallait toujours que je m’intéresse à d’autres choses. Le choix de l’orgue a découlé d’un problème administratif. Au Conservatoire, il fallait absolument un cours supplémentaire pour que mes parents continuent à recevoir des allocations familiales. J’avais exclu le choix du saxophone et sur la longue liste d’instruments, j’ai finalement déniché l’orgue. Je ne connaissais l’orgue que via quelques concerts avec Jozef Sluys : en voyant cette vélocité des mains et des pieds, je m’étais dit qu’il fallait être un surhomme pour en jouer. » C’est désormais l’instrument qu’il joue le dimanche à l’église des Carmes (et dont il est le titulaire).

À Flagey, il a choisi un programme autour de Mozart où figure une symphonie concertante pour quatre solistes. Il assurera la partie clarinette entouré d’amis solistes aux cor, basson et hautbois. Quelles qualités recherche Guy Van Waas chez ses partenaires musicaux ? « Des musiciens qui jouent parfaitement mais avec qui je n’ai pas d’atomes crochus, ça ne marche pas. J’ai souvent pris des musiciens par la main et je les ai poussés vers des versions anciennes de leur instrument. Prenons Jean-Pierre Dassonville : il aurait très bien pu se contenter d’être un bon corniste solo à la Monnaie. Il a pris le risque de se mettre au cor naturel, un instrument sans tous les artifices de l’instrument moderne. Oser et découvrir : c’est ce qu’ont en commun les musiciens qui s’orientent vers les interprétations dites authentiques. À Flagey, je dirige l’orchestre des étudiants de la section baroque du Conservatoire. Ma génération a appris sans véritable école. On se moquait parfois de moi et du bois clair de mon instrument : ‘C’est quoi cette clarinette en chocolat ?’ »

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