Noël à Bruxelles (4): Natacha du Congo

Natacha Nyamosy (29) habite en Belgique depuis 25 ans, elle a donc adopté beaucoup de traditions européennes. Mais pour Noël, les traditions congolaises sont mises à l'honneur. “Nous commençons la préparation spirituelle des semaines à l'avance. Noël, c'est la naissance de Jésus, pas une fête avec des cadeaux matériels.”

Les Nyamosy sont originaires de la capitale de la RDC, Kinshasa. “Je suis arrivée en Belgique avec mes tantes. Quand mon père est décédé, ma mère nous a rejoints.” Natacha a fait sa vie à Bruxelles, elle a étudié les relations internationales en France et a pas mal voyagé depuis. Aujourd'hui, elle travaille pour l'ONG Oxfam Solidarité à Molenbeek.

“Entre-temps, j'ai adopté pas mal d'habitudes européennes”, nous raconte Natacha. Mais pour Noël, nous remettons les traditions congolaises au centre. “Des semaines à l'avance, lorsque les Européens fêtent la Saint-Nicolas, nous commençons avec les préparatifs spirituels pour la naissance de Jésus. Avec des rituels de purification et des prières, nous nous purifions et nous demandons pardon. Nous réfléchissons à l'année écoulée et appelons les gens avec qui nous avons eu un désaccord pour mettre fin au conflit.”

Pas de cadeaux chers et inutiles
Autre élement important pour Natacha, dans l'élan vers Noël, sont les actes de charité. “Au lieu d'acheter des choses chères dont on n'a pas vraiment besoin, les Congolais chrétiens aident les plus démunis et les sans-abris. Imaginez-vous tout ce qu'on peut faire avec l'argent qu'on dépense à tous ces cadeaux chers et inutiles”, se dit Natacha à haute voix.

“Mais plus les traditions européennes sont présentes, plus vous avez de chances de trouver aussi un sapin de Noël et des cadeaux en dessous dans des familles congolaises. Mais le côté spirituel sera toujours le plus important et les enfants doivent se rendre compte qu'ils ne peuvent pas toujours tout recevoir, que Jésus s'est sacrifié pour que nous puissions vivre libres.”

Gospel
Le réveillon de Noël est la dernière soirée d'introspection et de spiritualité. Le jour de Noël est la grande fête de l'année. Le matin, nous allons en masse à l'église. “J'habite à Rhode-Saint-Genèse, et avec toute la famille, nous allons dans une église catholique. On y retrouve surtout des Africains, mais aussi quelques blancs. Nous donnons un accueil de corps et d'esprit à Jésus.”

Ensuite, toute la famille se rassemble, éventuellement avec des amis. “Notre famille compte environ 30 personnes, sans les amis. Mais nous connaissons des familles de 150 personnes, qui doivent alors louer une salle”, dit Natacha en riant. “Dans un groupe de cette taille, ils dansent et chantent, surtout des chansons religieuses provenant de la vraie tradition du gospel africain.”

Boubou, pagne, pundu
Pour la fête, les Congolais se mettent sur leur trente en un, parfois en habits traditionnels mais pas toujours. Les femmes africaines d'un certain âge portent un boubou, une robe africaine, et un pagne, une écharpe colorée africaine. Toute la famille profite d'un buffet dont le plat principal est du poisson. Dans la symbolique biblique, le poisson est plus important que la viande. Le poisson est grillé ou cuit en papillote, et servi avec du pundu. “C'est un plat à base de légumes, aussi appelé saka saka dans d'autres pays africains, dans lequel les légumes sont préparés avec de l'huile de palme et du riz dans des feuilles de manioc. “Et si l'on sert tout de même de la viande, il s'agit de dinde.”

En général, cela donne une longue table remplie de bonnes choses à manger. “Chaque famille contribue au repas, mais c'est tout de même l'hôte ou l'hôtesse qui fait la majorité du travail. Pas toujours facile, quand on pense à la taille des grandes familles africaines”, dit Natacha en riant.