Review
Score: 3 op 5

Exposition: les visages en feu de l'artiste franco-rwandais Mucyo

Gilles Bechet
01/09/2020

Pour sa première exposition bruxelloise, l’artiste franco-rwandais Mucyo présente Faces, une série d’intenses portraits sur tissu, fruits d’une technique à base d’eau de javel très particulière.

Dans la langue kinyarwanda Mucyo signifie lumière. Étrange prédiction pour un artiste qui dessine la lumière sur des pièces de tissu teintes dans des couleurs foncées. Les visages qui ont donné son nom à sa première exposition bruxelloise sont ceux de Nina Simone, Aimé Césaire, James Baldwin ou George Floyd. Des portraits comme des étendards suspendus dans une vaste salle au passé industriel nichée dans le dédale du site de Studio City Gate dans le quartier de la Petite Île à Anderlecht. Les visages semblent éclaboussés de lumière, parfois une explosion embrase les chevelures. Une violence gestuelle qui est de l’ordre du feu d’artifice.

Derrière ces images incandescentes, une technique très particulière de blanchiment à base d’eau de javel qui mord le tissu foncé comme le ciseau d’un graveur. Tout a commencé d’un accident et d’un gobelet d’eau de javel versé sur un tas de vêtements après une nuit de fête. Dans une des taches qui s’étaient formées sur un t-shirt, Mucyo voit comme un regard. À l’aide d’une brosse à dents, d’un bidon de javel et d’un stock de t-shirts, il a commencé à développer et expérimenter sa technique pendant plusieurs années.

Aujourd’hui, ses compositions allient maîtrise et laisser-faire. Chaque pièce est unique. Tout peut changer en fonction du temps, de la concentration en eau de javel et de la lumière.
Pour le spectateur, cette série de portraits, réalisée en partie en résidence à Bruxelles, résonne inévitablement avec les échos des manifestations de Black Lives Matter. Si Mucyo a choisi des artistes et intellectuels, des acteurs du changement comme il les appelle, il y a aussi des anonymes, son frère, ou des photos trouvées sur internet qui l’on séduit par l’intensité d’un regard ou la force d’un port de tête.

S’il se revendique militant autant qu’artiste, Mucyo préfère ne pas trop en dire sur son sujet, faisant confiance au spectateur et à la relation qui peut se nouer quand on se promène entre ces tissus qui flottent doucement, où le visage apparaît de part et d’autre comme une révélation rappelant le procédé photographique.

L’art pour tous
Il aimerait présenter son travail au contact direct d’un public le plus large possible, à l’entrée d’une station de métro ou aux grilles d’un parc. À plus long terme, il rêverait d’aller dans un village reculé au Rwanda pour suspendre ses toiles aux arbres et discuter de ses images avec des villageois qui n’ont jamais mis les pieds dans une galerie ou dans un musée.

La démocratisation de l’art est un des objectifs que s’est donné Anne Wetsi Mpoma en lançant sa galerie. Pour cette historienne de l’art et curatrice indépendante, son espace doit servir de caisse de résonance aux artistes afro-descendants en manque de visibilité. Elle veut y créer les conditions pour des rencontres entre des artistes, un public et des futurs collectionneurs.« Je suis convaincue qu’il ne faut pas être riche ou né dans un milieu favorisé pour s’intéresser à l’art. L’art peut être une force symbolique qui a un pouvoir émancipateur quand on vit une période de transition politique et identitaire. »

> 30/9, Wetsi Art Gallery, www.wetsi.gallery

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