Jacques Lizène, maître de la médiocrité

Sam Steverlynck
© Agenda Magazine
27/05/2012
L’Atelier 340 n’est pas vraiment le white cube épuré où le beau monde vient siroter du champagne aux vernissages. Ce centre d’art est constitué d’une succession de pièces qui vous mènent de la cave au grenier à travers une série d’annexes. Pour le bon goût, vous êtes à la mauvaise adresse. Ici, ce sont plutôt la contestation, le chaos et la rébellion qui règnent. Le centre est géré depuis des lustres par Wodek, le « président-concierge ». Pour le moment, on peut y voir le travail de Jacques Lizène, artiste joliment dérangé qui s’épanouit particulièrement bien dans cette atmosphère. Lizène est le maître de l’autodérision. Il se désigne lui-même comme « un Petit Maître liégeois de la seconde moitié du XXe siècle », « un artiste de la médiocrité  ». L’Atelier 340 présente une sélection (très) limitée de son œuvre, qui offre un aperçu de son univers. À l’instar du dadaïsme et de Fluxus, la vie et l’œuvre s’entremêlent chez Lizène. À la fin des années 70, il a fait pratiquer sur lui une vasectomie en tant que « sculpture interne ». Il créé aussi des tableaux avec ses excréments. On peut en voir ici quelques exemples. La nature morte qu’il présente est elle aussi peu conventionnelle : quatre roses brisées en leur milieu, reposant dans de simples bouteilles d’eau de Javel. L’œuvre dégage une telle tristesse que, d’une certaine manière, cela en devient comique. Une bouteille de vodka, installée de façon muséale, est signée et dédicacée à Wodek. Dans un document encadré, Lizène renonce, par solidarité avec le centre d’art privé de subsides, à ses droits d’auteur pour trois cartes postales que Wodek peut éditer. Un geste magnanime ou une raillerie de la générosité suffisante de certains artistes ? Au-dessus de l’entrée de l’exposition est suspendu négligemment un dessin qu’il appelle lui-même un « dessin médiocre ». Enfin, il y a encore une vidéo où l’artiste donne une visite guidée de l’une de ses expos. D’après ce document, il semble qu’il soit aussi timbré que son œuvre le laisse supposer. On peut voir ailleurs le travail de plusieurs autres artistes. La plupart d’entre eux sont médiocres, mais hélas pas dans le sens de Lizène. L’endroit réserve pourtant quelques surprises, comme une esquisse de Tadeusz Kantor ou un phoque blessé de Pascal Bernier, bien présentés à l’étage de la cave.

Jacques Lizène > 20/6, di/ma/Tu > zo/di/Su 14 > 19.00, €1/5, ATELIER 340 MUZEUM, drève de Rivierendreef 340, Brussel/Bruxelles, 02-424.24.12, info@atelier340muzeum.be, www.atelier340muzeum.be

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