Agnès Varda : Les germes de la mémoire

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
09/03/2016
Plutôt qu’une rétrospective, Agnès Varda propose une exposition qui accumule objets et images pour célébrer la force de la vie et le parcours créatif d’une artiste atypique.

Elle a la patate, Agnès. À 87 ans la photographe, cinéaste et plasticienne revient à Ixelles, là où elle est née, pour une grande exposition qui lui ressemble. Curieuse, tendre, anecdotique et universelle. Au centre de la grande salle du musée, un étang factice miroite, traversé en son centre par un petit pont et terminé par une cabane aux canards en forme de pagode chinoise. L’installation superpose les souvenirs des étangs d’Ixelles et ceux de l’étang de son petit jardin de la rue de l’Aurore avec l’évidence un dessin d’enfant qui prendrait vie. La pièce maîtresse de l’exposition, présentée à la Biennale de Venise en 2003, avait marqué l’entrée d’Agnès Varda dans le monde de l’art contemporain avec 700 kilos de pommes de terre. Sur un écran, divisé en triptyque, des images de patates-cœur. Des trognes végétales, racornies, creusées de rides, crevassées, la peau traversée par des germes, têtes chercheuses poilues et colorées en quête de vie. Des légumes de rien qui expriment avec une totale simplicité et une grande beauté plastique le cycle de la vie.

Pour son retour sur ses terres natales, elle a ouvert les tiroirs de sa mémoire, montre les sept nains de son enfance, un album de Félix le Chat et les coupures de presse sur la reine Astrid que collectionnait sa maman. Un paravent où se mêlent un puzzle avec Les Époux Arnolfini de van Eyck, de vieilles cartes postales de la Côte et des photos de la famille Varda sur les plages de Coxyde et Blankenberge ou encore un couvre-théière découpé dans les rideaux de sa chambre.

Dans ce généreux désordre, Varda fait aussi allusion à son travail de cinéaste en s’interrogeant sur les liens entre image fixe et animée. Une séquence de 1 minute de Sans toit ni loi où Sandrine Bonnaire est poursuivie et maculée de lie de vin par des hommes végétaux dans la confusion d’un carnaval est décomposée en une dizaine de photogrammes qui semblent intensifier la violence de la scène. Au-dessus de l’escalier, une photo d’Alice, sa petite-fille, en robe blanche devant une vache, s’insère dans une image filmée, un triptyque en hommage au paisible ruminant. Entre les lointains échos du monde et le dédale de la mémoire germent d’inattendues connexions.

AGNÈS VARDA: PATATES & COMPAGNIE •••
> 29/5, Museum van Elsene/Musée d’Ixelles
www.museumvanelsene.be, www.museedixelles.be

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