Terrain Vague : quand la mère a débordé...

Nurten Aka
© Agenda Magazine
01/02/2013
(© Quentin Marteau)

Après L’homme du câble et Toutes nos mères sont dépressives, Thibaut Nève poursuit - par l’humour - ses pièces sur les mères, éternel sujet qui pourrit la vie de certains…

Il y a des mères « assistées » qui soûlent leurs enfants. Comment s’épanouir avec cet héritage : être la mère de sa mère ? Céline, le personnage central de Terrain vague, vogue là-dedans, avec une mère qui se vit « aveugle ». La fille est encore coincée dans cet espace maternel proche du quart-monde wallon. Pourtant, elle vit avec son amoureux, Quentin, et a même un bébé. Pas de sinistrose : Thibaut Nève, jeune auteur belge, comédien de formation, a la plume drôle. Complice, la comédienne Jessica Gazon met en scène ce dernier volet de « la trilogie des mères ». Dans le rôle de Céline, on retrouve une de nos comédiennes fétiches, Céline Peret, sous-exploitée sur nos scènes et qui pourtant fait des ravages dans les rôles où elle passe ! Elle joue cette histoire fictive inspirée de sa propre mère. Rencontre avec l’auteur et la metteuse en scène, inséparables, de Terrain vague.

Comment et pourquoi écrire sur les mères… et pas les pères ?
Thibaut Nève :
En voulant écrire sur ma mère, j’ai très vite universalisé le propos sur « nos mères ». Le père est curieusement absent, mais je m’attelle à écrire dessus. C’est le côté transgressif de la mère qui m’inspire, celui d’en faire trop, dans un débordement que je trouve très théâtral. La mère de Céline est dans ce débordement, mais on reste dans l’autofiction. L’écriture s’est faite sur les improvisations précises des comédiens. J‘y ai fixé le texte, en essayant de le « muscler » dans son rythme et son langage, avec un côté ludique plus perceptible qu’à la lecture car le texte est écrit pour la scène.

On bascule dans deux zones, la réalité et le mental. Comment mettre cela en scène ?
Jessica Gazon :
Le son - de Guillaume Istace - et la lumière - de Guillaume Fromentin - permettent de distinguer ces deux zones du spectacle. La scène est grande, la pièce, intime et la jauge, petite, pour 50 spectateurs. On a donc travaillé sur la profondeur. Vincent Bresmal a imaginé une scénographie épurée avec au loin un salon et au plus près de la scène, une chaise. Je travaille ensuite sur des choses très petites concentrant sur le jeu de l’acteur. Comment, petit pas par petit pas, Céline quitte le salon et s’installe à l’avant de la scène pour être dans le jeu de sa mère. On travaille sur la distorsion - son, lumière, voix, etc. - qui nous fait glisser de l’univers mental, intérieur, à la réalité quotidienne du couple.



Un théâtre d’atmosphère qui se joue en
« terrain vague » ?
Gazon et Nève :
La mère définit sa vie comme un terrain vague. Le titre vient de là. On ira peut-être vers le clair-obscur. On a créé l’impression d’être une caméra qui se glisserait chez les voisins. Une position de spectateur-voyeur, confortable avec les scènes du quotidien, assez ludiques, entre le couple, et un voyeurisme plus inconfortable quand Céline joue sa mère en étant très proche du public. La tension est ambivalente.

TERRAIN VAGUE
• 5 > 28/2, 20.00 (7, 21 & 28/2: 19.30), €4/6/8/10, Théâtre Marni, rue de Vergniesstraat 25, Elsene/Ixelles, 02-639.09.80, www.theatremarni.com

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