Odyssées : Ulysse, Antigone et Jason sont sur un bateau...

Nurten Aka
© Agenda Magazine
14/09/2012
(Photo de répétition © Angela Ferramosca)

Pour traverser les mers et affronter la forteresse européenne, ils portent les prénoms de la mythologie occidentale - Ulysse, Jason, Médée, Antigone... Non sans humour, Odyssées tente de renverser les regards sur l’immigration clandestine.

Extrait de la pièce : « T’as trop de route dans la gueule. Ça fait tout de suite clando… / Et où trouver une tête réglo ? / Un type réglo ne se pose pas de questions. Il déjeune à l’heure du déjeuner, dîne à l’heure du dîner, chie en catimini, n’étale pas sa merde, rit quand les circonstances s’y prêtent, ne se fait pas prier pour se rendre à l’évidence. Transparent, il marche au bord de la vie, observe tout et passe inaperçu »… Texte vif, Odyssées est écrit par Gustave Akakpo, auteur-acteur togolais de 36 ans, en résidence au sein de la Compagnie française Hercub’, qui présente ce spectacle au Théâtre de Poche. Celui-ci invite le public « à refaire le monde dans la salle du théâtre mais aussi au bar après le spectacle », avec deux débats en collaboration avec La Ligue des Droits de l’Homme. Convivial et engagé, le Poche ouvre donc sa saison en bonne cohérence. Rencontre avec le metteur en scène et interprète Michel Burstin.

Vous prenez les clandestins pour des héros. Pourquoi?
Michel Burstin: On a voulu renverser l’image de l’immigration clandestine avec ses gens nécessairement « en perte ». On en a fait des héros des temps modernes, qui partent à l’aventure, dans le but non pas d’être portés par l’Autre, mais d’apporter à l’Autre. Ils embarquent dans des rafiots de fortune et décident de changer leur identité. Ils prendront les noms de la mythologie et la force de l’héroïsme…
Odyssées joue sur des paysages et des dizaines personnages. Comment cela prend-il place sur scène?
Burstin: Il y a un train, un camion, la terre, la mer, un marché, un plateau de télévision… On est dans un décor « multi-transformable » à vue, par les comédiens, sans vidéo. La scénographie de Jack Percher est une boîte à jouer, avec sept comédiens et la musique live de Max Vandervorst, qui crée des instruments à partir d’objets qu’il transforme… C’est une machinerie théâtrale qui nous aide à voyager d’un continent à l’autre, de la mer à un plateau de télévision. La pièce joue sur des péripéties et des basculements.
Odyssées critique l’Europe?
Burstin: Il y a un rapport certain à l’actualité. Une scène se passe à Ceuta. On lit aussi un extrait du Pacte européen sur l’immigration et l’asile. Mais, évidemment, on n’est pas dans le cliché « les méchants Européens et les gentils Africains ». On est simplement face à l’humain. D’ailleurs, parmi la pléthore de personnages, on retrouve des Africains exploiteurs qui tentent de négocier entre eux un camion plein de clandestins.
Les artistes ont parfois peur de s’affirmer dans du «théâtre politique qui dénonce». Comment vous situez-vous?
Burstin: On raconte, on dénonce mais on reste au théâtre. C’est une odyssée avec des personnages hauts en couleur comme une « Mama Benz », ces femmes africaines qui voyagent dans des vieilles Mercedes et qui font commerce de tout… Le spectacle dénonce avec l’humour plutôt que la morale.

Odyssées
18/9 > 13/10, 20.30, €8/11/13/16,
Théâtre de Poche, Gymnasiumweg 1A chemin du Gymnase, Ter Kamerenbos/bois de la Cambre,
Brussel/Bruxelles, 02-649.17.27, info@poche.be, reservation@poche.be, www.poche.be

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