Quand le photographe Rachid Ouettassi, né en 1969, pense au Tanger de son enfance, c'est le cœur empli d'une profonde nostalgie. " Je me souviens du train qui remontait jusqu'au port, des baraques bleues et blanches qui bordaient la mer, des palmiers imposants de la corniche, des taxis et des cinémas Goya et Roxy ". Dans les années 60, le charme et le mystère de cette ville portuaire marocaine que seul un détroit sépare de l'Occident, exerçaient un pouvoir d'attraction sur le monde extérieur. Les écrivains de la Beat Generation tels que Kerouac, Burroughs et Ginsberg ont cherché à s'y perdre pour mieux y trouver l'inspiration.

" À Tanger, on parlait l'arabe dialectal, le berbère, le français, mais aussi l'espagnol, l'anglais et même l'allemand. Un florilège de nationalités et de religions différentes cohabitaient dans ce même espace ", se souvient Rachid Ouettassi. Que reste-t-il aujourd'hui de ce havre cosmopolite ? " Les caractères de la ville que l'on retrouvait autrefois ont pratiquement disparu, remplacés par les attributs d'une métropole industrielle, sans saveur, sans âme et sans histoire ". Cela fait plus de dix ans que le photographe tangérois autodidacte immortalise avec son appareil argentique le quotidien de sa ville natale. Des clichés en noir et blanc qui mettent l'humain au centre du propos et dont les cadrages, classiques, rappellent Cartier-Bresson.

Plutôt que de rechercher les dernières traces d'un passé glorieux, Rachid Ouettassi préfère montrer les mutations profondes qui ont accompagné l'industrialisation de sa ville. " Je ne me considère pas comme un archiviste mais comme un témoin ". Guidé par une approche qu'il qualifie d'" instinctive ", Ouettassi livre avec Tanger Mutations un reportage social. " Presque humanitaire ", ajoute-t-il. " Les habitants se sentent perdus au milieu des grues et du béton. Leurs repères ont été rasés. Mais certains n'abandonnent pas et luttent pour leur ville, pour le maintien de sa mémoire. J'aime penser que je suis de ceux-là, mais mon seul outil reste mon regard, prolongé par l'objectif de mon appareil photo ".

RACHID OUETTASSI : TANGER MUTATIONS
18/5 > 15/6, Espace Magh

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