De l’achat d’un pantalon

Nurten Aka
© Agenda Magazine
03/01/2012
À plus de 70 ans, Claus Peymann, intendant du Berliner Ensemble fondé par Bertolt Brecht, vient jouer une pièce de feu son ami Thomas Bernhard. Le titre ? « Claus Peymann s’achète un pantalon et va déjeuner avec moi ». L’achat anodin d’un pantalon est un prétexte pour parler politique et théâtre. « Je ne sais pas s’il est plus effrayant de répéter Shakespeare ou d’essayer six pantalons », affirme Peymann. Cahin-caha, il avance dans ce registre faussement anodin. Sans avoir l’air d’y toucher, les deux complices sont coriaces. Ils peuvent balancer une flopée de « nazis » à la face d’un public (autrichien) ! En 1966 déjà, Peymann lançait le fameux Outrage au public de Peter Handke, critique virulente du spectateur bourgeois et conservateur. Thomas Bernhard, lui, prit toute sa vie durant son pays, son peuple… et le théâtre comme champs de bataille ! En 1988, peu avant sa mort, Bernhard dénonçait dans La place des Héros (une commande de Peymann) les hypocrisies de son pays, avec une réplique-choc : « Il y a aujourd’hui plus de nazis à Vienne qu’en 1938 ». Plus soft, l’achat du pantalon de Claus Peymann amuse la galerie. Le texte est un rien riquiqui mais peut être succulent pour qui aime l’humour, les tribulations caustiques, sur l’Autriche et ses « nazis » certes, mais aussi sur les apparences du pouvoir (politique ou artistique). L’art est aussi un contre-pouvoir.

Claus Peymann kauft sich eine Hose und geht mit mir essen 3 & 4/3, 20.30, €13,50/15,30/18, en allemand surtitré en FR & NL,
Paleis voor Schone Kunsten/Palais des Beaux-Arts, rue Ravensteinstraat 23, Brussel/Bruxelles,
02-507.82.00, info@bozar.be, www.bozar.be

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