Bruxelles, ma bulle : la capitale en cases

Roel Daenen
© Agenda Magazine
19/09/2014
(© Elric Dufau)

Il y a 25 ans, le monde de la bande dessinée était en ébullition. Le 6 octobre 1989, le roi Baudouin, devant une foule de journalistes et la fine fleur des auteurs de B.D. belges, inaugurait le Centre Belge de la Bande Dessinée dans l’ancien magasin de tissus Waucquez, à la rue des Sables. L’exposition Bruxelles, ma Bulle est l’un des grands rendez-vous du programme célébrant cet anniversaire.

Il ne faut pas sous-estimer ce que représente le Centre Belge de la Bande Dessinée - pour les auteurs, pour le patrimoine du 9e art et pour le rayonnement de Bruxelles et de la Belgique. Il y a donc bien matière à faire la fête, avec tout un éventail d’activités, dont l’expo Bruxelles, ma Bulle. Regarder l’avenir en étant attentif au passé, ce pourrait être une bonne devise pour Jean Auquier, directeur général du CBBD et commissaire de cette exposition. « La première question, c’est pourquoi nous présentons cette exposition », dit-il d’entrée de jeu. « Bien entendu, Bruxelles est une ville merveilleuse, avec de nombreuses facettes. Mais la raison la plus importante vient du fait que nous fêtons cette année notre 25e anniversaire. Lors de ces 25 années, la ville a énormément évolué, tout comme le médium de la bande dessinée lui-même. En 1989, on ne connaissait presque pas le manga en Europe et le roman graphique n’existait pas encore en Belgique. La manière de raconter, de dessiner et de lire a donc fortement évolué. Vu que nous sommes établis à Bruxelles et que la Région de Bruxelles Capitale existe elle aussi depuis 25 ans cette année, nous avons réfléchi à un projet.
(© Jean Graton)

Comment Bruxelles a été et est représentée ? Par exemple, on voit dans un album du pilote de course Michel Vaillant des bolides rouler plein gaz sur la Grand-Place. Dans une autre série, on voit Ric Hochet marcher dans les rues du centre ville. Au départ, Bruxelles fonctionnait donc surtout comme un décor. Mais petit à petit, on peut voir une évolution dans la manière dont la ville est représentée. Au fur et à mesure, elle prend la place d’un vrai personnage, et ça c’est la grande nouveauté. L’album qui pour moi résume le mieux cela, c’est La Nuit du Chat de Frank Pé. La seule action, c’est un personnage qui poursuit son chat pendant toute une nuit. Et en cours de route, il rencontre toutes sortes de personnages ».
(© Elric Dufau)

Comment expliquez-vous le fait que de nombreux auteurs ont été inspirés par la capitale ?
Jean Auquier : Ce n’est pas seulement le cadre, je pense. Il s’agit plutôt de gens qui font la ville ensemble. Les récits étaient aussi menés autrement avant. Si je fais un rapide détour par le passé, on voit une évolution comparable. Tout comme au cinéma, on avait au début des héros d’une seule pièce. De vrais héros, qui ne doutaient pas et qui n’avaient jamais peur. À partir des années 60, on a vu les héros tendre de plus en plus vers l’humain, des personnages de chair et de sang. À partir des années 80, on a des héros qui sont presque « normaux », souvent avec des histoires où il ne se passe presque rien, mais où l’on peut observer toutes les émotions et les pensées. Eh bien, quand les étudiants en bande dessinée de Sint-Lukas ont sorti ensemble un album il y a quelques années - c’était notamment l’année de Judith Vanistendael - à qui se sont-ils intéressés ? Aux dames qui attendent leurs clients dans les vitrines du quartier Nord : les prostituées ! Il aurait été facile d’en faire une histoire vulgaire, mais justement, ce n’est pas ce qu’ils ont fait. Ce sont des gens en chair et en os qui sont représentés.
(© Serge Carrère)

Et c’est donc là tout le concept de cette exposition : comment les auteurs voient-ils Bruxelles, d’une manière réaliste. En d’autres termes : nous avons volontairement évité les auteurs qui utilisent la ville simplement comme un décor. Nous avons réuni une très belle sélection d’œuvres originales, de tout un tas d’histoires, souvent pas encore publiées en albums. La ville constitue souvent un point d’arrivée, mais c’est aussi souvent un lieu où tout commence. Nous montrons par exemple le travail de Jean-Claude Servais, qui sort en octobre un nouvel album sur la route du pèlerinage vers Compostelle. Il le fait démarrer à Bruxelles, aux coquilles de bronze qui se trouvent sur le trottoir devant l’Hôtel de Ville. Nous présentons ces magnifiques planches originales dans l’exposition. Servais parvient à présenter la grande ville comme un village. Un autre auteur qui a dépeint les habitants et la ville avec beaucoup de sagacité et d’humour, c’est bien sûr Marc Sleen. Néron voit le moindre petit détail et souvent, cela tourne en un humour caricatural. Mais en même temps, c’est aussi la marque de fabrique de Sleen. Cependant, à mon avis, Sleen est l’un des premiers à avoir prêté attention aux habitants de la ville.

BEELDIG BRUSSEL/BRUXELLES, MA BULLE • 23/9 > 1/3, di/ma/Tu > zo/di/Su 10 > 18.00, €3 > 8, Belgisch Stripmuseum/Centre Belge de la Bande Dessinée, Zandstraat 20 rue des Sables, Brussel/Bruxelles, 02-219.19.80, www.stripmuseum.be, www.cbbd.be

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