Cultures Maison : « L’édition, c’est passionnant »

Kurt Snoekx
© Agenda Magazine
09/09/2015

Cela fait déjà six éditions que Cultures Maison, le festival de la BD contemporaine, évite le chemin de la résistance minimale au profit de structures d’édition qui associent la liberté créative à la qualité, l'échange et l’innovation.

C’est déjà la sixième édition de Cultures Maison. Sincèrement ? Nous sommes aux anges, mais comment est-ce que ça a pu se produire ? Comment Culture Maison a pu évoluer d’un événement presque inaperçu à LA fête de la bande dessiné – alternative, indépendante, underground – née de la passion pure, coulée par une créativité effrénée dans une forme singulière et qui s’enracine grâce à une impulsion novatrice dans l’avant-garde artistique ? Une fête qui – soyons sincère, tant qu’on y est – s’adresse par essence et à l’origine à une communauté belle mais restreinte, qui se maintient en grande partie dans la marge, qui ne crie pas (ou n’est pas en état de crier) sur tous les toits qu’elle existe, mais qui, organiquement, de bouche à bouche à travers un baiser profond avec la langue, dans des chambres sombres et des caves humides, répand le microbe.

Comment a-t-elle pu se développer en un réseau qui résonne au niveau national et international ? Qui place le lecteur devant un défi et qui le confronte avec sa propre manière de lire, ses propres tendances à la catégorisation et au formatage et qui essaie de leur damer le pion. Qui ne se soucie pas trop des frontières. Comment ce champ si particulier, si singulier est-il devenu si large ? Poser ces questions c’est (en partie) y répondre. Parce qu’on nous sous-estime, nous fonctionnons comme des consommateurs dans un marché qui pense savoir d’après notre histoire personnelle ce que nous voulons dans le futur. Nous sommes plus versatiles, plus capables d’adaptation, de sagacité, de créativité que ce que le système suppose. La qualité l’emporte et les niches n’existent pas – sauf en tant que toponyme pour le lieu où les gens, avec entêtement, opiniâtreté, impatience, cherchent du sens. Nous ne pouvons pas vivre sans histoires, sans histoires singulières, comme celle de ce festival dont nous espérons qu’elle n’aura jamais de fin.

SORTIR DES CAVES
On sait à quoi s’attendre quand on va à Cultures Maison : l’inattendu, des découvertes, une passion contagieuse et une foi indestructible dans la qualité, la liberté, le dialogue, l’échange et l’innovation. Rien de moins que ça. Dans ce sens, presque rien n’a changé depuis la première édition en 2010. Bon, c’était une époque où l’équipe de Cultures Maison œuvrait dans des tanières bien plus sombres que la Maison des Cultures, où Francesco Defourny – en charge de la sélection des éditeurs, et qui forme avec Cyril Elophe et Suky Deprez le centre nerveux de l’organisation – occupait des garages et des caves avec les publications d’une série d’amis. C'est en rencontrant Cyril Elophe qu'il est rentré dans le projet. « À l’époque », explique Elophe, « je faisais partie d’un collectif d’édition qui s’appelait Tête à Tête. On a sorti notre premier livre dans le cadre de l’année de la BD, avec le soutien de la commune de Saint-Gilles, en organisant une exposition à la Maison des Cultures. Tout s’est assez bien passé, et du coup je leur ai proposé de monter un vrai festival de BD, dédié aux éditeurs de production indépendante et alternative, et de la manière la plus large possible. À ce moment-là, il y avait déjà énormément de structures éditoriales à Bruxelles et en Belgique, plein d’auteurs dynamiques qui s’auto-éditaient ou qui montaient des projets, mais il n’y avait rien qui leur permettait de se présenter. C’est dans cet angle mort que nous avons pu manœuvrer grâce au soutien de la Maison des Cultures, mais aussi grâce au fait qu’il y avait une envie partagée, des énergies qui se rencontraient et des compétences qui étaient complémentaires ».

CREUSER ET TÂTONNER
Un focus sur l’éditeur, plutôt que sur l’auteur. Sur celui qui, en coulisses, remue ciel et terre pour faire briller les étoiles. Cyril Elophe : « Je n’aime pas trop des termes comme ‘alternatif’ ou ‘indépendant’. Je n’ai pas forcément une passion pour l’édition alternative. L’édition, c’est passionnant de manière générale. Je pense qu'une partie des éditeurs traditionnels a abandonné l’édition, qu’elle ne fait plus ce travail éditorial qui consiste à aller chercher des auteurs inconnus, à porter leurs carrières et à sortir des livres iconoclastes... Ils sont dans une autre dynamique, celle de proposer ce qui existe déjà à un certain public en pensant que c’est ce que ce public attend. En partant d’une logique commerciale. Donc, ce n’est pas tant le côté alternatif de l’édition qui me fascine, c’est le fait que ces éditeurs-là font leur boulot d’éditeur, que ce sont des éditeurs au sens premier du terme : ils sont en recherche, ils essaient de proposer des alternatives, de livrer des propositions graphiques inédites et innovantes. Ils évoluent parfois dans des courants, mais ils creusent ces courants, ils tâtonnent, ils cherchent… Que ce soit des collectifs, des mouvements artistiques ou des auto-éditeurs, c’est pareil. J’y trouve une volonté, qui, selon moi, devrait être propre à tout éditeur. Une volonté de prendre des risques, de découvrir, d’être surpris, de promouvoir un livre et faire émerger un auteur parce qu’il a quelque chose à dire et qu’il lui faut un espace pour ça ».

L’un des auto-éditeurs présents à Cultures Maison est Loïc Gaume, qui, sous le nom qui ne camoufle rien Les Détails, empoigne des projets qui en plus d’être particulièrement délirants sont aussi résolument originaux. Comme sa précieuse Collection Wafel, par exemple, une série de onze petits livres (réunis dans un étui en carton) à mi-chemin entre la topographie et une carte mentale fragmentée et personnelle. Loïc Gaume : « L’auto-édition permet de faire exactement ce qu’on a en tête, d’aller au bout du projet, jusqu’au moindre détail. Je remplis en quelque sorte toutes les étapes du livre : le contenu, la forme du livre, le choix du papier, le graphisme, le lien avec l’imprimeur et la vente. Je pense que dans notre secteur on souffre tous un peu d’obstination, du fait qu’on forme toujours les projets si précisément dans notre tête qu’il est difficile de faire des compromis. Et à cause du pliage des cartes-jaquettes par exemple, aucun éditeur n’aurait pu éditer La Collection Wafel. L’auto-édition permet ce compromis entre artisanat et professionnalisme, et permet surtout que les livres réalisés soient le plus en accord avec le travail de l’auteur, et qu’ils soient comme on le veut vraiment, sans concessions, sauf bien sûr sur le plan financier ». Et au niveau de la promotion ? Loïc Gaume : « L’auto-édition a peu de visibilité hors des salons comme Cultures Maison. Même en librairie l’auto-édition se perd. On est un peu introuvables. Cultures Maison est vraiment une vitrine de tout ce qui peut se faire. Je fais des découvertes chaque année, en même temps que le public, c’est vraiment un des atouts du festival ».

DÉCLOISONNER
Précisément : le public de Cultures Maison est tout aussi avide, curieux et ouvert d’esprit que ceux qui tiennent les stands. C’est peut-être l’un des plus grands mérites de Cultures Maison : le fait que le festival ouvre un thème destiné en soi au connaisseur et qu’il le rend attrayant pour un grand public. Et donc, en essence, il met sur pied une rencontre entre deux partenaires qui font chacun un pas en direction de l’autre. « Décloisonner le public et les éditeurs », comme le dit Suky Deprez, longtemps chargée de la promotion du festival et maintenant responsable des expositions. Cyril Elophe : « Nous avons vite eu l’idée de viser un modèle qui n’est pas sectoriel, pas simplement les amis qui passent dans le coin, ce qui est trop souvent le cas. Il nous semblait justement intéressant de les sortir de leur terreau originel et de leur permettre de s’élargir le plus possible sans trahir leur identité éditoriale. Nous sommes stricts au niveau de la programmation, mais nous voulons cette visibilité et cette accessibilité. Nous voulons aller de l’avant avec un public qui peut se sentir à l’aise ici. Pour nous, c’était la base ».

Francesco Defourny : « Dans d’autres festivals, l’accent est plutôt mis sur les auteurs. Ils sont bien sûr bienvenus chez nous mais nous, on voulait être au service du livre, et donc prendre le biais des éditeurs nous semblait plus intéressant. Peut-être que c’est pour cette raison que le public s’y retrouve davantage. En tant que visiteur, on ne vient pas ici pour se retrouver devant un individu mais devant une table où il y a plein de choses à découvrir. Il y a des auteurs qui font des dédicaces, mais ce n’est pas le propos. On s’adresse à l’éditeur, et l’éditeur s’adresse au public. C’est ce qui m’a marqué lors de la première édition : le fait que les éditeurs cherchaient tout de suite le contact avec le public, ce qu’ils n’ont pas la possibilité d’avoir autrement ».

Cyril Elophe : « Il y a plein de modèles différents, plein de structures, plein de personnalités différentes, mais tout le monde partage une certaine énergie par rapport à la publication, à l’édition, à la création de livres, à l’image, à la narration. En même temps, il y a une forme de malentendu, c’est-à-dire qu’on part du principe que ce sont des publications qui seraient inaccessibles ou fermées. Au contraire, comme elles sont très diverses, c’est beaucoup plus ouvert que la BD mainstream, qui est plus formatée. En réalité, c’est vraiment tout public dans le sens où chaque personne avec une expérience, un ressenti de lecteur différent va trouver quelque chose qui va l’interpeller, parce que dans l’offre des éditeurs il y a un spectre très large de narration et d’images. On trouve ici des choses auxquelles on ne s’attend pas et qui vous attirent. On voit des gens qui ne sont pas du tout des fans de BD trouver ici des choses auxquelles ils ne s’attendaient pas et qui font évoluer leur idée de la BD. Assister à ça, c’est génial ».

DIALOGUER ET ÉVOLUER
Ce dialogue fertile ne s’effectue pas seulement avec le public. Les éditeurs aussi trouvent réciproquement un environnement stimulant à Cultures Maison. Quentin Pillot manœuvre avec Rebecca Rosen la presse « original Heidelberg » de L’appât, une imprimerie artisanale qui fait sortir depuis 2011 des productions propres et des productions externes. Quentin Pillot : « Les arts visuels m’ont toujours attiré, depuis que je regarde des images. Petit à petit, j’ai commencé moi-même à dessiner et j’ai découvert les structures qui éditent des livres. Et ça m’a poussé à mettre la main à la pâte, pour le faire moi-même et apprendre les techniques depuis les bases du dessin jusqu’à l’impression, pour être capable de maîtriser les contraintes et de composer avec les aspects techniques liés à l’édition d’une œuvre imprimée. À la longue, j’ai aussi eu envie de proposer à d’autres artistes notre manière de travailler ».

Cela a abouti à une vision dynamique et contagieuse et clairement à un nouvel atout pour le paysage artistique bruxellois. Entre-temps, L’appât a aussi commencé à organiser des expositions, attire des artistes étrangers en Belgique pour une résidence et propulse à son tour un gigantesque réseau d’artistes underground vers des régions plus élevées. L’importance d’un environnement stimulant n’est pas à sous-estimer. Quentin Pillot : « Je cherche le dialogue, l’échange. C’est ce que je recherche aussi à Cultures Maison. On rencontre là des gens qui peuvent venir d’un tout autre monde dans leur vision artistique, de qui on peut apprendre beaucoup. Ce contact avec la différence – avec une autre vision, un autre regard – est stimulant. On trouve ici vraiment le principe de l’échange, avec le public et les collègues. C’est dialoguer et évoluer ».

La force de transformation qui vient du dialogue, de la confrontation avec l’inconnu est quelque chose que Francesco Defourny, également la cheville ouvrière avec Stéphane Blanquet de United Dead Artists, reconnaît : « Pour moi, le point de départ, c’était l’envie de raconter des histoires. La BD classique m’intéressait, mais je ne savais absolument pas comment je devais aborder ça. Au fil des années, je me suis réapproprié des codes ou une grammaire qui me correspondait mieux. Pour me rendre compte alors qu’il y avait un environnement qui proposait ça aussi. Finalement, il y a eu deux événements qui m’ont dirigé vers l’édition. Le premier, ça a été la rencontre avec le fanzine BD liégeois Mycose. Le second, qui a vraiment été décisif, c’était lors d’une résidence à Paris. Alors que j’étais en train de fouiner dans une librairie, le vendeur m’a demandé s’il pouvait m’aider. Pour qu’il me foute la paix, j’ai répondu que je cherchais ‘tout ce qui n’est pas publiable’. Là-dessus, il a commencé à me sortir plein de choses. (Rires) Et notamment un fanzine d’une Russe qui était arrivée à Paris plus ou moins en même temps que moi. Ça m’a ouvert les yeux : j’avais une résidence officielle à Paris et personne ne savait que j’étais là. Alors qu’elle, elle habitait dans un chambre de bonne et grâce à un fanzine – en russe ! – qu’elle avait laissé dans une librairie, elle était déjà inscrite dans le paysage parisien. Je trouvais ça génial, très souple, et à partir de là j’ai fait du fanzine ».

SE METTRE EN QUESTION
C’est cette sorte d’influence spontanée mais essentielle qu’exerce aussi Cultures Maison. Francesco Defourny : « Oui, on voit des gens qui étaient encore aux études lors de la première édition revenir plus tard en tant qu’éditeurs. Ça a peut-être ouvert les yeux de certaines personnes sur ce qui était possible. Cultures Maison n’est pas à l’origine de tout, mais le festival favorise en tout cas ce genre de passions ». Cyril Elophe : « Notre objectif est aussi de créer des dispositifs qui favorisent les échanges de connaissance entre les éditeurs, de réseaux, de connexions… »

C’est une vision qui montre surtout que le modèle de rencontre de Cultures Maison est fondé sur le respect. Francesco Defourny : « À la base, il y a l’idée de l’accueil. On voulait réinventer un peu le modèle du festival, dans le sens qu’il fallait que les éditeurs repartent avec de l’argent. C’est pour ça qu’en plus de l’accès du public, les tables des stands sont elles aussi gratuites ici. De cette manière, l’éditeur peut s’en sortir financièrement et revenir l’année suivante avec de nouvelles productions ». Cyril Elophe : « Si à cause de problèmes avec les subsides on devait à un certain moment rendre l’entrée payante, alors on arrêterait. On est vraiment dans cette idée qu’on défend une production artistique et culturelle. Cultures Maison est un événement de soutien, on est là pour soutenir, donc à partir du moment où on commence à rentrer dans cette espèce de modèle commercial, on perd l’idée de base. Et on défend ça auprès du public, des pouvoirs subsidiants et des partenaires ».

Cette attitude critique caractérise l’équipe du festival et résonne avec le regard que Cultures Maison pose sur lui-même. Cyril Elophe : « Même si on fait ça depuis six ans et qu’on a acquis depuis une certaine assise, on envisage chaque année le festival comme un one-shot. Et chaque année on a envie de faire un peu mieux ». Francesco Defourny : « Il y a des festivals qui s’adressent aux familles, d’autres qui sont davantage tournés vers l’underground ou le trash, d’autres qui n’acceptent que les sérigraphies... Cultures Maison est fortement lié au rapport narratif, au regard sur le récit, la BD, l’objet. Il y a plusieurs facteurs qui ont défini la couleur de Cultures Maison, mais on a très vite eu l’idée qu’il fallait ouvrir grand les portes, sans pour autant montrer n’importe quoi. On n’est pas un marché. Chez nous il s’agit de contrastes, d’un équilibre : être suffisamment curieux et singuliers et en même temps laisser assez d’espace au public pour manœuvrer ». C’est ainsi qu’on crée une histoire sans fin.

LE BAL DES EXPOS
Cultures Maison explore l’univers de la BD sous de nombreuses formes. En plus d'une bourse qui glorifie l'amour du papier et du récit à travers une cinquantaine de stands (de The Hoochie Coochie ! La Crypte Tonique ! Bries ! L’employé du Moi ! Cuistax ! notamment), le festival propose aussi un concert, un débat, des conférences, la projection de dessins animés musicaux d’entre autres Joanna Lorho, Fanny Dreyer, Carl Roosens et de notre dessinatrice maison Noémie Marsily, plus une sélection d'expos de très bon goût (à visiter jusqu'au 20 septembre).

Bal de Promo
La palette des goûts des organisateurs ressort de manière la plus forte dans le Bal de Promo, où une brillante fraction du talent éditorial dont nous avons fait le tour à l'intérieur de nos frontières nationales reçoit une plate-forme. Chacune des dix structures éditoriales – fanzines, rebelles déjà établis, collectifs d'artistes ou auto-éditeurs – met en vitrine une de ses publications récentes.

Ça donne entre autres : la beauté indomptable des Animaux de distance de Paz Boïra (Frémok), les formes et monuments de Super-Structure, les formidables gris colorés de Victor Hussenot (La Cinquième Couche) et le travail rapide des éditions Vite. Un panorama limité, mais qui donne de l'élan pour plonger soi-même dans la richesse hyper diverse de l’édition belge.

Gwénola Carrère
L'an dernier, Gwénola Carrère nous a mis le cul par terre avec ‘Porte de l’Amour’, sa contribution au concours de courtes BD Brussels in Shorts organisé par Passa Porta: un trip psychédélique magnifique qui étendait radicalement les possibilités de la forme et de la couleur dans un récit qui relie une femme adultère et un amant pressé, et les années 1959 et 2024, à travers un passage secret dans l'hôtel Le Berger.

Ses dessins ont déjà orné nos couvertures estivales et ce numéro-ci bénéficie lui aussi de son unique signature. À Cultures Maison elle déploie son génie stylistique dans un projet qui puise librement son inspiration dans les fictions horrifiques grandioses de H.P. Lovecraft.


Laurent Dandoy
Ces dernières années, le récit autobiographique prend de plus en plus d'espace dans les rayons des magasins de BD.
Laurent Dandoy s'est frotté à cette exploration de soi visuelle et narrative extrêmement populaire à travers plus ou moins toute la gamme des possibilités d'édition: quand sont travail n'était pas publié dans des fanzines, des revues de BD, sur le net ou via la maison d’édition L’employé du Moi (Hypoxie et Le crépuscule des ballons de foot), il le sortait lui-même. À Cultures Maison, ce Carolo exilé à Bruxelles développe sa fascination pour les lieux oubliés et dédaignés.


Photos : Saskia Vanderstichele

CULTURES MAISON
11 > 13/9, Huis van Culturen van Sint-Gillis/Maison des Cultures de Saint-Gilles, www.culturesmaison.be

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