Akram Zaatari: pouvoirs de la lettre

Ive Stevenheydens
© Agenda Magazine
14/03/2014

Le pavillon libanais était l’un des meilleurs de la dernière Biennale de Venise. Aujourd’hui, Lettre à un pilote qui a désobéi d’Akram Zaatari est présenté au Wiels. Il compose avec d’autres œuvres qui s’appuient sur le format de la lettre l’exposition This Day at Ten. Ce titre renvoie à This Day (Al Yaoum, « Aujourd’hui »), une vidéo d’Akram Zaatari de 2003 qui fête ses dix ans – at Ten donc. Au Wiels, ce film ouvre un parcours d’exposition assez succinct. Une section du premier étage a été transformée en une petite salle de cinéma pleine de nostalgie - ces rangées de sièges rabattables en velours rouge ! Cette œuvre, qui a été tournée en partie au Liban, en Syrie et en Jordanie, exige du temps. On vous le demande, asseyez-vous une heure et demie pour cet essai-vidéo essentiel, poignant et par moments hilarant. Zaatari y enchaîne les représentations stéréotypées des Arabes dans les médias de masse et des images du même type du Moyen-Orient déchiré par la guerre à des prises de vues personnelles d’un voyage à travers le désert. Dix ans après, cette œuvre - hélas - intemporelle reste d’un intérêt brûlant.

À côté de séries de lettres, de photos et d’autres œuvres sur papier, l’installation Lettre à un pilote qui a désobéi mobilise toute l’attention. Zaatari complète cette vidéo de longueur moyenne par un court film en 16 mm d’une école, projetée en boucle. Cette installation lumineuse hébergée dans les soubassements de l’espace d’exposition procure à la vidéo un impact dramatique accru. Zaatari part d’une histoire à moitié légendaire mais vraie d’un pilote israélien : au cours de l’été 1982, il a largué ses bombes en mer plutôt que sur une école du sud du Liban qu’il était censé pilonner. Par l’intermédiaire de son propre père, alors directeur de l’école, le petit Akram a entendu plusieurs versions de cet incroyable événement. Dans sa vidéo, l’artiste mêle d’une façon ludique mais poignante les histoires personnelles (contes, photos de famille, dessins en temps réel) avec de fortes images documentaires d’écoliers et du bâtiment rénové, des archives et des interventions empreintes de lyrisme.

La forme de la lettre court comme un fil rouge à travers l’exposition. Cette forme sous-estimée au cinéma - dans le film épistolaire classique, le cinéaste s’adresse à une seule personne ou à un destinataire imaginaire - offre également à Zaatari des possibilités créatives nombreuses et insoupçonnées. Des cinéastes comme Jean-Luc Godard, Harun Farocki ou le Belge Eric Pauwels (Lettre à Jean Rouch, Lettre d’un cinéaste à sa fille) ont déjà démontré la puissance du film-lettre. Zaatari vient s’ajouter avec brio à cette liste.

Akram Zaatari: This Day at Ten > 27/4, wo/me/We > zo/di/Su 11 > 18.00 (Nocturnes > 21.00: elke 1e en 3e woensdag van de maand/chaque 1er et 3emercredi du mois/every 1st and 3rd Wednesday of the month), €3/5/8, Wiels, avenue Van Volxemlaan 354, Vorst/Forest, 02-340.00.50, www.wiels.org

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