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Le boulevard Léopold II : de la promenade à l’autoroute urbaine...et inversément?

EDB
© BRUZZ
17/09/2022

| De Leopold II-laan mondt uit op de basiliek van Koekelberg.

De plus en plus de communes aménagent des quartiers à circulation automobile réduite. Mais qu'advient-il des grands axes de circulation lorsque les plans de circulation repoussent de plus en plus le trafic de transit hors du centre-ville? L'histoire du boulevard Léopold II peut-elle être une source d'inspiration ?

Open The Debate : participez à notre débat

À l’occasion de la Journée sans voiture, BX1 et BRUZZ lancent un nouveau débat “Open The Debate” autour du boulevard Léopold II. Quel rôle ce boulevard urbain peut-il jouer dans une ville sans voiture ? Quel est votre avis sur la question ?

On ouvre le débat ce dimanche de 16h00 à 17h00, en direct sur BX1 et BRUZZ, depuis la place Simonis, pour connaître votre opinion et poser vos questions à l’antenne.

Une émission qui sera également diffusée en direct sur Bx1 et BRUZZ.

Le Boulevard Leopold II n’a pas toujours été un axe routier au trafic automobile intense. La conception du boulevard faisait partie du plan de l'architecte Victor Besme qui avait été chargé d’agrandir la ville et qui avait conçu plusieurs nouveaux quartiers.

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| De Leopold II-laan toen die nog een wandelboulevard was

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"Ce plan a pris forme dans les années 1860 dans le but d'urbaniser la zone située au nord du canal", explique Thierry Demey, auteur de plusieurs ouvrages sur le patrimoine bruxellois. Besme avait le soutien du roi Léopold II qui, dans sa quête de grandeur urbaine, était particulièrement friand de larges avenues et de bâtiments grandioses. C'est ainsi que le boulevard Léopold II a vu le jour : un large boulevard avec de la place pour tous les types de transport.

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"Il y avait une avenue centrale pour les voitures qui étaient soit tirées par des chevaux, soit déjà motorisées", explique M. Demey. "Il y avait deux grandes avenues avec quatre à six rangées d'arbres, une piste équestre et un piétonnier. Il n'y avait pas de piste cyclable à l'époque, mais des voies de service près des maisons. Il y avait aussi un tram qui circulait au milieu du boulevard." Selon Demey, il s'agissait d'une véritable promenade : "Les Bruxellois allaient s’y promener le samedi ou le dimanche et la rue était également considérée comme un parc dans la ville."

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| De aanbouw van het viaduct

Mais durant les années 1950, les principaux boulevards bruxellois ont subi des modifications radicales, l’auto obtenant la priorité absolue. Les voies du tram ont été déplacées pour créer plus d'espace, les pistes cyclables, les sentiers équestres et autres zones de promenade ont été supprimés et de nombreux arbres ont été abattus. C’est également le sort qu’a connu le Boulevard Léopold II. De nombreuses modifications ont été apportés, notamment en vue de l'Exposition universelle de 1958. La capitale – et, de fait, le pays tout entier - ne disposait pas de l'infrastructure nécessaire pour amener tous les visiteurs au Heysel. La Belgique était ainsi devenue un grand chantier dans les années précédant l’Expo.

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| Het viaduct

"Quelques aménagements avaient déjà été apportés pour l'Expo de 1935, mais pour l'Expo de 1958, on a eu recours aux grands moyens ", explique M. Demey. "Les responsables politiques pensaient alors que les gens viendraient à Bruxelles de tout le pays et qu'ils le feraient en voiture. Afin de rendre possible la circulation de toutes ces autos, ils ont construit un viaduc."

Le viaduc à trois bandes de circulation a transformé la promenade en une autoroute urbaine très fréquentée. Le pont commençait à hauteur du croisement avec l’actuel Boulevard Roi Albert II. Il enjambait la place de l’Yser, la place Sainctelette, le canal et se terminait peu avant la place Simonis près de la Basilique. Le viaduc était devenu un lien important entre le centre-ville et la première autoroute belge : l'A10 (aujourd'hui E40) de Bruxelles à Ostende.

Initialement, le viaduc devait disparaître rapidement car il n'était destiné qu'à accueillir le flux de circulation de l'Expo. Il avait été construit contre la volonté des habitants qui s’étaient vu soudain imposer une autoroute à hauteur de leurs chambres. Ils avaient donc protesté durant toute l'Exposition universelle en arborant des drapeaux noirs sur toute la longueur du Boulevard Leopold II. Cependant, ces protestations eurent peu d'impact. D’ailleurs, les premiers chantiers réalisés dans le cadre de l'Expo '58 n'auront finalement été que le point de départ d'un réseau plus étendu d'autoroutes urbaines. La promesse que le pont provisoire disparaîtrait après l'Expo ne fut pas tenue. Dans les années 1970, ce programme a été endigué sous la pression des Bruxellois, mais cela n'a pas permis de sauver les majestueux boulevards.

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| De bewoners moesten plots vrede nemen met een autoweg op slaapkamerhoogte.

Tunnels

À l'origine, le viaduc devait rester en place jusqu'à la fin de l'Expo de 1958, mais rapidement il s'était avéré tellement indispensable que le pont resta en place jusque dans les années 1980. La construction avait été conçue pour 30 000 voitures par jour, un chiffre qui fut rapidement dépassé. En 1975, le Fonds des routes avait compté 44 500 voitures sur le viaduc et 26 500 autres sous celui-ci. En 1979, les travaux de la future station de métro Simonis avaient commencé par la construction des tunnels sous le boulevard Léopold II. "C'était sous la direction d'Henri Hondermarcq, alors directeur général des Ponts et Chaussées et père du réseau routier belge", explique Thierry Demey. "Il avait voyagé aux États-Unis et s'inspira de ce qu'ils faisaient là-bas. Il y avait appris qu'il pouvait être intéressant de construire des tunnels sous les carrefours pour augmenter la capacité d'absorption." Durant le chantier du métro de 1981, le nombre de voitures est même passé à 75 000. Ces travaux du métro ont condamné le viaduc de Koekelberg. Mais ce n'est qu'au cours de l'été 1984 que le viaduc est passé de vie à trépas. Et fin août 1986, le tunnel Léopold II a été inauguré. Mais la grandeur du boulevard piétonnier Léopold II avait depuis longtemps disparu.

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| Tunnel onder de Leopold II-laan

Prestige

Les travaux de réaménagement du boulevard et du quartier ont commencé en 1991. Peu à peu, l'avenue a retrouvé son prestige d'antan, ou du moins l'intention était là. "Après la construction des tunnels, Bruxelles s'est chargée de redessiner le boulevard", explique Thierry Demey.

"Ils ont essayé de faire revivre la philosophie de l'ancien boulevard, mais sans les arbres. En contrepartie, des plantes ont été placées dans des bacs. Ils ont toutefois conservé la structure classique avec une avenue centrale et des rues latérales. Mais là où les tunnels ont facilité l’accessibilité, de nombreuses maisons ont disparu au profit d'immeubles de bureaux. Un tunnel de plus de deux kilomètres attire naturellement de nombreux navetteurs, alors que l'on aurait pu espérer répartir le trafic de manière plus homogène dans la ville."

Les habitants du boulevard Léopold II ont beaucoup souffert de la construction et de la reconstruction de leur boulevard, qui a duré 30 ans. De nombreux commerçants et habitants ont déménagé. Le "nouveau" boulevard Léopold II, tel qu'il se présente actuellement, a été officiellement inauguré le 5 octobre 1991, les comités de riverains ont protesté contre les festivités qui devaient l'accompagner. Si les chantiers ont disparu, presque tous les habitants sont partis avec eux.

De Leopold II-laan mondt uit op de basiliek van Koekelberg

| De Leopold II-laan mondt uit op de basiliek van Koekelberg.

Les travaux de rénovation des tunnels ont commencé en 2018. Les travaux étaient urgents, car le plus long tunnel autoroutier du pays était en très mauvais état, avec notamment des chutes d'éléments du plafond. Au cours de la rénovation du tunnel de 2 600 mètres de long, le revêtement de la route a été refait, dix-sept nouvelles sorties de secours ont été aménagées, le tunnel a été entièrement doté de nouvelles installations techniques et la structure du tunnel a été rénovée.

Les travaux ont eu un fort impact sur le trafic automobile. Par exemple, le tunnel a été fermé plusieurs fois pendant les mois d'été. Le tunnel Léopold II a été inauguré de manière festive à la fin du mois de mai 2022. Le changement de nom en tunnel Annie Cordy a été également acté à ce moment-là. Grâce à la rénovation, le plus long tunnel du pays répond désormais aux normes de qualité et de sécurité les plus élevées.

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Annie Cordy Tunnel

Mais le tunnel, dans lequel passent chaque jour quelque 60 000 véhicules, reste très mal classé en termes de qualité de l'air. Afin de cerner le problème de la pollution de l'air à Bruxelles et d'œuvrer pour une ville plus vivable, le groupe de recherche Cosmopolis de la VUB et le mouvement urbain BRAL ont mesuré la qualité de l'air pendant près de deux ans. Les tunnels sont particulièrement mal notés.

"En raison de l'absence de circulation d'air, des endroits comme les tunnels de la petite ceinture sont comparables à des mines de charbon modernes. Les tunnels du métro sont également particulièrement pollués", a déclaré l'un des chercheurs en 2019. L'enquête citoyenne CurieuzenAir a également dressé un tableau détaillé de la qualité de l'air dans la capitale européenne. Le long du boulevard Léopold II à Koekelberg, les chercheurs ont observé une série de points orange et rouges qui témoignent d'une mauvaise qualité de l'air. Une conséquence des nombreux embouteillages dans ce quartier.

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| Leopold II-laan

Vers l'avenir

Quel avenir la Région bruxelloise et les riverains souhaitent-ils pour le Boulevard Léopold II à l'heure où les plans de circulation tentent de plus en plus d'évincer le trafic du centre-ville ? Pouvons-nous et voulons-nous revenir à l'époque glorieuse du boulevard Léopold II en tant que boulevard vert bordé d'arbres à feuilles caduques ?

"Nous pouvons toujours rêver", dit Demey en riant. "Avec du recul, il est bien sûr facile de critiquer, mais si l'on compare avec Paris, Berlin ou Vienne, on constate que le ring de ces villes a été construit beaucoup plus loin du centre. Ici, ils l'ont construit très près du centre, ce qui oblige en quelque sorte les voitures d'Anvers et de Gand à passer par le centre-ville pour atteindre leur destination. Il aurait été préférable que le ring soit construit autour de la ville, et non à l'intérieur. Ils n'auraient alors jamais eu à construire le tunnel. Mais nous pouvons continuer à réfléchir aux options permettant de réduire la circulation dans les quartiers".

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| Een plannetje van het stadsvernieuwingscontract

Et les Bruxellois ne s’en privent pas. Au cours de l'année dernière, les riverains ont été invités à réfléchir à l'avenir du quartier. Certains avaient de grands rêves, en allant jusqu'à proposer le voûtement des voies de métro à ciel ouvert. Par exemple, plusieurs Bruxellois rêvent d'un "Parck XL28", un espace vert extra-large qui prolongerait le parc L28 existant, de la station de métro Belgica à Simonis. Les porteurs de ces projets espéraient qu’on aménage un toit au-dessus des voies du métro et même un étang de baignade ou un jeu d'eau. lIs avaient lancé une pétition à cet effet.

Mais finalement, c'est un programme de 35 projets de quartier spécifiques qui a émergé. Grâce à un processus participatif en 2020 et 2021, le programme du contrat de rénovation urbaine " Autour de Simonis " a été adapté. Le 18 mars 2022, le gouvernement a approuvé le projet de rénovation urbaine qui inclut les quartiers autour de la station de métro Simonis et qui couvre les communes de Koekelberg et de Molenbeek St-Jean. Le projet de rénovation urbaine présente 35 projets pour cette zone. Les plans se concentrent, entre autres, sur le boulevard Léopold II.

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| “De laan is niet alleen een vervoersinfrastructuur, maar moet ook een ruimte worden die een antwoord biedt op vraagstukken in verband met het klimaat, ecologie en commerciële ontwikkeling,” klinkt het in het programma.

L'objectif du sixième contrat de rénovation urbaine est d'assurer une meilleure liaison entre les deux côtés du boulevard Léopold II. En réaménageant quelques rues latérales du boulevard, la place Simonis devrait également mieux se connecter à la place Sainctelette sur le canal. Cela concerne plus précisément la zone située entre les stations de métro Belgica, Simonis, Osseghem et Etangs Noirs. Un accent important est mis sur la verdure et la mobilité douce. Il y aura un "parcours scolaire vert" entre l'Athénée royal de Sippelberg et la place des Etangs Noirs où plusieurs espaces seront rendus plus verts et plus sûrs.

Selon le contrat de rénovation urbaine, le réaménagement du boulevard Léopold II doit également permettre la rénovation de l'espace public des deux côtés de l'avenue. Le programme affirme que l'avenue n'est pas seulement une infrastructure de transport, mais doit aussi devenir un espace qui apporte une réponse aux questions liées au climat, à l'écologie et au développement commercial. L'objectif est de créer des lieux qui permettent aux gens de se rencontrer facilement dans l'espace public. Dans cette optique, un ancien hôtel sera transformé en un "hôtel de projet" pour les initiatives et l’entrepreneuriat locaux. En outre, les routes latérales du boulevard devraient être réaménagés pour créer une piste cyclable de qualité. "Cet aménagement est considéré comme une priorité par Bruxelles Mobilité", peut-on lire. Une étude sera réalisée pour développer une vision orientée vers le climat - avec notamment une attention particulière à l'intégration des eaux de pluie, aux problèmes de stationnement ou aux possibilités de végétalisation.

L’actuel parc L28 sera également prolongé jusqu'à la station de métro Osseghem. Aujourd'hui, le parc s'arrête à Belgica. Il devrait devenir une liaison cyclable verte le long des voies de métro, mais il y aura aussi des lieux de rencontre avec des aires de repos. Enfin, la place Simonis elle-même sera réaménagée, tout comme les rues latérales qui l'entourent. L'accent est mis sur le confort et l'ouverture, assure-t-on. Jusqu'au printemps 2027, le gouvernement et les communes pourront encore réaliser les études nécessaires et lancer des appels d'offres pour préparer les travaux. Les chantiers devront être achevés à la fin de l'année 2029.

Pour en savoir plus sur ce thème, consultez le journal de Filter Café Filtré - Atelier.

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Week van de Mobiliteit 2022

In het mobiliteitsdebat gaat de discussie vandaag vooral over het schrappen van rijstroken en parkeerplaatsen. Hoe overstijgen we dat en werken we aan de mobiliteit van de toekomst?

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