Willem Kroon: tiré des oubliettes de l’histoire

Michaël Bellon
© Agenda Magazine
13/09/2012
(© Mirjam Devriendt)

Willem Kroon, ça dit quelque chose à quelqu’un ? Même Google a à peine entendu parler de cet artiste. C’est justement pour cela que Guy Dermul et Pierre Sartenaer ont creusé son œuvre et ses racines, et par la même occasion, le fin fond de l’histoire de l’Europe au XXe siècle.

Willem Kroon était un plasticien, poète, metteur en scène, écrivain et performeur néerlandais qui a beaucoup fait parler de lui dans la deuxième moitié du siècle précédent et qui connaissait personnellement le rénovateur du théâtre Jerzy Grotowski, l’écrivain Samuel Beckett, le compositeur Gavin Bryars et les membres fondateurs de l’Arte Povera. Guy Dermul et Pierre Sartenaer nous invitent à faire sa connaissance.

Comment avez-vous découvert Willem Kroon ?
Guy Dermul :
Je le connaissais par ses poèmes, sur lesquels j’étais tombé dans Raster, une revue littéraire qui m’a fait découvrir de nombreux écrivains et philosophes dans les années 70. Sa vie et son œuvre semblaient être une mine d’or. C’est non seulement un artiste oublié, mais aussi un personnage historique.
Nous avons tapé son nom, mais l’ordinateur ne le connaît pas.
Dermul :
Avec Google, on obtient probablement l’un ou l’autre diamantaire, ou quelque chose du genre, effectivement. Malheureusement, aujourd’hui, beaucoup se basent uniquement sur cet outil. Mais si on se rend à la bibliothèque, on aura plus de chance de trouver, vous savez. Kroon est quelqu’un qui a surtout travaillé dans les années 60. À l’origine comme artiste plasticien, mais c’était aussi propre à cette période de mélanger, via la performance, les arts plastiques avec le théâtre et d’autres disciplines. Il a réalisé des traductions pour Grotowski et connaissait aussi Beckett personnellement. Mais bien sûr, ce ne sont pas seulement les grands noms qui ont fait l’histoire. Lui-même a réalisé au théâtre des choses assez extrêmes - les happenings les plus fous et les plus ludiques dont on n’a plus entendu parler par après. Le caractère éphémère de ces performances est l’une des raisons qui expliquent que son œuvre n’a pas résisté au temps.
Comment avez-vous abordé cela à deux ?
Dermul :
Nous avons écrit un texte qui se focalise sur la figure de Kroon, sur son œuvre, mais aussi sur son époque. Dans son travail, Kroon s’est aussi attaqué à une série de questions politiques. Par l’intermédiaire du spectacle de Grotowski Akropolis, il est arrivé par hasard au thème de la Shoah et il est ainsi entré en contact, à des moments réguliers, avec les événements de l’histoire de l’Europe. En plus, il a une étonnante histoire familiale qui pose en fin de compte un autre éclairage sur sa vie et qui nous ramène encore à une époque antérieure. Mais je ne peux pas encore en dire trop là-dessus... Nous interprétons aussi des extraits de son œuvre. Parce que Kroon était constamment à la recherche dans différents domaines et différents styles, nous allons essayer d’en faire un récit ludique. Kroon avait aussi une obsession pour les langues. En tant que Néerlandais de Rotterdam, il est arrivé en Pologne par amour, mais il a aussi vécu à Londres et en Italie, où il a été impliqué dans les premières années de l’Arte Povera. Partout où il allait, il apprenait la langue. Nous jouons en français - surtitré en néerlandais -, mais il y aura aussi de temps en temps un peu de néerlandais.

Guy Dermul & Pierre Sartenaer: It’s My Life and I Do What I Want • 15, 18 > 22, 25 > 29/9, 20.30, €5/7,50/10, Théâtre Les Tanneurs, Huidevettersstraat 75 rue des Tanneurs, Brussel/Bruxelles, 02-210.11.12, info@kvs.be, www.kvs.be

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