Variations de l'amour

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
02/10/2013
(© Yves Kerstius)

Dans la copieuse rentrée des scène théâtrales de la capitale, il est beaucoup question d’amour. Transgressif et hétérogène, l’amour peut être vécu comme une force libératrice qui bouscule une fête de retrouvailles familiales sur une île tropicale. Pour sa troisième création, l’amour, la guerre, Selma Alaoui propose un spectacle qui, dans un chaos joyeux et libératoire, s’inspire de Shakespeare pour un cut-up littéraire et cinématographique nourri d’un vibrant amour de la langue. Quand il est absolu, l’amour doit se forger une cuirasse pour exister. Carine, qui pousse la fidélité à son jeune mari jusqu’à l’intransigeance, ne peut que semer le désordre au cours d’un extravagant bal masqué où l’amour et le désir s’emportent dans une même valse. Portée par la langue raffinée et prosaïque de Fernand Crommelynck et mis en scène par Michael Delaunoy, La jeune fille folle de son âme tend un miroir aux visions antagonistes de l’amour qui traversent nos sociétés. Dans l’incertitude et les badinages graves de Tchekhov, l’amour se joue en triangulaires. Plongeant une troupe de jeunes acteurs dans le brouillon de Platonov, le metteur en scène Thibaut Wenger crée un spectacle ébouriffant de 4 heures. L’auteur russe y prend les accents de la Nouvelle Vague avec ce même rapport à la vie, à la fois sensible, facétieux et distancié. L’endoctrinement sectaire est une forme dévoyée de l’amour. Comment réagir quand il s’insinue au sein de la famille ? Dans Les enfants de Jéhovah, Fabrice Murgia installe comme à son habitude son univers très particulier qui résonne des échos tissés entre la voix et les corps des acteurs et les images apparaissant et disparaissant à l’écran. De l’amour, les liens familiaux ne gardent parfois que des sentiments raidis par le devoir. Quand Helen voit son frère débarquer chez elle, son t-shirt maculé de sang, sa capacité de jugement s’effondre devant l’urgence. Insidieusement, elle franchit pas à pas les garde-fous de la morale citoyenne. Avec Orphelins, mis en scène par Patrick Mincke, le Poche livre un nouveau spectacle coup de poing où l’anglais Dennis Kelly mène une réflexion sur les dérives sournoises qui emportent les certitudes morales les mieux ancrées. Derrière le masque impassible du fétiche, comment voir l’amour ? Dans nos sociétés, il est une balise qui sépare la modernité du monde sauvage. En réponse à une commande du Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren, le comédien et metteur en scène Denis Mpunga a écrit Haute Pression, une fable sur le chaos qui s’empare de la météo, des bourses et des rues après l’apparition d’un mystérieux masque dans la cour d’un ministère. La valeur que l’on donne aux objets est-elle une mesure de celle que l’on peut donner à l’humain ?

L’amour, la guerre > 5, 8 > 12/10, Théâtre Les Tanneurs, www.lestanneurs.be La jeune fille folle de son âme 8 > 26/10, RIDEAU@Théâtre Marni, www.theatremarni.com, www.rideaudebruxelles.be Platonov (ou presque) > 12/10, Théâtre Océan Nord, www.oceannord.org, Les enfants de Jéhovah 7 & 8/10, KVS, www.kvs.be Orphelins > 19/10, Théâtre de Poche, www.poche.be Haute Pression > 12/10, Théâtre Varia, www.varia.be

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