Ce serait bien si vous ne veniez pas

Sam Steverlynck
© Agenda Magazine
20/06/2013
(© Christopher Gilmour)

Rossicontemporary met en quelque sorte les petits plats dans les grands en ouvrant trois expositions en même temps. Le travail de Christopher Gilmour est grandiose, il fait de la sculpture, et ceci, non avec du bronze, du marbre ou de la céramique, mais avec du carton. Ses sculptures attestent d’un souci extraordinaire pour le détail. A côté d’objets usuels tels qu’un congélateur ou une scie sauteuse, il façonne principalement des sculptures religieuses. Son travail repose donc souvent sur une tension entre le sacré et le banal. C’est ainsi qu’il réalise des sculptures de saints se dressant dans des niches ou sur des arcs brisés, et exécutées avec une précision épatante. La pomme qu’Adam tient dans sa main est réalisée à partir d’emballages de capotes Durex.
(© Sarah Van Marcke)

Sarah Van Marcke emprunte elle aussi des voies et sentiers religieux. Elle est tombée sous la fascination du moine/architecte Hans Van der Laan et montre une série de photos et vidéos réalisées dans des couvents que ce dernier a conçus. Elle part souvent de portraits existants de Van der Laan, qu’elle copie en leur insufflant une présence irréelle. Un matelas semble flotter dans les airs. Dans une autre vidéo, ce sont les pages d’un livre sur un lutrin qui semblent se tourner d’elles-mêmes. Une paire de mains semblent comme surgir d’un fauteuil. Ce sont des photos et des vidéos toutes en précision minutieuse qui flairent le mystère ou consignent de petits miracles.
(© Gerard Herman)

Après tout ce sacré, Gerard Herman nous ramène les pieds bien sur terre. Herman est cet artiste qui a pourvu le Beursschouwburg d’inscriptions telles que « geringe opkomst/mager applaus » (c.a.d. « affluence limitée/maigres applaudissements »). C’est un artiste touche-à-tout qui est avant tout connu pour ses dessins à la plume à l’encre noire et ses publications qui attestent d’un humour noir et froid. Sur l’invitation à l’exposition, on peut lire « Het zou leuk zijn mocht je niet komen » (c.a.d. « Ce serait bien si vous ne veniez pas »). A côté d’un dessin de fleur, il écrit la phrase suivante : « La plante qui parle. Entourée de débiles ». Un art absurde, drôle et désarmant.

Christopher Gilmour, Sarah Van Marcke, Gerard Herman > 31/8, do/je/Th > vr/ve/Fr 13 > 17.00, za/sa/Sa 12 > 18.00, Rossicontemporary, Rivoli Building, ground floor #17, chaussée de Waterloosesteenweg 690, Ukkel/Uccle, www.rossicontemporary.be

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