Dans l'antre d'artistes : Olivier Goka

Estelle Spoto
© Agenda Magazine
18/01/2013
En 2009, les Krautwaschl, une famille autrichienne frappée par les tas de déchets croisés lors de vacances en Croatie, s’est lancé un défi apparemment simple : vivre pendant un mois sans plastique. Il s’est vite avéré que si des alternatives pouvaient être trouvées pour certains objets, le plastique fait aujourd’hui tellement partie de notre quotidien qu’il est bien compliqué de s’en passer. « Le plastique c’est fantastique » chantait Elmer Food Beat, mais le plastique, non biodégradable et actuellement très peu recyclé, est aussi un fameux problème pour l’environnement.

L’atelier d’Olivier Goka, situé à quelques encablures de la Gare du Midi, est rempli de plastique. Du plastique qu’il trouve, récupère ou reçoit par l’intermédiaire de son Recycle Club (une trentaine de membres actuellement), rangé soigneusement par couleur et par forme dans des cartons. « J’utilise uniquement des déchets, je n’achète pas d’objets. Et quand je tombe sur des jouets qui sont encore utilisables, je les réintroduis dans le circuit », explique-t-il. Sous ses mains, bouchons de tubes de dentifrice, vieux percolateurs et anciens joysticks renaissent sous formes d’animaux, de robots ou de bonshommes affichant généralement un sourire communicatif. On a pu en voir certains dans un fascicule pour les élections communales de Bruxelles, sur les affiches de La Fête de la Musique, illustrant le concours Ethical Awards du journal britannique The Observer ou un calendrier de Pepsi Japon.
Tout a débuté il y a une dizaine d’années, alors qu’Olivier Goka, formé en illustration à Saint-Luc puis au cinéma d’animation à La Cambre, travaillait comme animateur sur Les Triplettes de Belleville de Sylvain Chaumet. « J’ai commencé à récolter des objets. Le soir, après le boulot, j’assemblais des personnages. J’ai finalement quitté l’animation pour développer mon propre projet. C’est un travail de forme, je ne cherche pas, je fais avec ce que j’ai, sans modifier la couleur ». Là où le commun des mortels ne voit qu’un moule pour pâtés de sable, lui perçoit une tête de sphinx. Vu dans l’autre sens, le manche d’une petite perceuse pour enfant se transforme en toucan. « C’est juste une certaine manière de regarder. On voit tous des choses dans les objets, on voit tous des formes dans les nuages ».
Olivier Goka s’est au départ intéressé au plastique pour « ses couleurs incroyables », mais une autre partie de son travail s’effectue essentiellement en noir et blanc : La collection Vonpischmeyer, 45 sculptures et masques africains soi-disant ramenés jadis du Congo par un certain Léopold Vonpischmeyer (1872-1912), dont un portrait avec casque colonial trône dans un coin de l’atelier (toute ressemblance avec Olivier Goka lui-même serait purement fortuite). « Au lieu de récupérer du caoutchouc, il préférait collectionner les sculptures. Il s’est fait virer et il est revenu en Europe ». Dans cette vraie-fausse collection, l’intérêt de Goka pour l’art brut et les arts primitifs rencontre parfaitement les contraintes des objets en plastique récupérés dont il ne peut modifier la forme élémentaire : « dans la sculpture africaine, les volumes sont simplifiés. C’est d’ailleurs ce qui a intéressé les cubistes ».
Par leur caractère luisant reconnaissable comme celui du plastique, les sculptures et les masques de la collection Vonpischmeyer trahissent « en live » leur matériau typiquement moderne. Mais grâce à l’intervention de Bernard Babette, photographe officiel de toutes les créations d’Oliver Goka, ils prennent une aura supplémentaire et se confondent de manière troublante avec l’art africain authentique.
Ludique, l’univers de Goka l’est certainement. Volontairement écolo ? « Je dessine aussi pour Spirou la série humoristique Antarctique Nord, un strip avec des pingouins et un ours qui se passe sur la banquise. Une partie des idées est liée au réchauffement climatique. Ce n’est pas un hasard ». Ce soir-là, Arte diffusait un documentaire intitulé Le plastique: menace sur les océans...

Commune
 : Anderlecht
À voir prochainement près de Bruxelles : La collection Vonpischmeyer, 28/3 > 31/8, Musée royal de l’Afrique Centrale, www.africamuseum.be
Expositions récentes : Jubilations héroïques (expo collective), 10/11/2011 > 29/1/2012, Centre Wallonie-Bruxelles (Paris), La collection Vonpischmeyer, 7/9 > 20/10/2012, Galerie Anversville (Anvers)
Info : www.sparadraps.net (agent bruxellois), www.costume3pieces.com (agent parisien), www.flickr.com/photos/oliviergoka

Photos
© Heleen Rodiers

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