Babylon Circus : comme si c’était la première fois

Benjamin Tollet
© Agenda Magazine
17/01/2014
(© Hamza Djenat)

Babylon Circus est un groupe incontournable de la scène alternative française. Sur leur cinquième opus Never Stop, leur fusion de ska, de reggae et de chanson s’est épicée d’une pincée de rock. De quoi enflammer encore davantage les foules lors de leurs concerts explosifs.

Babylon Circus, c’est un rêve qu’on a fait il y a 20 ans et on ne s’est pas encore réveillés », déclare Manuel Nectoux, un des deux chanteurs du groupe avec David Baruchel. Et comme le confirme leur nouvel album, ils ne sont pas près de s’arrêter.

Dans votre nouveau clip Never Stop Running, on voit des gens courir sans fin. Courir, c’est comme un religion ?
David Baruchel : Oui, un peu. Babylon Circus a parcouru plein de bornes en 18 ans. On est pris dans une course folle, mais c’est nous qui la menons. Nous ne sommes pas dirigés par des forces centrifuges qui nous dictent le chemin. Never Stop, c’est parce qu’on n’a pas envie d’arrêter.

On ne ferait pas mieux de prendre un peu son temps au lieu de toujours courir ?
Baruchel : S’arrêter pour respirer ? J’aimerais savoir ce qu’est l’oxygène !
Manuel Nectoux : C’est devenu le titre de l’album parce qu’on ne s’arrêtera pas. C’est aussi une invitation pour tout le monde : n’arrêtez pas de croire en vos rêves, de danser, de vous aimer...

Vous voulez aussi passer un message plus engagé ?
Baruchel : C’est important mais ce n’est pas la base de nos textes. On ne veut pas dénoncer de manière journalistique.
Nectoux : Les chansons engagées, c’est plutôt malgré nous, car on parle de choses personnelles.
Baruchel : Pour faire une bonne chanson, il faut raconter une histoire. Le propos doit être en filigrane, chacun doit pouvoir se l’approprier de manière différente. Souvent, a posteriori, j’entends des interprétations de chansons que je n’aurais même pas imaginées. Dans ce cas-là je suis content, c’est une réussite.
Revenons aux clips. Il paraît que vous avez aussi une autre religion : Never Stop Drugs.
Nectoux : C’est pour rigoler. On s’est demandés s’il fallait diffuser cette vidéo, car c’est tellement trash et violent.
Baruchel : Comme Never Stop Running, le clip est composé d’extraits de films. À la fin, c’est l’escalade, ça finit sur Trainspotting et Requiem for a Dream, la séquence où il plante la seringue.
Nectoux : Il y a plusieurs clips du premier single, il y en a aussi un sur la sur-consommation, Never Stop Consuming, mais il a moins tourné, probablement parce que c’est plus politique. C’est bizarre, quand on plaide pour une cause, ça ne tourne pas...

Les drogues douces restent un tabou en France ?
Nectoux : En France, la critique est un sport national. J’ai l’impression que c’est comme ça qu’on se rend important. À l’étranger, on découvre beaucoup plus d’enthousiasme. En France, il y a un carcan. Et pour moi, tout ce qui pourra briser ce carcan est bon.
Baruchel : On parle très peu des méfaits de alcool.
Nectoux : Et puis les gens fument, prennent des antidépresseurs... Les Français sont les premiers consommateurs de médocs au niveau mondial. C’est peut-être pour ça que les drogues douces sont un tabou. Comme ça, on ne parle pas de ce qui fâche.

Vous avez fait 1.500 concerts en 18 ans. C’est énorme !
Nectoux : Et ça ne fait que commencer ! À chaque nouvelle page, on se considère au début, au commencement.
Baruchel : Sur scène, c’est important de surprendre, de monter comme si c’était la première fois. C’est comme une rencontre amoureuse, avec le jeu de séduction envers le public. Il ne faut jamais oublier que ça pourrait être la dernière fois. Il pourrait y avoir une maladie bactériologique, on pourrait passer sous un camion ou simplement s’engueuler. On ne s’arrêtera que quand on se lassera, car sans amour ça ne marche pas. Mais on n’arrête pas de s’aimer, ça c’est sûr ! (rires)



Musicalement vous vous dirigez plus vers la pop. D’où vient cette évolution ?
Nectoux : On n’a pas forcément voulu changer, mais en essayant de faire la même chose, à vouloir reproduire pour plaire aux fans, on se serait menti à nous-mêmes.
Baruchel : On n’a jamais arrêté de travailler, de découvrir ensemble et d’expérimenter.
Nectoux : On a longtemps été une fanfare balkanico-punk. Dès qu’on rend ça un peu plus simple, les gens disent que ça devient pop. Mais c’est quoi « pop » ?
Baruchel : Populaire ?
Nectoux : Si c’est ça, je suis preneur. On n’a jamais eu peur de perdre notre identité, on sait qui on est. Si on joue un morceau en valse, en reggae ou en techno, ce sera toujours du Babylon Circus.

Les ados de Babylon Circus sont devenus adultes ?
Nectoux : Oui. (rires) Ou au contraire, des ados qui ne veulent pas devenir adultes !
Baruchel : Par rapport à Never Stop, on nous dit que c’est plus rock, on dit plein de choses. Je vois plutôt ça comme une photo, un instantané. On ne fait pas d’analyse ou d’étude marketing avant de se lancer dans l’écriture ! Quelque part, c’est aussi un retour aux racines, vers nos premières influences musicales et textuelles. Ce qui en fait un album plus organique, plus brut et plus épuré. On s’est posé la question : qu’est ce qu’on doit garder de la chanson pour qu’elle prenne tout son sens, pour qu’elle brille ? C’est un exercice difficile.

Il y a plusieurs collaborations, avec Leeroy (ex-Saïan Supa Crew) et Polo (The Satellites). Qu’est-ce qu’ils apportent à votre musique ?
Nectoux : Plus que des guests, ce sont des auteurs. On leur a demandé d’amener un texte. On a trouvé cette démarche super enrichissante pour l’album et pour le groupe. Avec des plumes différentes, on atteint plus de profondeur et de relief. Les guests ont réussi à sortir des choses qu’on avait dans le bide, mais tellement profond qu’on n’arrivait pas à les faire sortir.
Baruchel : Comme le texte de Demain dehors, qui parle du prisonnier et du maton. J’y tiens beaucoup car mon père a fait pas mal de prison. Mais je n’ai jamais su écrire un texte sur ce sujet, par peur de l’inconnu. Leeroy a osé faire ce que je n’osais pas. On a donc pu se nourrir du savoir-faire des autres.
Nectoux : On a pu grandir artistiquement, intellectuellement, spirituellement.

BABYLON CIRCUS • 23/1, 20.00, €21/24, Ancienne Belgique, boulevard Anspachlaan 110, Brussel/Bruxelles, 02-548.24.24, www.abconcerts.be

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