Jacques Gamblin : tout est rythme

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
09/03/2013
Le comédien Jacques Gamblin a écrit un hommage au jazz qu’il interprète sur scène en compagnie du sextet de Laurent de Wilde. Une rencontre joyeuse et singulière, poétique et organique.

Votre spectacle se situe à la croisée des genres ?
Jacques Gamblin : J’ai toujours aimé brouiller les frontières. C’est un spectacle complètement singulier, où la voix, les sons et les mots sont devenus des instruments. C’est un hommage à un jazz ouvert, qui ne colle pas à la tradition. On s’ouvre au funk, au groove et c’est surtout très joyeux. Il y a du théâtre, de la musique. J’aime bien surprendre le public en lui donnant ce qu’il n’attend pas.

Vous prenez plaisir à improviser ?
Gamblin : Tout le texte est écrit mais dans l’interprétation, je suis toujours à l’écoute des musiciens. Toutes ces techniques d’improvisation, ce lâcher prise, je les pratique depuis longtemps dans l’écriture de mes spectacles. Tout est né d’improvisations pour chercher la matière qui nourrit mes textes. Je pars de rien, d’un enregistreur où je balance tout ce qui me vient.

Votre performance tangue entre parlé et chanté. C’était nouveau pour vous ?
Gamblin : J’ai écrit des chansons, il y a quelques années, mais dans l’écriture des mes spectacles, j’ai toujours eu le souci des sonorités, des jeux de mots. J’aime les phrases compactes, poétiques. J’écris rythme, je joue rythme. Les premiers instruments que j’ai appris, c’étaient des percussions. Le jeu d’acteur est aussi de la rythmique, de la syncope, des contretemps. Tout est rythme, c’est en moi. Pour ce spectacle, on a cherché à ne pas coller mes mots à la rythmique musicale, c’est plutôt le contraire. Après, il y a tous les heureux hasards et les surprises que l’on se crée en jouant ensemble.
Vous en avez « plein le cul » du doigté, dites-vous ?
Gamblin : C’est une allusion à la méthode classique pour apprendre le piano. Ça m’a saoulé, de la même manière que l’école me saoulait. J’ai toujours été plus à l’aise dans la transmission orale. Je n’ai jamais rien appris dans des cours ou dans des livres. Tout ce que je pratique, je l’ai appris sur le tas, ou plutôt sur les tas. Au départ, j’étais technicien et j’ai appris en regardant les acteurs jouer. Je suis toujours dans un rapport pragmatique et concret avec mon métier. On essaie des choses, on réfléchit sur ce qu’on vient de faire et puis on choisit la meilleure solution.

Vous présentez aussi à Bruxelles La nuit sera calme, un spectacle consacré à Romain Gary. Un écrivain jazz ?
Gamblin : Gary est un auteur qui a toujours cherché la surprise, dans sa vie comme dans son écriture. J’ai choisi un texte moins connu qui est un livre d’entretiens, de faux entretiens où il s’amuse à se poser des questions à lui-même, sur la politique, sur l’écriture, sur son parcours. Il le fait avec cette humanité, cette élégance et cette politesse de la colère qui le caractérisent. C’est une parole qui fait du bien et qui n’a pas vieilli d’un pouce.

Gamblin Jazze De Wilde Sextete 14 & 15/3, 20.30, €23/31/35 & La nuit sera calme 16/3, 20.30, €16/21/23/25, Wolubilis, cours Paul-Henri Spaakpromenade 1, Sint-Lambrechts-Woluwe/Woluwe-Saint-Lambert, 02-761.60.30, www.wolubilis.be

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