Chéri Samba : la ligne claire congolaise

Mais où donc était l’œuvre que Chéri Samba avait réalisée sur Matonge ? La bâche a longtemps orné une façade de la Porte de Namur avant de disparaître soudainement pendant plusieurs années puis de réapparaître près de son emplacement initial. La toile représente l’animation joyeuse dans le quartier populaire africain à Ixelles. Des gens qui lézardent au soleil, un homme qui se fait couper les cheveux au milieu de la rue… un sympathique chaos dont Matongue peut se faire gloire. Les amateurs de cette œuvre se rendront chez Pascal Polar, qui présente une exposition rassemblant une vingtaine de peintures de Samba. Dans cette expo figure aussi la « version originelle » de l’œuvre en question. Elle se déroule elle aussi sur un carrefour animé de Matonge, mais cette fois dans le Matonge de Kinshasa. Samba a travaillé pendant tout un temps comme créateur d’affiches publicitaires dans la capitale congolaise. Il a continué à manier son langage graphique qui a pour vocation une communication directe. Les images sont accompagnées par des fragments de textes, parfois en lingala, parfois en français et dans une moindre mesure, en anglais. Par leur ligne claire et leurs textes, ses peintures rappellent la bande dessinée. Ce style caractéristique lui a d’ailleurs bien réussi : Samba est l’un des artistes les mieux payés du continent africain. C’est à cela qu’il fait référence dans Je suis le même mais je ne suis plus le même. Dans ce tableau, l’artiste se représente lui-même deux fois sur un tas de billets de banque. Samba n’a sans doute plus à se plaindre au niveau financier, mais ce n’est malheureusement pas le cas de ses compatriotes. Comme une sorte de figure paternelle, il aborde dans son œuvre différents thèmes de société qui vont de la déforestation au pillage et à la corruption. On dirait presque qu’il veut éduquer son peuple. Le passé colonial revient évidemment plusieurs fois, comme dans cette représentation poignante d’un groupe d’esclaves congolais. Le tableau où l’artiste se représente avec devant lui une série de statuettes africaines est très réussi. Il porte le titre très approprié d’Hommage aux anciens créateurs. Ou comment un maître contemporain peut saluer ses prédécesseurs.

CHÉRI SAMBA: QUEL AVENIR POUR NOTRE ART ? > 9/11, di/ma/ Tu > za/sa/Sa 14 > 19.00, gratis/gratuit/free, Galerie Pascal Polar, chaussée de Charleroisesteenweg 108, Sint-Gillis/Saint-Gilles, 02-537.81.36, www.pascalpolar.be