Art & Cinema : des films sur l'art avec brio

Ive Stevenheydens
© Agenda Magazine
11/05/2013
(Paul Delvaux, ou les femmes défendues)

Cinematek rend un hommage au film documentaire belge avec le triple DVD et la publication trilingue Art & Cinema. Des oeuvres percutantes de i.a. Henri Storck, Luc de Heusch et Paul Haesaerts sont rassemblées dans un objet-gadget éditorial au graphisme séduisant, accompagné de textes éclairants de Steven Jacobs.
DVD | Art & Cinema ●●●●
3 DVDs + livret, €47, www.cinematek.be

Les années 30, 40 et 50 ont été un âge d’or pour le documentaire artistique en Belgique. Des réalisateurs tels que Charles Dekeukeleire, André Cauvin, Paul Haesaerts, Pierre Alechinsky et, surtout, Henri Storck et Luc de Heusch, tous représentés dans Art & Cinema, abandonnent le simple enregistrement de l’art et des artistes pour expérimenter avec le cadrage, le montage, des voix off et de sons, essayant (ou non) de rendre compte de la sensation générée de l’oeuvre d’art étudiée. En 1939, André Cauvin fit sensation avec l’Agneau Mystique, un court chef-d’oeuvre qui traite du célèbre polyptyque des frères van Eyck. En commençant par un travelling panoramique de Gand, Cauvin bascule à l’intérieur de la Cathédrale Saint-Bavon et, ensuite, devant le retable dont il détaille avec une précision presque clinique tous les panneaux. Une voix off se limite à décrire de façon objective ce que l’on voit, sans interprétation, à l’exception de la conclusion. C’est du minimalisme avant la lettre. Rubens (1948) d’Henri Storck et Paul Haesaerts frappe lui aussi par son excellence. C’est encore une oeuvre phare car c’est la première fois que des cinéastes belges s’aventurent dans le domaine de l’analyse artistique. Tous les moyens sont utilisés avec brio: des split screens par lesquels les peintures de Rubens sont comparées à celles d’autres maîtres, une caméra mobile, presque dansante, et un montage en parallèle qui en impose beaucoup. En regardant les 18 oeuvres rassemblées dans Art & Cinema, on passe d’une surprise à l’autre. Nous trouvons aussi le Magritte ou la leçon des choses de Luc de Heusch (1960) sublime. Non seulement on y voit le peintre surréaliste nous parler de son travail, mais sont aussi magnifiques, et parfois, un peu malgré elles, amusantes les tentatives du réalisateur de souligner l’atmosphère surréaliste de son film. C’est ainsi qu’il fait défiler des nuages au-dessus d’un cimetière dans l’une des peintures ou qu’il recourt à des filtres bleu foncé afin d’évoquer un univers onirique. Le livret inclus dans le coffret contient des textes de Steven Jacob : clairs et suggestifs, ils nous apprennent beaucoup. Le design du coffret, noir et d’un rose éclatant, est à la fois strict et un peu flashy. En guise de conclusion : Art & Cinema est le meilleur DVD édité par Cinematek dans une série qui est déjà en soi formidable.

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