Le morceau de bravoure de Sabine Durand

Catherine Makereel
© Agenda Magazine
30/01/2015
(© Hichem Dahes)

Ce n’est plus un morceau de théâtre, c’est un morceau de bravoure. En s’attaquant à Käthchen de Heilbronn ou l’épreuve du feu d’Heinrich von Kleist, Sabine Durand se mesure à une montagne, une pièce qui tient à la fois du conte de fées, de la chronique médiévale, du roman policier, de la légende de cape et d’épée, du poème mystique et du romantico-fantastique. Pourquoi la petite Catherine a-t-elle un jour tout quitté pour suivre comme une somnambule le comte von Strahl ? La fille d’un simple armurier peut-elle prétendre épouser un aussi noble chevalier ? Sauront-ils déjouer les plans de la magnifique et maléfique Kunigunde ?

Qu’est-ce ce qui vous a séduite dans cette œuvre de Kleist ?
Sabine Durand : La force du désir mystique et de l’amour susceptible de modifier le réel, de le transfigurer depuis des sentiers très lointains, enfouis très profonds dans l’inconscient. C’est l’histoire de la réémergence du sentiment amoureux, secret, mystérieux qui revient du plus loin de l’imaginaire pour traverser différentes couches du réel. Ce n’est pas la plus nette, ni la plus cadrée des pièces de Kleist, mais plutôt une pièce tentaculaire, ce qui me plaît car on peut y faire son chemin. J’aime les textes qui comportent différents registres de jeu. Je voulais creuser ce désir qui refait surface, resurgit dans le réel, dans une atmosphère mystérieuse, mettant en présence le temps de l’inconscience et pas seulement le temps de la péripétie et de l’anecdote. Comme si la péripétie révélait les mystères de l’inconscient.

Comment traduire sur scène cette épopée chevaleresque dans un Moyen-Âge de fantaisie ?
Durand : C’est la photographie d’un imaginaire. On n’est pas du tout dans la reconstitution historique du Moyen-Âge même si on considère les aspects du Moyen-Âge et du conte, car il s’agit bien d’un conte avec un chevalier, une princesse, une gentille petite fille - une fille d’armurier qui se révèle être la fille de l’empereur - et une histoire qui finit bien. C’est une photographie du désir et de ses perturbations. On travaille sur un espace-temps qui brouille le réel, le temps du désir. L’enjeu est de tenir le récit et de faire sentir en même temps que ce récit n’est que le révélateur de paysages inconscients.

Quel a été le travail sur cette langue en vers et en prose ?
Durand : Ce qui est très présent dans le langage, c’est qu’il révèle un espace intérieur. Même les informations concrètes passent par la métaphore onirique. On peut se casser la figure si on cherche à signifier les lieux, à moins d’être à l’opéra ou au cinéma. C’est une pièce où l’on traverse des fleuves et des précipices, on croise des châteaux, on galope à cheval. Les lieux sont surtout des lieux de fantasmes. Le langage est toujours passé au crible de l’imaginaire. C’est une épopée pas tant fantastique que fantasmatique.

KÄTHCHEN DE HEILBRONN OU L’ÉPREUVE DU FEU 3 > 7/2 & 10 > 14/2, 20.30, €5/6/9/12/15, Théâtre la Balsamine, avenue Félix Marchallaan 1, Schaarbeek/Schaerbeek, 02-735.64.68, www.balsamine.be

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