Lazare Gousseau arrête de courir

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
18/04/2014
L’histoire de La Course, première pièce et seul en scène du comédien Lazare Gousseau, est celle d’une panne qui provoque un nouveau départ. Dans cette échappée un peu délirante d’un homme entouré de quatre femmes, il y a surtout l’envie de goûter au poids de la légèreté.

En route pour rejoindre son père dans son village natal à l’autre bout de la A77, Adolphe doit arrêter sa course suite à une panne de voiture. Et le voilà parti dans une échappée à travers champs, entouré de quatre femmes bien décidées à ne pas lui lâcher la grappe. Sur cette trame, la première pièce de Lazare Gousseau offre au comédien un seul en scène où il prolonge un moment léger et innocent, un moment où enfin on aurait décidé de faire les choses autrement.

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire cette première pièce ?
Lazare Gousseau : L’envie me trottait en tête depuis un an ou deux. Il y a sans doute un côté narcissique à assumer, mais je suis d’abord acteur et ma première envie d’acteur, c’est de rire. Et si possible, de le partager avec les spectateurs.

Qu’est-ce qui vous fait rire ?
Gousseau : J’aime bien les choses qui tombent au mauvais moment, quand quelqu’un dit tout haut ce que les autres pensent tout bas. En tant qu’acteur et auteur, je suis dans une position privilégiée pour dire des choses que je n’aurais pas dites en dehors de la scène.

Dans le résumé de la pièce, la mort apparaît quatre fois...
Gousseau : S’il est question de la mort, ce n’est pas de la mort physique. C’est un texte qui raconte la fin de la jeunesse. Il y a là-dedans une part d’exorcisme. La fin de quelque chose est toujours le début d’une autre et l’occasion d’essayer de faire les choses autrement.

C’est un éloge de la fuite ?
Gousseau : Ce serait plutôt l’inverse. Fuir, c’est ce qui nous caractérise comme civilisation : ne pas se regarder soi-même, occulter, se planter la tête dans le sable, toujours avancer comme des bulldozers, fracturer la terre pour trouver du gaz de schiste... C’est aussi parce que le rapport au temps est adolescent et narcissique. On a la vie devant soi, on est invincible. Alors à l’inverse de fuir, pourquoi ne pas s’exposer, demander qu’on nous dise si ça va, ou ce qu’il faudrait changer ?

Pour changer, on doit pouvoir goûter à la légèreté ?
Gousseau : Il y a un poids dans les choses légères, dans les anecdotes et dans les émotions de surface. Au contraire, quand on veut nous parler de choses graves qui se passent trop loin, ça ne nous atteint pas, ça n’a aucun poids.

Votre personnage est entouré de quatre femmes. La légèreté serait-elle plus féminine ?
Gousseau : C’est un projet qui s’est imposé. Je ne sais pas pourquoi, mais ce ne sont jamais les personnages masculins qui sortent. Le personnage de L’Hawaïenne, mon premier court métrage, est une fille. Dans la vie, j’aime observer et les filles font partie de ce qui est agréable à regarder. Mon personnage est content d’être entouré de filles mais en même temps, elles l’encombrent. Ce sont des rapports contradictoires.

Comme vous êtes seul en scène, vous passez d’un personnage et d’un registre à l’autre, c’est un cadeau à l’acteur ?
Gousseau : J’ai écrit en sachant que je jouerais seul. Sans me préoccuper de savoir si c’était faisable. J’avais envie qu’on ne sente pas trop le théâtre. Je voulais quelque chose qui parle aux gens et qui puisse être joué partout. J’ai commencé par tester le texte en lecture dans des bistrots en pensant à l’énergie d’un concert. Sur scène, je serai accompagné par Renaud Garnier-Fourniguet. Un gars qui parle et un autre qui joue de la guitare, ça correspond à un fantasme un peu rock.

LA COURSE • 22 > 26/4, 20.00, €8/12, Théâtre de la Vie, Dwarsstraat 45 rue Traversière, Sint-Joost-ten-Node/Saint-Josse-ten-Noode, 02-219.60.06, www.theatredelavie.be

Fijn dat je wil reageren. Wie reageert, gaat akkoord met onze huisregels. Hoe reageren via Disqus? Een woordje uitleg.

Read more about: Podium

Iets gezien in de stad? Meld het aan onze redactie

Site by wieni