Distant Proximity: apocalypse now

Estelle Spoto
© Agenda Magazine
19/03/2014

(© Nicolas Moulin - Courtesy of the artist and Galerie Chez Valentin, Paris)

Ne vous laissez surtout pas décourager par son titre un peu austère en forme d’oxymore ni par son fondement philosophique (essentiellement, la phénoménologie de la perception de Maurice Merleau-Ponty : il n’y a pas de réalité objective, la perception est toujours ancrée dans une subjectivité) : Distant Proximity est une exposition accessible, et aussi cohérente que troublante.
(© Michel Mazzoni - Courtesy of the artist & collection privé)

Le parcours concocté par Carine Fol, directrice artistique de la Centrale, commence par un sas obscur, une petite salle de projection où l’on pénètre après avoir chaussé des lunettes pour films en 3D. L’installation Not Eye de l’Australienne Lauren Moffatt confronte le visiteur à une femme qui, se sentant sans cesse agressée par les regards extérieurs, qu’ils soient humains ou mécaniques, a décidé de se construire un casque de protection : un masque de soudure transformé, reposant dans une alcôve en face de l’écran de projection, qui la dissimule et lui fait voir le monde à travers des caméras. Une partie de la vidéo a été tournée à Lille, dans des rames de métro qui fonctionnent désormais sans chauffeur, de façon automatisée. L’installation est un concentré des thèmes et fils rouges qui courent à travers l’exposition : en noir et blanc (la couleur n’arrive pratiquement que dans la dernière salle), les réseaux (ceux des transports en commun, ceux des autoroutes), le monde déshumanisé et la manière dont notre environnement immédiat et quotidien peut parfois nous sembler étranger voire hostile.
(Courtesy of the artist & Le Fresnoy © Lauren Moffat)

Une atmosphère de fin du monde se dégage des photographies de Nicolas Moulin, villes mi-réalistes mi-futuristes ponctuées d’immeubles immenses mais dépeuplées, de l’imposante installation du Belge Peter Buggenhout, assemblage de débris divers couvert de poussière qui évoque aussi bien l’écroulement des Twin Towers que l’ensevelissement de Pompéi, des architectures abandonnées immortalisées par Michel Mazzoni ou encore de la maison d’enfance de Valérie Sonnier, envahie par la végétation et hantée, que l’artiste a filmée et dessinée tantôt avec un élan romantique à la Caspar David Friedrich tantôt avec une minutie qui frôle la prouesse technique. En final, le duo bruxellois Wilmes & Mascaux interroge la survivance à travers une installation multimédia où l’humain, bien qu’oppressé, retrouve une petite place et où le feu, destructeur, est aussi celui de la révolte et de l’espoir de changement. Fort !

DISTANT PROXIMITY > 8/6, di/ma/Tu > zo/di/Su 10.30 > 18.00, €2,50/4/5, Centrale for contemporary art, Sint-Katelijneplein 44 place Sainte-Catherine, Brussel/Bruxelles, 02-279.64.35, www.centrale-art.be

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