Au Hangar, 12 femmes photographes de chez Magnum regardent le monde

Gilles Bechet
© BRUZZ
07/09/2023

Douze femmes photographes de l’agence Magnum rassemblent leurs regards et leurs visions aux murs du Hangar. Le fil invisible qui noue leurs images ? Une capacité rare à se situer à bonne distance de leurs sujets. C’est-à-dire au plus près.

Il y a 75 ans, Robert Capa, Henri Cartier-Bresson et d’autres, fondaient l’agence photographique Magnum. Si des femmes comme Maria Eisner, étaient présentes dès l’origine, l’agence fut longtemps associée à ses grands noms masculins. Pour célébrer cet anniversaire, une exposition, Close Enough, rassemble les travaux de douze femmes photographes où l’on retrouve une volonté de rester près de leurs sujets et d’associer photographie et rencontre humaine.

Sabiha Çimen est une photographe turque autodidacte qui s’intéresse au quotidien des gens, et surtout des filles, dans le monde islamique. Depuis 2017, pour son projet Hafiz, elle voyage dans différentes villes de Turquie pour rencontrer et photographier les filles inscrites dans les écoles islamiques qu’elle a connues dans sa prime enfance. Elle voit son travail comme une enquête et un portrait du pouvoir caché de ces filles qui mettent en œuvre des petites formes de résistance pour s’ouvrir à la construction de soi, ainsi qu’une forme d’autobiographie. « J’ai surtout envie de montrer ces filles comme j’aimerais être représentée moi-même, d’une manière nuancée et pas de manière unidimensionnelle », a-t-elle déclaré.

Depuis plus de vingt ans, la photographe américaine Alessandra Sanguinetti est surtout connue pour un travail de longue haleine qui suit, année après année, Guillermina et Belinda deux cousines qui ont grandi et vivent dans une petite ville à la campagne en Argentine. Une série qui se concentre sur les rêves et l’imagination, autant que sur les paysages et leur environnement rural. « Si je savais vraiment ce que je cherchais quand je prends une photographie, je n’aurais pas besoin de le faire. je vois mon travail comme une quête constante de ce qui se trouve sous la surface. »

L’autre, c’est moi
Myriam Boulos a fait de sa cité natale Beyrouth et de ses habitant.e.s son sujet de prédilection. Elle explore sa ville et ses contradictions dans une approche documentaire mais aussi dans une recherche personnelle. Elle aborde la photo comme un moyen de se rapprocher des gens et d’explorer, de défier et de résister à la société « Quand je fais des photos, j’essaie de mettre la lumière sur des choses qui sont normalisées quand elles ne devraient pas l’être. Les extérioriser à travers la photographie, c’est un premier pas pour les dénoncer. »

La photographe belge Bieke Depoorter a toujours mis la relation avec son sujet au cœur de son travail. Ses projets photographiques naissent souvent d’une rencontre accidentelle et des interactions qui s’en développent. Peut-être parce qu’elle traite aussi d’intimité, la photographe a cherché à intégrer dans ses images une autre voix que la sienne. Que ce soit en demandant à Agata, la strip-teaseuse rencontrée à Paris d’inscrire, sur ou à côté des images qu’elle avait prise d’elle, les réflexions et émotions qu’elles éveillent. Ou en retournant en Égypte pour demander à des inconnu.e.s de noter leurs commentaires sur les photos prises au cours de précédents voyages dans le pays dans l’intérieur des maisons où elle avait été invitée.

Iets gezien in de stad? Meld het aan onze redactie

Site by wieni