Jeronimo: zinzin mais pas fou

Nicolas Alsteen
© Agenda Magazine
18/12/2013
On pensait que Jeronimo avait enterré la hache de guerre, qu’il avait donné raison au titre de son premier album, Un monde sans moi, sorti en 2002. Finalement, il n’en est rien. L’artiste signe son retour. Plus vivant que jamais, plus discret aussi, Jeronimo a attendu cinq longues années avant de se réinventer.

Sur Zinzin, son quatrième effort, Jeronimo explore la Belgique, de ses bords de mer (Irons-nous voir Ostende ?) à ses héros (La mort solitaire de Frank Vandenbroucke). Poète du normal (Pieds nus dans l’Aube), chantre du paranormal (John Lennon s’est suicidé), Jeronimo a décidément plus d’une corde à son arc.

En 2010, vous annonciez la fin de Jeronimo. Tout semblait terminé et puis, soudain, vous revenez avec un nouvel album. Pourquoi ?
Jeronimo : Quand j’ai annoncé mon retrait, je pensais sincèrement que tout était fini... À l’époque, cet arrêt était nécessaire. J’étais fatigué, je manquais de jus et je n’avais plus d’idées pour de nouvelles chansons. J’ai donc sabordé Jeronimo pour me concentrer sur d’autres activités. J’ai notamment composé un disque instrumental et accompagné quelques artistes à la guitare. J’ai joué avec Mark Gardener (Ride), Jacques Duvall, Marc Morgan, Marie-France, Marc Dixon ou Lio. Ce travail de l’ombre me convenait parfaitement. Mais à force de jouer avec tous ces gens, le virus est revenu. Au bout d’un moment, j’avais envie d’écrire mes propres chansons : la flamme était rallumée.

Un temps, vous avez marché sur les sentiers de la gloire avant de vous faire gentiment oublier. Vos ambitions ont-elles évolué ?
Jeronimo : Sans aucun doute. Mais ça n’a pas été un travail facile. J’ai dû prendre du recul, j’ai totalement reconsidéré ma façon d’aborder les choses. À mes débuts, j’ai signé deux albums, fricoté avec les Majors et joué des concerts de Paris à Montréal. Tout ça m’a amené à développer une attitude conquérante. Avec l’âge, j’ai commencé à souffrir de ce comportement. J’aspirais à quelque chose de plus terre à terre : jouer de la musique, travailler l’écriture et perfectionner ma technique à la guitare. Aujourd’hui, j’apprécie ma liberté. J’aime pouvoir choisir où et quand je joue sans devoir répondre aux impératifs d’une maison de disques.
Combien de temps a nécessité la mise en œuvre du nouvel album ?
Jeronimo : Je me suis enfermé pendant trois semaines dans l’église du village de mon enfance. En sortant de là, j’ai passé un coup de fil aux responsables de mon label en leur expliquant que je venais d’enregistrer un album. Je n’ai jamais été aussi vite de ma vie pour faire un disque. Zinzin est sorti en toute discrétion, sans tapage promo. C’était volontaire : je voulais que sa publication concorde avec la décontraction de son processus de fabrication.

Une certaine belgitude traverse les chansons de Zinzin.
Jeronimo : J’aime situer mes personnages et les situations dans un lieu précis. C’est une façon de planter le décor. Sur cet album, j’avais envie d’évoquer la Belgique. Je trouve qu’on ne parle pas assez de notre pays. Et ça m’énerve un peu. Parler de son environnement direct, ça fait vivre la musique. C’est à la base du blues et de la musique country. Pour certains, Tucson est plus romantique qu’Ostende ! Moi, je trouve que Gand est plus exaltante que Los Angeles. Dans ma chanson Irons-nous voir Ostende ?, je chante « Je passerai te prendre, avaler l’E40 ». Un journaliste français m’a demandé si l’E40 était un médicament… Je trouve ça dingue que tout le monde connaisse la Route 66 mais pas l’E40. C’est quand même la plus longue autoroute d’Europe : elle va de Calais jusqu’au Kazakhstan. C’est fou, non ?

Jeronimo + Marc Dixon • 20/12, 19.30, €13/16, Botanique, Koningsstraat 236 rue Royale, Sint-Joost-ten-Node/Saint-Josse-ten-Noode, 02-218.37.32, www.botanique.be

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