Des photos qui respirent

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
17/02/2016
(© Bernard Plossu, San Fransisco 1966, courtesy of the artist & box galerie)

Le prolifique photographe voyageur Bernard Plossu revient avec une sélection de tirages en couleur tout en atmosphère et en suspension. Un regard apaisé sur le monde.

Les images ont été prises au Mexique, en Californie et même à Ostende entre les années 1960 et 2000. Il se dégage une étonnante cohérence des photos de Bernard Plossu, difficile de dater ces moments suspendus. Photographe voyageur, le Français n’aime pas l’idée de reportage, il aime dire qu’il ne prend pas des photos mais que les photos le prennent. Un des intérêts de cette exposition est de présenter des photos en couleur reproduites par tirage Fresson, un procédé artisanal au charbon direct avec des pigments minéraux stables. Le résultat, tiré sur un papier mat, donne un grain particulier d’une grande netteté atmosphérique, finalement très proche de la douceur des photos en noir et blanc de Plossu. Cela donne aux couleurs une intensité lumineuse que le photographe capture avec la nonchalance et la précision d’un vrai badaud. Sur une terrasse, un drap rose illumine la grisaille environnante. Dans une foule vue de dos, un chapeau bleu électrise la virilité d’un ranchero. Sur une photo intitulée Chez moi, prise à Taos au Nouveau Mexique, le jaune des boîtes de pellicule se détache comme les reliefs d’un frugal repas sur une petite assiette. Il n’est pas vraiment question d’actions dans ces images même si on y voit des personnages, mais plutôt d’un temps ralenti qui nous ramène à l’essence des choses. Nulle nostalgie ou regard en arrière dans ces photos même si l’on y voit plus d’une fois un rétroviseur de voiture qui retient une image en train de s’éloigner. Les quelques vues d’Ostende n’avaient jamais été montrées ni publiées auparavant. Au détour d’une promenade avec un ami, son œil poétique saisit l’enfilade de l’Hôtel des Thermes, l’entrée d’un immeuble ou la jetée. La Reine des Plages cousine désormais avec le Mexique. Bernard Plossu a toujours eu un problème avec l’étiquette de photographe du flou qu’on lui accole. S’il faut lui trouver autre chose, ne serait-ce pas des photos qui respirent ? Doucement, au ralenti certes, mais c’est la respiration vibrante du vivant qui anime ces images-là.

BERNARD PLOSSU: LES COULEURS DE LA VIE ••••
> 12/3, Box Galerie, www.boxgalerie.be

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