| Simon Coulibaly Gillard : "En général, je pars seul avec ma caméra et mon micro. Je vis parmi les gens et j’essaie de raconter leur histoire."

Portret

Simon Coulibaly Gillard : 'Mes films me rapportent des expériences humaines très fortes'

Niels Ruëll
© BRUZZ
30/03/2022

Une île paradisiaque de la Côte d'Ivoire va bientôt disparaître avec la montée des eaux. Le réalisateur Simon Coulibaly Gillard, basé à Bruxelles, a fait impression avec Aya, un film à la fois important et sensible à propos d'une jeune habitante de l'île.

Simon Coulibaly Gillard décompte les jours avant la sortie sur grand écran de son premier long-métrage. Aya est le portrait d'une fille qui vit sur une île sans avenir. Le film a reçu un prix au Festival du Film de Namur et la première mondiale a eu lieu à Cannes en 2021 dans le cadre de la programmation des cinéastes ACID.

Gillard, qui est né à Kostenets en Bulgarie, fut adopté à un jeune âge par un couple français. "J'ai surtout grandi en Bretagne. Après quelques expériences à Rome et à Paris, j'ai changé mon fusil d'épaule. Je ne voulais plus étudier la nature et la technique, je voulais apprendre à faire des films. Une semaine après les examens d'entrée de l'école de cinéma l'Insas, j'ai déménagé à Bruxelles. Et je ne suis plus jamais reparti. Je me sens bien ici. Le monde du cinéma bruxellois est dynamique tout en étant moins intimidant qu'à Londres ou à Paris. Et dès mes premiers courts-métrages, j'ai reçu le soutien de partenaires comme la RTBF ou des festivals comme Filmer à tout prix ou le Festival de Namur."

Ma grande fierté est de faire connaître des histoires et des visages qu’on ne voit quasiment jamais sinon

Simon Coulibaly Gillard

Gillard puise son inspiration dans le Golfe de Guinée. "J'ai réalisé trois films au Burkina Faso, un pays voisin de la Côte d'Ivoire. Le premier était assez sensoriel et parlait de la transmission au sein d'une famille. Le deuxième était plus expérimental et suivait des chercheurs d'or qui vivent quasiment sous terre. Et le troisième, Boli Bana, mettait en scène le passage à l'âge adulte d'enfants d'un groupe ethnique nomade vivant du bétail, les Peuls."

Riche en humanité
Pour Aya, c'est à l'île de Lahou qu'il s'est rendu. "Lahou vit maintenant ce qui nous attend tous à l'avenir. Le niveau de la mer qui monte fait disparaître l'île. Ça me touche vraiment. Je n'utilise pas des chiffres pour mettre en avant la menace climatique car cela n'émeut plus personne. On ne peut que comprendre l'ampleur du problème lorsqu'on a de l'empathie pour les personnes concernées. C'est pour cela que j'ai décidé de me focaliser sur le regard d'une fille qui ne connaît rien d'autre que son île."

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Simon Coulibaly Gillard : "Aya est la première héroïne avikam de l’histoire du cinéma. Et j’en suis vraiment fier."

La jeune Marie-Josée Kokora n'avait encore jamais vu de caméra avant cela. "C'est ici en Belgique qu'elle a vu un film pour la première fois. Et elle y jouait même le rôle principal. En général, je pars seul avec ma caméra et mon micro. Je vis parmi les gens et j'essaie de raconter leur histoire. Les pêcheurs sont devenus mes techniciens. J'ai travaillé avec Marie-Josée pendant un an. On s'est réveillés dans la même maison et on a déjeuné ensemble pendant un an, ça crée un lien de confiance."

Ses films ne le rendent pas riche. "Mais mes films me rapportent d'autres choses. Des expériences humaines que je n'oublierai jamais. Ma grande fierté est de faire connaître des histoires et des visages qu'on ne voit quasiment jamais sinon. Les Avikams, le nom des habitants de cette île, ont leur propre langue, leur propre culture, leurs propres habitudes. Aya est la première héroïne avikam de l'histoire du cinéma. Et j'en suis vraiment fier."

AYA
BE, dir.: Simon Coulibaly Gillard, act.: Marie-Josée Kokora
Sortie au cinéma le 30/3

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