Jean-Luc Piraux croque la mort

Catherine Makereel
© Agenda Magazine
16/01/2015
Poète lunaire qui fait pousser la poésie là où on ne l’attend pas, le comédien Jean-Luc Piraux plante son imaginaire désarmant au Théâtre Varia en trois plates-bandes : les reprises de Faut y aller ! et En toute inquiétude, après la création de Six pieds sur terre, pied de nez à la vieillesse et à la mort.

Son univers est celui d’un clown tendre, miroir comique de la tragédie ou miroir tragique de la comédie, on ne sait plus très bien. Toujours, son imaginaire abrite des personnages d’une fragilité pleine de sagesse, comme Marie, vieille dame anarchiste vivant petitement mais pleinement, insoumise des temps modernes dans Faut y aller ! Avec En toute inquiétude, Jean-Luc Piraux débroussaille les branches noueuses qui se sont enlacées autour d’une figure centrale, son père, chêne et roseau tout à la fois. Dans Six pieds sur terre, l’auteur et comédien de 55 ans chemine enfin vers la mort, en solo toujours, mais avec une myriade de références.

Comment rendre joyeux le thème de la vieillesse et de la mort ?
Jean-Luc Piraux : Nous avons rencontré des gens, entre les homes et les soins palliatifs, où l’on a récolté une matière qui est loin d’être drôle au premier degré, mais je me suis rendu compte qu’il y avait une forme de gaieté car l’outil de la pudeur, dans la confidence, c’est souvent l’humour. Dans le spectacle, je raconte ces gens, mais aussi l’angoisse de personnes vieillissantes, dont je fais partie. Je pars des angoisses de Monsieur Tout-le-Monde mais je me suis aussi nourri de proches qui sont morts ou qui sont en passe de mourir. Jusqu’où accepter la déchéance, le gouffre vertigineux ? Jusqu’où se sent-on respecté ? Que lègue-t-on aux gens, à l’humanité ? Tout cela m’interpelle mais de façon joyeuse dans le spectacle.
(En toute inquiétude © Thierry Van den Eynde)

Depuis votre premier spectacle, vous vous penchez sur les héros ordinaires. Vous semblez chercher la poésie là où la vie ne paie pas de mine...
Piraux : Je donne la parole aux gens qui ne l’ont pas. Les gens qui vont vers la mort n’ont pas la parole. On ne peut pas dire que la vieillesse ait le vent en poupe dans notre société. Pourtant, tout le monde devient un héros face à la mort. On devient Don Quichotte. Les plus petites choses de la vie prennent soudain plus d’importance. Une promenade n’est pas exceptionnelle dans la vie de tous les jours, mais quand vous le faites avec quelqu’un qui va mourir, partager la beauté d’une fleur, c’est une façon de lui dire qu’on l’aime.

Vous êtes seul en scène mais il y a toute une équipe derrière vous .
Piraux : Je viens avec la matière que j’ai écrite et je la présente à mon équipe : Olivier Boudon, le metteur en scène, Brigitte Petit, mon épouse, Anne-Marie Loop, Didier de Neck et Marianne Hansé, qui sont en quelque sorte garants pour que je reste proche de moi-même. Ils m’aident à trouver le fil rouge qui, en l’occurrence, s’est avéré être le vieillissement et la timidité qu’on peut avoir face à cela.

SIX PIEDS SUR TERRE • 22/1 > 7/2 FAUT Y ALLER ! • 10 > 12/2 EN TOUTE INQUIÉTUDE • 13 & 14/2, 20.00, €6 > 20, Petit Varia, rue Graystraat 154, Elsene/Ixelles, 02-640.82.58, www.varia.be

Fijn dat je wil reageren. Wie reageert, gaat akkoord met onze huisregels. Hoe reageren via Disqus? Een woordje uitleg.

Read more about: Podium

Iets gezien in de stad? Meld het aan onze redactie

Site by wieni