Les 1001 Nuits sur scène

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
18/09/2013
En plus de 25 ans, la metteuse en scène Dominique Serron et sa troupe de l’Infini Théâtre ont déjà revisité avec succès Marivaux, Lewis Caroll, Nabokov, Shakespeare ou encore Boccace. Elles s’emparent aujourd’hui du recueil de contes arabes Les Mille et Une Nuits pour en restituer sur scène le goût d’aventures, de mystère, de magie et de sensualité.

Comment aborder Les Mille et Une Nuits aujourd’hui ?
Dominique Serron : Dès le début, il nous est apparu que nous n’allions pas jouer sur l’exotisme. Si on monte Les Mille et Une Nuits aujourd’hui, il nous faut passer par un filtre entre ces contes et le monde contemporain. On a imaginé un homme plongé dans la crise de la quarantaine qui organise une fête pour inaugurer son nouvel appartement. Quand il soupçonne sa femme d’infidélité, tout s’assombrit. C’est par la lecture des Mille et Une Nuits qu’il va entrer dans le conte. Dès qu’il se met à lire, le conte prend vie et apparaissent alors le sultan Sariyâr, les femmes qu’il a assassinées et la belle Shéhérazade. Il part à la recherche de sa femme qu’il a cru apercevoir. En suivant le fil de la narration incarné par Shéhérazade, il va vivre un voyage au cœur de sa vie. À l’issue d’une seule nuit, il en aura vécu mille et une et traversé une transformation complète qui va le conduire à la paix, à la jouissance et au désir.

Et tout ça grâce à la magie de la fiction ?
Serron : Le monde de l’imaginaire et de la fiction n’appartient pas seulement à l’enfance. L’imaginaire nous englobe tous. L’être humain a besoin de la fiction pour tenir debout. Nous nous bâtissons autant sur nos chimères et nos fantasmes que sur ce qui constitue notre concret matériel.

Shéhérazade est un personnage féministe selon vous ?
Serron : Elle est souvent présentée comme une femme soumise qui se contraint à utiliser des subterfuges pour échapper à la mort. Ça, c’est une vision, mais on est ici dans le registre du conte avec sa mécanique et sa représentation. Shéhérazade n’a pour moi rien d’une femme soumise, c’est au contraire une figure rebelle. Elle défie l’autorité de son père et puis celle du sultan. En plus, elle a étudié quantité de livres, elle connaît les paroles des sages et elle a de grandes capacités narratives. La fable ne nous montre pas comment un homme violent obligerait une femme à négocier pour avoir le droit de vivre, mais bien comment une jeune fille exceptionnelle va parer à la violence des hommes armés par l’unique usage des mots et des fables.
Dans ces contes, il y a une matière jouissive qui appelle la mécanique théâtrale.
Serron : La notion de déguisement est éminemment théâtrale, tout comme l’est la métamorphose avec la distorsion du temps. Dans ces contes, il y a les personnages magiques, les malédictions, les revenants, la sensualité. J’ai trouvé dans la structure énormément de parallèles avec Lewis Caroll. J’ai monté Le Conte d’hiver de Shakespeare et j’y sens les références du conte. Dans le spectacle, on a essayé d’inclure cela, de faire sentir que la théâtralisation de la littérature s’est enrichie avec Les 1001 nuits.

Les 1001 Nuits 19/9 > 20/10, 20.15 (zo/di/Su: 15.00), €5 > 31, Théâtre Royal du Parc, Wetstraat 3 rue de la Loi, Brussel/Bruxelles, 02-505.30.30, www.theatreduparc.be

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