Renoir

Jusqu’à son dernier soupir, Pierre-Auguste Renoir a continué de peindre. Malgré ses doigts déformés, malgré les crises rhumatismales qui le font hurler de douleur la nuit. Ni le décès de sa femme ni les horreurs de la Première Guerre mondiale ne peuvent l’empêcher de peindre de jour la beauté. Il ne manque pas de lumière naturelle somptueuse ni de décors bucoliques : l’impressionniste français vit dans un domaine à la Côte d’Azur. Les filles de la région posent nues pour le maître. Sa dernière muse dans cette longue liste n’a pas sa langue dans sa poche. Andrée Heuschling inspire non seulement le vieux Renoir, mais elle plaît aussi à son fils, Jean Renoir, revenu blessé du front. Elle l’encourage à réaliser des films, avec elle dans le rôle principal. Cela ne sera pas sans effet, comme le sait toute personne disposant d’une connaissance basique de l’histoire du cinéma. Jean Renoir a réalisé plusieurs chefs-d’œuvre, comme La Règle du jeu. Mais dans le film de Gilles Bourdos, il est encore trop tôt pour cela. Jean Renoir doute. Le respect pour son père-artiste et le bon conseil de ce dernier de se laisser porter par la vie le paralysent. Le matériau n’est pas inintéressant, les trois personnages principaux ont une forte personnalité et les interprétations de Michel Bouquet, de Christa Theret et de Vincent Rottiers sont bonnes voire très bonnes. Mais Bourdos n’en fait pas grand-chose. Renoir déçoit dramatiquement. Ce qui ne veut pas dire que ce film gentil et sans risques ennuie. Le réalisateur a fait de son mieux pour faire de ce vieux peintre créant des tableaux idylliques... un tableau idyllique. Un film parfait pour oublier pendant deux petites heures à quel point cet hiver est humide et gris pour l’instant.

Renoir ••
FR, 2012, dir.: Gilles Bourdos, act.: Michel Bouquet, Christa Theret, Vincent Rottiers, 111 min.