Alaska : madeleine musicale

Nurten Aka
© Agenda Magazine
23/09/2012
« Nous venons tous au monde amnésiques, et un certain nombre d’entre nous le quittent de la même façon », écrit Patrick Masset, chef d’orchestre d’une équipée théâtrale réunissant circassiens, chanteuse lyrique, comédiens et marionnette. Au cœur d’une scénographie blanche sculptée par Johan Daenen, la belle équipée infiltre le mystère de la mémoire qui vibre et revit au son d’une musique. Mémoire et musique : le couple singulier d’Alaska tente de nous emmener dans la complexité du monde où la vie peut être ailleurs, parmi les fantômes de la mémoire.

Pourquoi et comment, une pièce sur la mémoire ?
Patrick Masset : Interroger la mémoire est quasi une mode chez les scientifiques et les artistes. On trouve beaucoup d’écrits sur le cerveau. J’avais envie de travailler sur le rapport à l’oubli, la mémoire et la musique. Le décalage avec le réel que la mémoire provoque et sa relation avec la musique. Quels liens se tissent, autant chez les gens normaux que chez les soi-disant « anormaux » ? Par exemple, la musique permet à des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer de raviver des souvenirs, de re-venir à la mémoire. Mais loin du propos scientifique, le spectacle est un voyage imagé, une écriture globale qui intègre le chant, le mot, le corps, la musique pour approcher, en différentes focales poétiques, un monde complexe.
Quelle est la place de la musique ?
Masset :
C’est une création sonore omniprésente de Jean-Pierre Urbano, avec des moments très différents : de la musique contemporaine, du classique, de la pop, du baroque… Avec aussi quelques « tricheries » où l’on aura l’impression que la musique est jouée « live » alors que non, et vice-versa. On utilise également des micros qui permettent par exemple à un chant lyrique d’être murmuré, chuchoté. Le spectacle est proche de l’oratorio. C’est en vases communicants. La question de savoir comment on peut traiter la musique dans un spectacle va de pair avec l’interrogation d’Alaska : comment la musique peut-elle aider un homme à vivre ?
Un hommage à la musique ?
Masset :
Plutôt un hommage à ce qui nous relie à la musique. Qu’est-ce qui se passe entre l’homme et la musique, dans son rapport à l’oubli, au temps qui passe, jusqu’à la mort qui parfois s’enterre sur un fond de musique.
Cela va être sombre et morbide ?
Masset :
Pas vraiment. Alaska est une « fable blanche » comme l’écrit le Varia. Un voyage dans la réalité de quelqu’un qui est dans l’oubli, qui s’est arrêté, qui a eu un accident, ou est mort… On entre dans des réalités imaginaires. Loin d’être sombre, on va vers un endroit « protégé » où chacun entre et sort à sa manière dans le spectacle. Ce que permet la scénographie de Johan Daenen : c’est presque une sculpture en mouvement, une salle de musée blanche qui bouge…
Pourquoi ce titre ?
Masset :
L’Alaska est un endroit que tout le monde a l’impression de connaître et d’aimer. C’est le lieu le plus vide où tout est possible et où rien n’existe. C’est un peu le propos du spectacle.

Alaska 27/9 > 13/10, 20.30 (wo/me/We: 19.30), €10/12/15/17/20, Théâtre Varia, Skepterstraat 78 rue du Sceptre, Elsene/Ixelles, 02-640.82.58, reservation@varia.be, 
www.varia.be

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